[Ruisseau du Pouce] Les marchands refusent d’être installés au Victoria Urban Terminal

Une fois de plus, les marchands établis aux abords du Ruisseau du Pouce expriment leur frustration face à ce qu’ils considèrent comme un manque de sérieux des autorités concernées. Alors que la structure doit être démolie par les autorités, les marchands restent sur leur position, et sont réticents à l’idée d’être relocalisés au sein du Victoria Urban Terminal (VUT). Ils ne s’opposent pas au relogement, mais insistent pour obtenir un lieu convenable où exercer leur activité.

Ils refusent catégoriquement d’être transférés au Victoria Urban Terminal, arguant qu’ils sont au courant de la situation là-bas. « Lorsque les autorités agissent de la sorte, cela engendre du stress et nous laisse démunis. Si banla donne nous ene bon place lerla nou pou aller », disent-ils. « L’endroit est trop exigu et nous devrions payer un loyer de Rs 4 000 par mois. C’est exorbitant ! De plus, de nombreux membres du public ne fréquentent pas cet endroit et préfèrent les magasins en rez-de-chaussée. Nous travaillons ici depuis des années et nous n’avons jamais été traités ainsi », déplorent-ils. Par le passé, nous avons déjà dénoncé cette injustice envers ces marchands qui tentent de subvenir aux besoins de leur famille.

« C’est une décision inhumaine et injuste de la part de la municipalité de Port-Louis. Nous traversons une période économique difficile, nous ne travaillons plus comme avant et nous sommes confrontés à de nombreuses difficultés. Nous essayons de gagner notre vie en travaillant, et si on nous déplace, le nouvel endroit doit être accueillant pour les clients, pas comme le Victoria Urban Terminal, où les marchands relocalisés se plaignent de leur situation précaire car ils n’ont pas assez de clients », expliquent-ils.

« Durant cette décennie passée au Ruisseau du Pouce, nous nous sommes constitué une clientèle fidèle, que nous risquons de perdre en étant déplacés. Nous avons également investi beaucoup pour rendre nos étals attrayants, et plusieurs d’entre nous ont même contracté des emprunts à cet effet », ajoutent-ils.

Une marchande qui avait un étal au Victoria Urban Terminal s’est confiée, expliquant qu’elle y a travaillé pendant cinq mois, mais sans succès. Son étal était situé au fond du bâtiment et il y avait très peu de visiteurs à cette extrémité. « J’ai réalisé très peu de ventes pendant ces 5 mois. Il y a des jours où je me rendais au travail et je ne vendais presque rienC’est pour cette raison que j’ai rendu mon étal et suis retourné à mon ancien emplacement au Ruisseau du Pouce. C’est un fait indéniable, contrairement à ce que prétend le président de l’Association des Vendeurs de Rue, Hyder Ryman, qui qualifie le Victoria Urban Terminal de bijou pour les marchands », dit-elle.

Yusuf, après avoir terminé ses études secondaires sans trouver d’emploi, a rejoint son père Aslam, marchand ambulant. Il a fini par faire de ce métier son gagne-pain. « Si les clients affluent dans les rues, ici c’est tout le contraire, mais au VUT, ce sera pire car il y aura encore moins de clients », conclut-il.