Les deux femmes, Shazia Oozeerally-Jaffar, 33 ans, et Adiilah Oozeerally-Salaroo, 42 ans, menaient une vie normale jusqu’à la semaine dernière. En effet, elles ont été accusées par Abdool Rahim Hussein d’être les présumées cerveaux d’un réseau de trafic de cocaïne. Les deux sœurs, gérantes de leurs propres salon de beauté à Port-Louis, ont été appréhendées après la supposée saisie de 8 kg de cocaïne à leur domicile, le lundi 11 septembre dernier. Après avoir passé 12 jours en cellule, les deux protagonistes ont été relâchées, non sans avoir fourni une caution de Rs 50 000 chacune.
Agée de 33 ans, Shazia Oozeerally nous raconte qu’elle a subi un traumatisme lors de leur arrestation. « Je ne pensais pas passer par une situation pareille un jour, je suis sous le choc. C’est un cauchemar. Nous avons été arrêtées pour une affaire à laquelle dans ne sommes même pas impliquées. Ce n’est pas une chose facile à digérer », lâche cette mère de deux enfants, visiblement affectée. « Banla in prend nou in met nou dans ene laguerre cot nou pena oken zarme nous pas koner ki pou faire c’est dans sa situation la ki nou pe passer la. Nous la loi c’est ene la loi pourriture acause sa nous inn accepter pour perdi 12 jours de nous lavi acause ene zafer banale kumsa », s’insurge-t-elle.
La trentenaire ajoute que c’est révoltant, et qu’en ce qui concerne les membres de la famille, ils ont également été affectés. Elle affirme qu’il y a eu beaucoup de fausses informations qui ont circulé, et que sa sœur et elle ont été harcelées et victimes d’intimidation sur les réseaux sociaux et dans leur entourage. « Tant de faussetés ont été dites à notre sujet, cela nous a causé tant de préjudices », déplore-elle.
« Lorsque les gens parlent, ce sont nos familles qui sont blessées. Il faut dire que la famille a été très affectée par nos arrestations. Nous ne sommes pas que des filles, mais aussi des piliers pour nos familles. Nous travaillons pour subvenir aux besoins de nos proches. Alors, si les piliers de la famille ne sont pas présents, la famille devient vulnérable. Maintenant, pour une mère de deux filles de se retrouver en cellule, vous comprenez la situation. Imaginez que nous travaillons comme n’importe qui d’autre pour subvenir aux besoins de la famille, et maintenant nous devons trouver de l’argent pour payer des avocats. Comment allons-nous faire ? » se demande-t-elle.
« Douze jours en cellule, et nous étions déjà en état de choc. Nous n’avons pas subi d’injustices de la police comme dans d’autres cas connus. Nous étions placées dans une cellule propre. La police a été très compréhensive envers nous. Nous avons prié dans les moments difficiles pendant ces 12 jours. Certes, c’était une épreuve difficile, mais notre créateur l’a rendue plus facile, et nous ne savons même pas comment ces 12 jours se sont écoulés », explique Fazia.
« Si dans sa moment la nous pa tiena kass pou paye nous caution be ki nous fair nous rest endan meme ? », s’interroge-t-elle. La jeune femme estime que le système est corrompu. « La police doit faire son travail correctement. On ne peut pas croire n’importe qui et arrêter des personnes innocentes. Il faut mener des enquêtes approfondies avant d’arrêter quelqu’un, car une telle situation ternit la réputation, c’est inacceptable », conclut-elle.
Quant à Adiilah Oozeerally, âgée de 42 ans, elle est tout autant traumatisée que sa sœur cadette. La veille de son arrestation, elle déclare avoir travaillé de longues journées, si épuisantes qu’elle a dû prendre des somnifères pour se reposer le jour où elle a été arrêtée. « Zot in fouille partout comme si nous ene ban drug dealer », dit-elle. « Mes enfants ont également été traumatisés. Même aujourd’hui, ils sont toujours sous le choc », ajoute-elle.
En ce qui concerne sa réputation, elle a été ternie. Selon elle, les policiers ont causé des dégâts dans sa maison. «Zot in faire ene degat total cot moi.. ki inacceptable pour moi… cela m’a causé énormément de problèmes alors qu’il n’y avait rien d’incriminant chez nous. Si je voulais vraiment cacher quelque chose, je n’aurais pas remis mon téléphone portable pour des vérifications », affirme la quadragénaire. « Toute ma famille a été traumatisée, que ce soit mon époux ou mes enfants. Cette situation a perturbé ma vie de couple. Ma vie n’est plus la même qu’avant ! », s’exclame-t-elle. Bien que les deux sœurs aient été libérées, elles estiment que leur réputation a été gravement ternie auprès de leurs clients et de leur entourage.
Adiilah ajoute que son époux, qui travaille à l’UoM, a été persécuté par ses collègues et a dû faire face à toutes sortes de rumeurs, alors qu’ils n’ont rien à se reprocher. « Mo lavi in gaché et mo ban zenfants in subir ban tortures. Ce n’est pas facile de se relever, surtout dans ma vie de couple. Je n’aurais jamais pensé traverser une telle épreuve », explique-t-elle. Elle n’a plus les mots pour décrire la phase par laquelle elle est en train de passer en ce moment.
Les sœurs ne comptent pas rester les bras croisés. Elles vont engager des poursuites pour diffamation contre plusieurs groupes de personnes qui ont terni leur image. Une motion pour l’abandon des charges a été déposée devant la cour de justice et sera examinée le 5 octobre 2023.