Cela fait déjà deux semaines depuis que la STC a annoncé que les prix des carburants restaient inchangés. L’essence se vend donc à Rs 74,10 le litre tandis que le diesel est à Rs 54,55. Le gouvernement s’obstine à n’enlever aucune taxe sur le carburant, malgré les revendications des forces vives et de la population. Selon le président de la ‘Taxi Proprietors’ Union’ (TPU), Raffick Bahadoor, au fur et à mesure que le prix du carburant a grimpé, cela a largement affecté les chauffeurs de taxi, qui gagnent leur pain grâce à leur véhicule. « L’essence ine monte kat fwa, travay tombé », nous lance-t-il.
Tout d’abord, le travail ralentit de jour en jour, vu que plusieurs personnes préfèrent voyager par autobus, ce qui leur revient moins cher que de voyager en taxi. Selon Raffick Bahadoor, le travail du taximan a diminué de « 30 à 40 % », selon ses estimations. D’après lui, il doit mettre Rs 500 d’essence dans son taxi chaque jour avant de débuter le travail et durant la journée, il doit faire le plein encore une ou deux fois. Auparavant, son budget pour le carburant était d’environ Rs 10 000 mais avec les hausses successives, son budget s’est élevé aux alentours de Rs 20 000.
Nizam Nuseeb est chauffeur de van scolaire. Il fait ce métier pendant plus de 28 ans. Chaque jour, il transporte plusieurs élèves du pré-primaire et du primaire dans les environs de Pamplemousses et de Calebasses. « Avec les prix des carburants qui restent inchangés, c’est difficile pour moi de joindre les deux bouts à chaque fin de mois », nous dit-il, vu le budget grandissant qu’il doit consacrer au diesel. Nizam Nuseeb nous explique ainsi qu’il met environ Rs 850 de diesel par jour. Pour 22 jours d’école par mois, cela fait un montant de Rs 18 700, alors qu’auparavant, ce dernier mettait Rs 500 par jour, ce qui faisait une somme de Rs 11 000 par mois. « Mo pa atan tank vide pou al rempli, sinon pou al ploré lor filling », lance-t-il.
Il explique que quand les prix de carburants connaissent une hausse, il peut parfois être difficile de répercuter cela sur les parents. Beaucoup de ces derniers préfèrent se passer de ses services et accompagnent leur progéniture à l’école eux-mêmes. Ce qui augmente davantage sa consommation de carburant, c’est qu’il doit s’arrêter et démarrer à plusieurs reprises pour embarquer et débarquer les enfants, ce qui épuise beaucoup de carburant. Qui plus est, d’autres frais ont aussi connu des hausses. Auparavant, un entretien de la fourgonnette chez un mécanicien coûtait Rs 600 mais aujourd’hui, c’est à Rs 800, tandis que le ‘maintenance’ coûte de Rs 1 500 à Rs 2 000 plus cher. Les pièces de rechange deviennent eux aussi plus cher. Il pense que le gouvernement devrait envisager une aide aux vans scolaires à travers une allocation, tout comme il le fait pour les autobus individuels.
D’après le directeur de VSM Towing Services Ltd, Veeshal Santokheah, la situation est difficile à gérer à chaque fin du mois, car avec les prix actuels des carburants, il doit faire face à de grosses dépenses. Il nous explique qu’effectuer le remorquage des voitures en panne implique plusieurs voyages à travers l’île. Conséquemment, il dépense beaucoup sur le diesel. « Cette décision du gouvernement de laisser les prix des carburants inchangés ne me soulage en aucune façon », nous précise-t-il. « Cela fait sept ans que la compagnie existe, mais je n’ai jamais eu de tels problèmes financiers concernant le carburant jusqu’à maintenant », lâche-t-il d’un air résigné.
De voiture à moto
Jane se sert d’une motocyclette comme moyen de transport pour aller travailler ou pour ses autres déplacements. « Cette hausse m’a définitivement affectée, comme tout le monde », nous dit-elle. Son budget pour le carburant a augmenté par 40 %, selon elle. Auparavant, elle dépensait Rs 2 800 mensuellement sur l’essence mais actuellement, elle y dépense environ Rs 4 000. De ce fait, elle a dû réduire ses dépenses et économiser roupie par roupie pour pouvoir joindre les deux bouts.
Dirouven, un employé d’hôtel, effectue l’aller-retour de Pamplemousses à Balaclava, où il travaille, dans sa voiture chaque jour. « De jour en jour, cela devient difficile d’aller travailler en voiture », nous lance-t-il d’un ton las. Auparavant, il déboursait Rs 500 d’essence par semaine mais maintenant, il doit trouver Rs 1 000 d’essence. Ce qui fait un montant de Rs 4 000 mensuellement pour Dirouven. « Cela a un impact énorme sur mon budget à chaque fin de mois. J’ai dû réduire mes virées nocturnes et commence à économiser », nous dit-il. Il nous confie aussi qu’il va bientôt changer de mode de transport et opter pour une moto, pour essayer de dépenser moins sur du carburant. « Je croyais que le gouvernement allait réduire les prix des carburants mais c’était trop beau pour être vrai », nous lance ce jeune.
Pilule amère pour les automobilistes
Avishek est un jeune automobiliste. Cet habitant de Mare-la-Chaux doit effectuer le trajet tous les jours vers Pamplemousses, où il travaille. Les prix des carburants ont un impact financier majeur sur son budget. « Je dois puiser de l’argent de mes économies pour pouvoir acheter du carburant », nous explique-t-il. Il doit mettre entre quatre et cinq litres d’essence par jour, et à chaque fin de mois, cela fait un total de Rs 7 500 à Rs 8 000. Or, un peu avant les dernières hausses, il pouvait consacrer un budget d’environ Rs 6 000 pour l’essence. « Nous n’avons pas d’autre choix que d’accepter de payer un prix exorbitant », nous lance-t-il, d’un air résigné.
« Nepli kapav dépenser brit », lâche Jaabir Subdurally, un autre automobiliste. Tous les jours, il doit utiliser sa voiture pour aller travailler. Pour une semaine, il doit mettre dans sa voiture environ Rs 1 000 de diesel. Ce qui, au total, revient à environ Rs 5 000 par mois. Comme les prix des carburants ne donnent aucune indication qu’ils vont baisser dans les jours qui viennent, « la situation risque d’être dure pour moi », prévoit-il. Avant, avec Rs 1 000 de diesel, il pouvait rouler pendant plus de deux semaines, mais aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Lui aussi doit réduire ses dépenses personnelles et investir plus dans le diesel.