Les amendements apportés à la ‘Local Governement Act’ au Parlement le mardi 5 décembre en quatrième vitesse par le vice-Premier ministre, Anwar Husnoo, sont pris avec des pincettes par les membres de l’opposition et ceux de la société civile. Ils consistent, en grande partie, à rétablir une loi que le gouvernement Mouvement Socialiste Militant (MSM) avait abrogée en 2015, et visent à consolider les sièges des conseillers des villes et des villages en ajustant le processus de déclaration des sièges vacants.
Ritesh Ramphul, secrétaire général du Parti Travailliste (PTr), se demande pourquoi le ministre avait qualifié la loi de l’époque d’anti-démocratique en 2015, pour ensuite la réintroduire en 2023. « Le gouvernement n’est pas honnête dans ses démarches. Je suis pour une loi qui accorde une indépendance totale aux autorités locales en termes d’organisation des élections municipales et villageoises, ainsi qu’en termes d’administration des organismes,» dit-il.
Le député rouge déplore la volonté du gouvernement de maintenir sa mainmise sur les conseils des villages, en particulier pour le Conseil de district de Flacq, qui revêt une importance significative pour les joutes électorales. « C’est une situation chaotique pour le MSM. Même les villages commencent à goûter aux vents de changement de l’alliance PTr-MMM-PMSD. Il y a une hémorragie dans les villages. Le MSM perd ses fidèles qui préfèrent se ranger du côté de l’opposition. Anwar Husnoo avait déclaré que ce processus était anti-démocratique (…) pourquoi le réintroduire maintenant ? », demande Ritesh Ramphul.
Pour rappel, les modifications apportées à la ‘Local Governement Act’ surviennent au moment où les sièges de deux conseillers proches du MSM envisagent de démissionner pour rejoindre les rangs de l’opposition. Le ‘timing’ suscite des interrogations.
Suite aux amendements apportés à la loi, cela ne sera désormais plus possible. Cette manœuvre ou manigance est très mal vue par certains conseillers de village. « C’est une façon d’empêcher que le président du conseil de district de Flacq ne perde sa majorité », déclare un conseiller qui a préféré rester anonyme. Il semble que les ministres Balgobin et Hurdoyal soient derrière les pressions exercées sur le ‘Chief Executive’ pour ne pas déclarer leurs sièges vacants.
Kushal Lobine : « Le MSM sent qu’il perd du terrain dans les régions rurales »
Pour le député du PMSD, Kushal Lobine, cette loi servira à faire du chantage aux conseillers de villages qui veulent faire entendre leurs voix. Le député du numéro 15 évoque des dissensions qui se font ressentir dans les villages.
« Nos retours du terrain sont clairs. La population ne veut plus de Pravind Jugnauth et du MSM. Les conseillers qui étaient auparavant proches du MSM quittent le navire orange. Ils veulent se rallier à nous. Cette loi intervient à un moment qui soulève beaucoup de questions. Le MSM ne veut pas de dissensions dans les villages. Ils veulent protéger les présidents des villages qui sont sous leur contrôle », avance Kushal Lobine.
Il est également d’avis que cette loi représente un recul total de la démocratie régionale, et affirme que les conseillers ne pourront pas exprimer leurs opinions ni défendre des idéaux.
Commentant le fait que les conseillers villageois veulent se rallier à l’alliance de l’opposition, Kushal Lobine est d’avis que depuis le grand meeting de Mare d’Albert, le déclic s’est fait ressentir. « C’est un vent de panique qui souffle sur le MSM. Ils savent que c’est déjà perdu dans les villes. Ils veulent maintenant verrouiller le processus dans les villages », affirme-t-il.
Le député bleu déplore la manière dont le ‘Local Government Bill’ a été voté, et critique les raisons de ces amendements.