Saisie de Rs 3,6 milliards de drogue : Un mécanisme bien huilé impliquant des bateaux de pêche pour faire entrer la drogue sur le sol mauricien

L’Anti Drug and Smuggling Unit (ADSU) travaille d’arrache-pied depuis trois semaines pour faire la lumière sur les moyens utilisés par les caïds pour des cargaisons de drogue atterrir sur le sol mauricien. Mais déjà, une première hypothèse est avancée par les limiers. A ce stade, ces derniers compilent déjà certaines évidences pour soutenir cette hypothèse. Il s’agit des bateaux de pêche qui récupèrent d’importants colis de drogue sur les bancs de pêche au nord de Maurice. Ensuite ce sont des hors-bord qui entrent en jeu pour la récupération, pour les placer en lieux sûrs à terre.

Tel aurait été le cas dans la saisie des 243 kilos d’héroïne et de 27 kilos de haschisch à Pointe aux Canonniers le dimanche 2 mai dernier. Les marchandises saisies ont été minutieusement examinées par la brigade anti-drogue et la Forensic Science Laboratory (FSL). Il s’avère que le taux de pureté de la drogue est presque à 100%. Ce qui signifie que des colis ont été expédiés directement des pays producteurs.

Transfert sur les bancs de pêche

Selon des sources proches de la brigade anti-drogue, des bateaux transportant ces stupéfiants arrivent jusqu’à nos bancs de pêche, ils transfèrent ensuite leur cargo avant de repartir. « Il faut noter que les patrouilles des bateaux de la National Coast Guard (NCG), ne sont pas aussi fréquentes sur les bancs de pêche, qui sont d’habitude de cinq ou même plus. Donc comment intercepter ce trafic », se demande un haut grade. Après leur campagne de pêche, les bateaux rentrent au port après quinze jours ou un mois. Mais ce n’est toujours pas ces bateaux qui transportent ces colis sur la terre ferme. A une dizaine de milles nautiques de Maurice, ce sont des hors-bord qui entrent en action, pour récupérer la drogue, qui foule le sol en passant par le nord.

A ce stade de l’enquête, l’ADSU est en présence d’informations selon lesquelles la drogue aurait transité dans plusieurs villages côtiers du nord, avant d’atterrir à Pointe aux Canonniers. Par ailleurs, les images des caméras de surveillance sont visionnées 24/7 pour retracer les movements des suspects. Ce qui a  permis aux limiers d’identifier un véhicule appartenant au policier Kevin Joumont, soupçonné de faire partie de ce réseau, de même que trois autres véhicules, qui circulaient dans la région de Pointe aux Canonniers, quelques jours avant la saisie record. Parmi se trouve un véhicule d’une compagnie de location de voitures, appartenant à l’épouse d’un chef inspecteur de police. Interrogée, l’épouse du policier a affirmé que cette voiture de luxe avait été louée à un dénommé Hurrychurn, habitant le nord. Interrogé, ce dernier a balancé le nom d’un animateur radio, à qui il avait remis le véhicule, qui à son tour a donné le nom d’une troisième personne.

Les enquêteurs essaient de remonter cette chaîne, pour tenter de savoir d’où proviennent les colis de drogue. Mais à ce stade, c’est la thèse qu’ils sont arrivés par voie maritime est privilégiée.

L’interrogatoire des frères Ritesh et Nitesh Gurroby a débuté aux casernes centrales jeudi après-midi par l’ADSU. Les limiers s’intéressent  à leur emploi et leurs différentes sources de revenus. Les suspects affirment ne rien avoir avec cette affaire. Mais une étape importante sera franchie la semaine prochaine. Les deux frères seront confrontés aux versions de Sewdanand Rawah, le vigile qui assurait la surveillance sur le terrain en friche sur lequel la drogue a été découverte. Cet habitant de Petit-Raffray avait affirmé que c’est Ritesh Gurroby qui avait déposé le colis sur place en compagnie de plusieurs autres personnes quelques jours avant la saisie record. Avec moult détails il avait expliqué à l’ADSU qu’il était employé par les Gurroby à plusieurs reprises pour assurer la sécurité du lieu. Il lui arrivait de rester sur place pendant des semaines, avant d’être autorisé à rentrer chez lui.

Regroupement des trafiquants

Impossible pour un seul réseau d’écouler une telle quantité de drogue sur le marché. De ce fait, la brigade anti-drogue enquête sur un regroupement de plusieurs réseaux de trafiquants pour l’importation de drogue. A ce stade, un réseau de la capitale très connu, et plusieurs autres du nord sont ciblés. Ce regroupement facilite de la drogue sur le sol mauricien à un coût réduit. Mais une question reste toujours sans réponse : d’où provient le financement pour acheter Rs 3,6 milliards de drogue.