Réouverture de nos frontières Dr Deoraj Caussy : « Possible qu’une deuxième vague de la covid-19 soit plus de 50 % »

 

Ça y est ! La date d’ouverture de nos frontières a été fixée pour le 1er octobre. Une ouverture imminente, en d’autres mots. Mais avec la résurgence de la covid-19 dans plusieurs pays, toute réouverture de nos frontières pourrait se révéler un pari risqué. Le Dr. Caussy, épidémiologiste, plaide pour que cette fois-ci, des mesures sanitaires soient mises en place pour éviter une deuxième vague du coronavirus. Il met aussi en garde sur le fait que les Mauriciens commencent à ne plus prendre au sérieux les mesures de protection et les gestes barrières.

Les risques associés à l’ouverture de l’espace aérien deviennent plus considérables, alors même que des cas de covid-19 sont confirmés dans les centres de quarantaine, avec le rapatriement des Mauriciens bloqués à l’extérieur.

La préoccupation des Mauriciens réside actuellement sur les mesures sanitaires prises entourant l’ouverture de nos frontières. Pourra-t-il avoir une deuxième vague du coronavirus, comme cela a été constaté dans plusieurs pays ?

Selon l’épidémiologiste Deoraj Caussy : « Y aura-t-il une deuxième vague avec l’ouverture de nos frontières ? Tout dépend du virus, des personnes susceptibles à être affectées par la maladie et de l’environnement lui-même. L’un de ces trois facteurs pourrait entraîner une épidémie même si le pays est ‘covid-free’. Or, avec l’ouverture de nos frontières et la reprise des activités économiques, entre autres, on pourra voir le retour du virus », souligne-t-il.

Selon lui, tant que la covid-19 est présente dans le monde, on ne peut pas dire qu’elle reste éloignée de nous.

Faisant référence à la première vague de covid-19 dans le pays, il déplore le fait que malgré les nombreuses mises en garde émises par lui-même et d’autres, les mesures n’ont pas été implémentées de façon optimale.

Il met en garde contre tout relâchement : au début, les Mauriciens prenaient les mesures sanitaires au sérieux, mais vu qu’il n’y a actuellement aucun cas, beaucoup continuent de minimiser l’importance des gestes barrières et les mesures de protection.

Il insiste non seulement sur le port du masque qui, selon lui, nous protègera contre une deuxième vague, mais aussi sur la distanciation physique et la désinfection de l’environnement. « Des preuves convaincantes à ce jour montrent que le virus ne se propagera pas tant qu’il y aura une population sensibilisée, et les conditions environnementales appropriées », dit-il.

Valeur du jour, le gouvernement n’a pas encore annoncé en détail les mesures de son protocole sanitaire. Le Dr Caussy indique qu’il est donc difficile pour lui d’évaluer ce critère. Ce qu’il préconise : une surveillance accentuée pour détecter les cas asymptomatiques (ceux qui ne présentent pas les symptômes de la covid-19), avant que ces derniers ne propagent le virus parmi la population.

Y a-t-il des risques qu’une personne testée positive puisse sortir de la quarantaine ? « C’est un peu rare que des personnes soient toujours testées positives après leur sortie de la quarantaine mais c’est possible quand même. On n’est pas à 100 % à l’abri », dit l’épidémiologiste.

Il poursuit qu’il y a des catégories de personnes chez qui la période d’incubation du virus est plus long que 14 jours. Il maintient que le risque d’une deuxième vague peut être au dessus de 50 %.

Ces personnes qui peuvent passer outre à la quarantaine

D’après ce que l’on sait du protocole préconisé par le ministère de la Santé, toutes les personnes venant de l’étranger, que ce soit les Mauriciens ou les touristes, doivent obligatoirement être placées en quarantaine.

Par contre, l’annonce faite par le ‘porte-parole’ du gouvernement, le Dr. Zouberr Joomye, a soulevé quelques craintes parmi les Mauriciens en général. En effet, selon les dires du Dr. Joomye, un « expert saoudien » testé positif à lacovid-19 n’a pas été placé en quarantaine.

« Tant qu’une personne venant de l’extérieur n’est pas placée en quatorzaine, cela comporte un risque, peu importe que ce soit un expert saoudien, un Mauricien, ou un autre », affirme le Dr Caussy pour sa part. Il souligne qu’il y aura des cas comme ça avec l’ouverture des frontières.

Nous nous sommes aussi tournée vers Anil Gayan, ancien ministre de la Santé et du Tourisme pour avoir d’autres éclaircissements. « Il y a un décalage entre la version officielle des autorités et la réalité », souligne-t-il. Selon lui, c’est une pratique discriminatoire entre les étrangers et les Mauriciens. Or, avance-t-il, on devrait traiter toutes les personnes pareillement. Sur le même sujet, il souhaite qu’on fasse rapatrier les Mauriciens qui sont toujours restés bloqués à l’étranger.

Les recommandations du Dr Deoraj Caussy quant aux mesures à être prises lors de la réouverture des frontières 

  • Il faudrait s’assurer que le système de surveillance sanitaire utilise des moyens modernes, avec la technologie dernier cri, afin de prévenir l’entrée du virus pour la seconde fois sur le territoire de Maurice.
  • Il faudrait un bon système hospitalier pour les personnes contaminées par la covid-19, ce qui réduira le nombre de décès.
  • Il faudrait protéger les personnes les plus vulnérables, surtout nos ‘frontliners’, comme les infirmiers, les médecins, les ambulanciers, les policiers etc.
  • Le port du masque doit rester obligatoire.
  • La désinfection des mains et de l’environnement est importante.
  • Les gens doivent être conscients des objets qui ont été touchés en public.
  • Il faudrait éviter les regroupements des personnes.

 

 

Sarah Khodadin