[Leptospirose] Shameem Jaumdally dénonce le manque de mesures de prévention adéquates

Le pays fait face à une augmentation du nombre de cas de leptospirose, avec cinq décès liés à cette maladie enregistrés à Maurice. Selon le ministère de la Santé, tous les patients décédés présentaient des comorbidités. Depuis le 11 janvier, 28 cas de cette maladie bactérienne ont été signalés, suscitant une inquiétude croissante parmi les Mauriciens. Le député du PTr, Farhad Aumeer, a récemment soulevé cette question au Parlement, demandant instamment la mise en place d’un programme de dératisation dans les zones à haut risque, telles que les gares d’autobus, les infrastructures publiques, les hôpitaux et les points de vente de produits alimentaires dans les centres commerciaux.

En réponse, le ministre de la Santé, Kailesh Jagutpal, a dressé un historique de la maladie et a confirmé les 28 cas positifs enregistrés. Les symptômes incluent fièvre, rigidité, myalgies, céphalées, nausées, vomissements, diarrhée, toux non productive, arthralgies, douleurs osseuses, maux de gorge et éruptions cutanées, pouvant être confondus avec d’autres maladies. Il a souligné l’existence d’une unité de lutte contre les rongeurs relevant du département de la Santé publique et de la Sécurité alimentaire, chargée du programme de dératisation pour tous les établissements de santé publique, notamment les hôpitaux, les cliniques médicales, les centres de santé régionaux et communautaires. Selon le ministre, les activités de lutte comprennent l’appâtage avec des rodenticides à l’extérieur des bâtiments, l’utilisation de colle à rats à l’intérieur, et l’élimination des rongeurs morts.

Cependant, Kailesh Jagutpal a esquivé la question concernant les activités de contrôle dans les gares routières et les points de vente d’aliments dans les centres commerciaux, affirmant que son ministère n’en est pas responsable. En ce qui concerne la gestion de la leptospirose à l’hôpital, il a affirmé qu’il existe des directives cliniques claires sur la gestion de la maladie, qui ont déjà été communiquées à tous les agents de santé travaillant dans les différentes régions.

Le virologue mauricien exerçant en Afrique du Sud, Shameem Jaumdally, déclare que la situation actuelle est préoccupante. Selon lui, le nombre de décès liés à la leptospirose a augmenté, ce qui laisse supposer que le nombre de cas dans la communauté a également augmenté. Il explique que la leptospirose est une maladie bactérienne potentiellement grave, transmise par les rongeurs, en particulier les rats. Les bactéries responsables de la maladie sont excrétées dans l’urine des rongeurs et peuvent contaminer l’eau et le sol. Les humains peuvent contracter la maladie en entrant en contact avec de l’eau ou de la boue contaminées par de l’urine infectée, notamment par le biais de coupures sur la peau. Il avertit que plus le temps passe, plus le risque d’augmentation du nombre de cas est grand, et appelle donc à une plus grande rigueur et à une plus grande efficacité en matière de prévention.

Le Dr Jaumdally attribue l’augmentation du nombre de cas à un laisser-aller au niveau de l’entretien des infrastructures publiques. En ce qui concerne les décès, il est catégorique sur ce point : affirmer qu’ils sont dus à des comorbidités, c’est comme si on disait que si une personne a une comorbidité ce n’est pas un problème et c’est normal qu’elle soit décédée de la leptospirose. « C’est aberrant d’avoir une pensée pareille. Ce n’est pas juste de résumé la situation à cela », dit-il.

Le virologue estime qu’il est important de savoir qui sont les personnes qui ont été infectées par la leptospirose : s’agit-il d’ouvriers, de personnes qui nettoient les rues, ou habitent-elles dans des endroits à risque ou dans des maisons en mauvais état ? « Il est ensuite nécessaire d’évaluer les risques et de mettre en place un système pour les réduire ou les éliminer. Il est également important de mener une campagne de sensibilisation et de communication bien établie pour mieux prévenir la population », explique-t-il. En ce qui concerne les mesures de prévention, le Dr Shameem Jaumdally préconise une éducation accrue de la population sur la maladie et la nécessité d’éviter la prolifération des rats. Il encourage également la vigilance individuelle, recommandant d’éviter tout contact avec de l’eau stagnante ou boueuse, de porter des équipements de protection dans les zones à risque, et de consulter rapidement un médecin en cas de symptômes.

Concernant l’hygiène dans les hôpitaux, il souligne les révélations alarmantes du rapport de l’Audit sur le stockage des médicaments dans des conditions déplorables, mettant en lumière la nécessité pour les autorités de prendre des mesures immédiates pour assurer des conditions sanitaires adéquates. En conclusion, la lutte contre la leptospirose nécessite une approche multidimensionnelle, combinant des mesures de contrôle des rongeurs, une sensibilisation accrue de la population et une amélioration des pratiques d’hygiène dans les établissements de santé.