Limite de 10 personnes Les religieux :« Le virus se transmet-il davantage dans les lieux de culte qu’ailleurs ? »

La décision de n’autoriser que 10 personnes dans les lieux de culte alors que 50 personnes sont autorisées dans les rassemblements comme les mariages ou les funérailles apparaît de plus en plus irrationnelle et sans fondement, selon des chefs religieux.

Des nouvelles mesures sanitaires étaient entrées en vigueur à partir du vendredi 12 novembre 2021, annoncées à la population par le Premier ministre en personne, Pravind Jugnauth. Parmi ces mesures, il ne pouvait y avoir plus de 50 personnes dans les rassemblements (publics et privés) et les funérailles. Par contre, les lieux de cultes ne peuvent accueillir qu’un maximum de 10 personnes, et cela dans le respect des gestes barrières. Or, ces restrictions sanitaires ont été prolongées jusqu’au 31 mars 2022.

De nombreuses personnes, y compris les religieux des différentes communautés, se posent la question pourquoi les rassemblements de 50 personnes sont autorisés, tandis que les lieux de culte ne peuvent, eux, accueillir qu’un maximum de 10 personnes ? C’est là une contradiction que dénoncent bon nombre de responsables religieux. Ces prêtres, qu’ils soient musulmans, hindous ou catholiques, affichent ainsi leur désaccord avec la décision du gouvernement.

Le pandit Yogeshwar Dookharan, président de la ‘Shravan Mass Yatra Committee’, est d’avis que cette limite de 10 personnes dans les lieux de culte devra être revue pas le gouvernement. « Dans les autobus, nous pouvons avoir une soixantaine de passagers à un moment donné, et cela tous les jours. On se demande pourquoi cette restriction n’est pas applicable dans les autobus, par exemple, et pourquoi elle est imposée uniquement dans les lieux de culte », dit-il. Ce dernier maintient que les lieux de cultes sont assez spacieux pour accommoder bien plus de dix personnes, tout en maintenant toutes les conditions sanitaires nécessaires pour empêcher la propagation de la Covid-19. Il est sûr que les dévots vont scrupuleusement respecter les mesures sanitaires, tout comme on le fait ailleurs.

Il tient à faire rappeler que malgré les restrictions sanitaires édictées par le gouvernement, il y a des personnes qui piqueniquent sur les plages, ou encore qu’il y ait une foule de clients dans les magasins et les centres commerciaux. « Où sont passées les restrictions du gouvernement ? », se demande-t-il. Le pandit réitère qu’il faudra trouver une solution à ce problème car rien ne permet d’affirmer que le virus se transmet plus facilement dans les lieux de culte. Il demande qu’il y ait une discussion autour d’une table pour décider de la marche à suivre.

Le maulana Shameem Khodadin, président du ‘Sunniy Ulama Wal Aimmah Council’ (SUWAC), est du même avis. « Le gouvernement n’est pas encore venu avec une mesure ferme en ce qui concerne les lieux de culte », dit-il. La mosquée dont il est le représentant peut accueillir plus de 500 personnes à la fois, soutient-il. Il dit également ne pas comprendre pourquoi le gouvernement ne peut autoriser 50 personnes dans les lieux de culte, comme pour les rassemblements. « Les bus, les centres commerciaux, les foires et les marchés peuvent accueillir des personnes en toute liberté. Les casinos peuvent accueillir 200 personnes à la fois ! Pourquoi cette discrimination pour les lieux de culte ?», se demande-t-il. Le religieux trouve cela « aberrant » et demande aux autorités de revoir leur copie. Il dit avoir envoyé une correspondance au chef du gouvernement, Pravind Jugnauth, mais celle-ci est restée lettre morte.

Selon le père Labour, vicaire-général de l’Église catholique, c’est toujours l’incohérence qui règne. « C’est inacceptable de continuer dans cette optique », lâche-t-il d’emblée. Ce dernier estime qu’il est urgent d’apporter un changement à ce niveau car de nombreuses fêtes s’approchent à grands pas et on ne peut pas priver les dévots de leurs prières.

Tout comme le maulana Khodadin, il explique qu’il déjà soumis une lettre aux autorités concernées. Il compte d’ailleurs rencontrer les responsables gouvernementaux dans les jours à venir pour connaître la marche à suivre « car il faudra bel et bien commencer par quelque part ». « Il faut permettre le maximum de 50 personnes dans les temples, les églises et les mosquées, tout comme pour les rassemblements, les mariages et les funérailles. Les mesures sanitaires sont respectées dans ces lieux, et ils seront encore mieux respectés dans les lieux de culte », soutient-il.