Nishal Joyram : « À partir mardi nou pou accentuer la pression »

Un ultimatum lancé au Premier ministre

« L’essence baissé. Diesel baissé. Gouvernement dominère ». C’est ce qu’ont scandé des manifestants qui ne sont pas restés insensibles à l’appel de Nishal Joyram. Des centaines de personnes ont ainsi déferlé dans les rues du centre de la capitale, hier, malgré la chaleur port-louisienne. L’objectif : réclamer une baisse des prix des carburants. Le gréviste de la faim, malgré sa faiblesse, dirigeait d’ailleurs les protestants, en compagnie d’autres activistes et politiciens de l’opposition, dont des députés du PTr.

S’adressant à la foule devant l’Hôtel du gouvernement, Nishal Joyram a remercié tous ceux qui ont répondu présents. « Nou pe souffert », a-t-il lancé en face du bureau du Premier ministre. « Depuis ki nou ti fer ou ene demande pou baisse les prix par 30%, fine ena enkor baisse au niveau international. Azordi, ou kapave baisse le prix par 38% », a-t-il soutenu. Il a exhorté le chef du gouvernement à rencontrer son comité de soutien d’ici lundi. Sinon, a-t-il prévenu, les actions s’accentueront dès mardi.

« Personne pas pe peur si pou arrêté, si pou gagne kitsoz kot li. Nou pe souffert », a insisté Nishal Joyram, en faisant référence aux manifs des gilets jaunes en France ou à celle à la Réunion pour dénoncer les injustices. « Nou pe fer tou pou contenir dimoune », a-t-il mis en garde, en précisant toutefois que « les choses pou fer différemment à partir mardi », au cas où le gouvernement ne revoie pas sa position.

Le gouvernement campe sur sa position

Le secrétaire au Cabinet et chef du Service civil, répondant au nom du Premier ministre, a, dans une lettre en date du 26 novembre adressée à l’activiste Ivor Tan Yan, indiqué que Rajiv Servansingh, directeur de la STC, a déjà eu une rencontre avec le gréviste, tandis que le ministre du Commerce, Soodesh Callichurn, a eu une autre rencontre avec Jayen Chellum et Salim Muthy. Rencontres où on leur a expliqué la position du gouvernement sur cette affaire, et la façon dont fonctionne le ‘Petroleum Pricing Mechanism’. « In the circumstances, we can only hope that you would understand the current situation with regard to the price of petroleum products and that good sense will prevail », conclut la lettre.

La santé du gréviste de la faim inquiète le Dr Vasantrao Gujadhur

Ce vendredi 25 novembre, c’était le 11e jour de grève pour Nishal Joyram. Assis sur une chaise à l’entrée de la tente, le Dr. Vasantrao Gujadhur, ancien directeur des services de Santé, veille, attentif. « Il se repose pour l’instant », nous dit-il. Il écarte la tente, et on peut apercevoir Nishal Joyram allongé sur une couchette sur le ventre, immobile.

Sa tension a fortement baissé, nous indique le Dr. Gujadhur. Le gréviste ne peut plus marcher et doit se déplacer sur une chaise roulante, quoiqu’il reste allongé la plupart du temps. Le médecin nous confie toutefois que « Nishal Joyram est en train de souffrir sur le plan physique mais sur le plan moral, il conserve une volonté de fer ». L’enseignant veut ainsi continuer sa grève de la faim jusqu’à ce que les prix des carburants connaissent une baisse.

Toutefois, une certaine inquiétude semble être présente sur les traits du Dr. Gujadhur. « Je ne sais pas combien de temps il va pouvoir encore tenir », nous indique-t-il.  Les membres du comité de soutien au gréviste, assis sur des chaises pliantes autour de la tente, la mine assombrie, reviennent sur les derniers développements.

Au 10e jour de la grève (jeudi 24 novembre), deux membres du comité de soutien ont rencontré le ministre du Commerce, Soodesh Callichurn, mais rien de concret n’a découlé de cette rencontre. Le ministre leur a aussi indiqué qu’il soulèvera cette affaire devant le Conseil des ministres, qui s’était réuni comme d’habitude le vendredi 25 novembre, mais que rien n’a transpiré de cette réunion aux membres du comité de soutien.

Une lettre a aussi été remise au Premier ministre le vendredi 25 novembre, mais il convient de rappeler que la dernière fois qu’une lettre lui avait été remise, juste avant que Nishal Joyram n’entame sa grève de la faim, il s’était contenté de refiler la balle à son ministre de Commerce, Soodesh Callichurn. « S’il arrive quelque chose au gréviste, le Premier ministre devra assumer ses responsabilités », affirme le Dr. Gujadhur.