Ritish Ramful : « C’est la stratégie du gouvernement qui perd de sa popularité, de museler les gens »

Climat de peur qui s’installe dans le pays

Depuis quelques temps, surtout avec l’arrestation de Bruneau Laurette, on constate qu’un climat de terreur s’installe dans le pays. Cette arrestation survient dans un contexte bien précis, c’est-à-dire quelques jours après que cet activiste avait tenu sa manifestation du 29 octobre, où il avait fait certaines « révélations » sur le Wakashio, notamment à l’effet que ce navire transportait de la drogue.

Puis, la veille de la manifestation, soit le 28 octobre, la ‘Special Striking Team’ avait effectué une perquisition au domicile de la belle-mère de l’avocat Sanjeev Teeluckdharry. Entre la manifestation et l’arrestation de Bruneau Laurette, il y a eu l’affaire de l’importation de papiers à rouler, d’une valeur de plusieurs millions de roupies, importation qui avait été autorisée par le ministère du Commerce.

On sent que les opposants au régime sont dans sa ligne de mire, et que tous ceux qui osent s’exprimer contre ce gouvernement s’expose à de lourdes représailles. L’avocat et député Ritish Ramful, nous explique qu’effectivement, un climat de frayeur s’est installé dans le pays, et les gens ont peur des représailles. « Je pense que la population suit la chronologie des événements et qu’elle voit exactement ce qui se passe. Il y a un climat de peur dans le pays aujourd’hui », analyse Ritish Ramful.

Selon lui, à la base du problème, il y a la façon dont le gouvernement est en train de gouverner le pays. Il y a le népotisme, le favoritisme, la fraude, la corruption, les gaspillages et les divers scandales. Dans ce contexte, ceux qui viennent de l’avant pour donner de la voix contre le gouvernement sont en train de subir des représailles prises contre eux. « Lorsqu’un gouvernement est en train de perdre de sa popularité, c’est cette stratégie qu’il adoptera pour museler les gens, pour qu’ils cessent de critiquer le gouvernement, que ce soit sur les réseaux sociaux ou ailleurs », maintient-il.

Or, cela peut avoir des conséquences graves au niveau social. « Une personne qui subit une injustice peut rester tranquille pour quelque temps mais tout le monde, à la longue, a une limite. Privée de son droit de s’exprimer, une personne trouvera un autre exutoire pour laisser libre cours à sa colère », analyse-t-il. Selon lui, les Mauriciens n’aiment pas vivre dans un climat de frayeur, qui est propice aux injustices.

Toujours selon lui, il y a une autocratie qui s’installe dans le pays et avec cette atmosphère de peur, il y a un sentiment de révolte qui couve parmi la population. Une pareille situation peut déboucher sur une crise sociale, voire même à un soulèvement populaire dans le pays. « Cela peut effectivement conduire à une révolte dans la société à l’avenir », appréhende-t-il. Toutefois, un gouvernement qui instaure un climat de frayeur ne tiendra pas longtemps. Notre interlocuteur est d’avis qu’il y a une échéance électorale en ce qui concerne les agissements du gouvernement, et que la population saura trancher le moment venu.

Par ailleurs, il souligne qu’il ne faut pas avoir peur de dénoncer. « Nous sommes en train de dénoncer pour une bonne cause et non pas pour créer des problèmes. C’est le travail de l’Opposition de dénoncer les agissements du gouvernement. L’opposition doit intervenir lorsque le gouvernement fait la sourde oreille concernant certaines situations », affirme-t-il.