PRB : Du réchauffé ?

Dans le sillage de la publication du rapport du PRB, nous abordons plus en profondeur les mesures contenus dans ce document. En outre, deux économistes, dont Kugan Parapen et Eric Ng, analyse la façon dont le gouvernement compte s’y prendre pour financer les recommandations du PRB. Selon eux, ce sera un exercice d’équilibriste pour le gouvernement.

Fin du suspense pour de nombreux fonctionnaires à travers l’ile. Le rapport tant attendu du Pay Research Bureau (PRB) sur la révision salariale des fonctionnaires et des employés des corps paraétatiques a été rendu public par le Premier ministre, Pravind Jugnauth, ce jeudi 14 octobre 2021 au Sir Harilall Vaghjee Hall à Port-Louis.

Toutefois, ceux qui s’attendaient à des mesures sans précédent pour la Fonction publique dans le sillage de la covid-19 ont été déçus, nous dit le syndicaliste Radhakrishna Sadien. Selon lui, le Premier ministre, Pravind Jugnauth, a voulu faire croire qu’il s’agissait d’un évènement qui allait changer la vie des fonctionnaires alors qu’en réalité, il ne s’agit que de mesures réchauffées.

« Rien de spécial ». C’est ce que nous lance un Radhakrishna Sadien désabusé. Ce dernier affiche son insatisfaction après la publication du rapport du PRB. Le syndicaliste nous fait comprendre qu’il espérait voir un vrai plan qui aurait relancé l’économie à travers une redynamisation de la Fonction publique, mais il a été déçu, comme tant d’autres. Pour lui, son syndicat a fait maintes suggestions mais il se pose la question si ces dernières ont été prises en considération avant la publication du rapport. « Les syndicats ont soumis plusieurs recommandations mais le rapport n’a pas mentionné grand-chose de ce que nous attendions. C’est décevant que des réformes auxquelles nous nous attendions n’ont pas été mentionnées, alors qu’il y a beaucoup de manquements dans plusieurs secteurs de la Fonction publique. »

Pour lui, le gouvernement aurait dû repositionner la Fonction publique pour les prochains cinq ans pour qu’elle puisse faire face aux difficultés en amont. Il estime que la fonction publique joue un rôle très important dans le pays et que le développement du pays repose sur son efficacité. Dix ans de cela, il y avait à un moment donné 90 000 fonctionnaires. À l’heure actuelle, le nombre de fonctionnaires a été réduit par 50 %.  Il était également crucial, indique-t-il, de revoir les conditions de travail, surtout avec la crise sanitaire de la covid-19 : « Le PRB ne sert pas seulement à revoir les salaires mais aussi les conditions de travail car si la Fonction publique n’est pas au point, cela va avoir une répercussion sur le développement du pays ».

Évoquant l’augmentation salariale, il se désole que l’engagement que le gouvernement avait pris pour rendre le rapport applicable à partir de janvier 2020 n’a pas été respecté. Par rapport aux ‘sick leaves’ qui seront remboursés, il estime que cela fait déjà partie des conditions du travail. « Personne ne peut modifier cela et si les fonctionnaires n’avaient pas obtenu ce remboursement maintenant, ils l’auraient obtenu quand ils auraient pris leur retraite », dit-il, soulignant qu’il n’y a là aucun traitement de faveur.

Abordant ensuite quelques recommandations spécifiques du rapport, comme par exemple le ratio entre le salaire d’un ‘General Worker’ et celui d’un ‘Permanent Secretary’, il devait dire que ce ratio est « meaningless », vu qu’il n’a pas pris en compte les salaires moyens.

Notre interlocuteur avance même le ‘Green Loan’ sur les véhicules électriques n’est pas quelque chose de nouveau. « Cette mesure existait déjà. Si un fonctionnaire faisait l’acquisition d’une voiture électrique, il bénéficiait déjà d’exemption dans le paiement de l’income tax », explique-t-il.

Il devait aussi dire que beaucoup de recommandations contenues dans le rapport du PRB de 2016 n’ont pas été implémentées. Notons que le prochain rapport sortira en 2025.