Quelque 2 000 manifestants ont bloqué, lundi, les activités de l’aéroport d’Arequipa, deuxième plus grande ville du Pérou, alors que le pays est secoué par de violentes manifestations qui ont déjà fait au total sept morts en quarante-huit heures.

Au Pérou, quelque 2 000 personnes ont interrompu, lundi 12 décembre, les activités de l’aéroport d’Arequipa, alors que le pays est secoué par des manifestations réclamant la démission de la nouvelle présidente, malgré la promesse d’un projet de loi pour des élections anticipées.

“La piste de l’aéroport a été bloquée avec des pierres, des pneus et du bois [enflammés]”, a constaté sur place un photographe de l’AFP, qui indique que le système d’éclairage de la piste a également été endommagé et que la police tente de repousser les manifestants avec des gaz lacrymogènes.

Le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’Homme s’est dit “préoccupé par le fait que la situation pourrait s’aggraver davantage” et a appellé “toutes les personnes concernées à faire preuve de retenue”.

Il a dénoncé le fait que “les journalistes qui couvrent les manifestations ont été pris pour cible par les manifestants et la police”, soulignant que “plusieurs ont été blessés”, et “des cas où la police semble avoir eu recours à un usage inutile et disproportionné de la force”.

Au moins sept morts dans les manifestations

Les violences qui ont émaillé les manifestations ont fait cinq nouveaux morts lundi, portant à sept le nombre de décès en deux jours. Parmi ces sept victimes figurent trois adolescents de 15 et 16 ans. 

Quatre personnes, deux à Chincheros et deux à Andahuaylas, ont été tuées lundi dans la région d’Apurimac, lieu de naissance de Boluarte et où sont morts deux manifestants dimanche. L’autre décès de lundi est survenu à Arequipa (sud), la deuxième ville du Pérou, lorsque la police est intervenue pour chasser de l’aéroport des centaines de manifestants qui avaient installé des barricades en feu sur la piste.

La présidente Dina Boluarte a annoncé, dans la nuit de dimanche à lundi, qu’elle allait présenter un projet de loi visant à avancer les élections de 2026 à avril 2024. Disant comprendre la “volonté des citoyens”, Dina Boluarte, vice-présidente jusqu’à son investiture le 7 décembre après la destitution du président Pedro Castillo, a dit avoir “décidé de prendre l’initiative d’un accord […] pour avancer les élections générales à avril 2024”, après la crise provoquée par la tentative ratée de Pedro Castillo de dissoudre le Parlement.

Mais cette annonce n’a pas enrayé le mécontentement : de nouveaux barrages bloquaient, lundi, des routes dans la région de La Libertad et autour des villes de Trujillo ou Cusco, où se trouve le célèbre Machu Picchu.

Les protestations s’étaient multipliées à travers le pays au cours du week-end, notamment dans les villes du Nord et des Andes, réclamant la démission de Dina Boluarte et la libération de l’ancien président incarcéré depuis mercredi à Lima.

Avec un million d’habitants, Arequipa est la deuxième plus grande ville du pays. Elle est la “capitale juridique du Pérou” et le siège de la Cour constitutionnelle.