Sir Seewoosagur Ramgoolam (SSR) est connu comme le Père de la Nation. Un titre qu’il mérite amplement, vu sa contribution dans le pays. Lors d’une conférence commémorative organisée par le PTr à l’auditorium Octave Wiehe à Réduit le mercredi 12 septembre, Milan Meetarbhan est revenu sur sa contribution au développement social, économique, démocratique et constitutionnel du pays.
Milan Meetarbhan a mis l’emphase sur la contribution de SSR au développement constitutionnel de Maurice. Il explique qu’en décembre 1953, SSR présenta une motion pour discuter des changements constitutionnels « qui satisferaient les aspirations légitimes du peuple de ce pays en ce qui concerne leur expression politique ». SSR tenait alors à ce que le nombre de candidats au conseil soit réduit, et était contre les petites circonscriptions uninominales.
Lors d’une conférence constitutionnelle à Londres en 1961, Sir Seewoosagur Ramgoolam avait demandé l’autonomie gouvernementale et le statut de dominion, avec un Premier ministre et un gouverneur-général, « ce qui fait de 1961 une année significative », selon Milan Meetarbhan.
Le gouvernement britannique proposa par la suite une évolution vers une autonomie interne complète en deux étapes. La première étape était que le chef de l’Assemblée nationale (‘Leader of the House’) allait devenir ministre-en-chef (‘Chief Minister’) ; et la deuxième étape, que le conseil législatif allait devenir l’Assemblée législative après une élection générale. Le Conseil exécutif allait devenir le Conseil des ministres et que le ministre-en-chef (‘Chief Minister’) allait devenir le Premier ministre (‘Prime Minister’). La délégation mauricienne revint alors triomphante de Londres.
Selon Milan Meetarbhan, le ‘best loser system’ avait été adopté comme compromis car SSR avait refusé l’adoption du ‘Banwell Proposal’. SSR avait qualifié le système proposé par Banwell de « diabolique », car cette proposition aurait permis à 23 candidats non-élus de siéger en tant que membres de l’Assemblée. La motion du Dr. Ramgoolam de rejeter la proposition de Banwell avait été votée par 32 votes contre 13.
Lorsque l’‘Independence Party’ remporta les élections par 54% des votes contre 44% pour le PMSD lors des élections en 1967, SSR, dans sa motion pour l’Indépendance du pays, avait proposé à ce que « cette Assemblée demande au gouvernement de Sa Majesté du Royaume-Uni de prendre les mesures nécessaires pour donner effet, dès que possible cette année, au désir du peuple mauricien d’accéder à l’indépendance au sein du ‘Commonwealth of Nations’ et de transmettre à d’autres gouvernements du Commonwealth le souhait de Maurice d’être admise en tant que membre du Commonwealth lors de l’accession à l’indépendance. »
L’opposition à l’époque, mis à part Yvon St. Guillaume, n’avait cependant pas cautionné cette motion et ils avaient décidé de sortir de l’hémicycle. Mais la motion avait quand même été adoptée. L’île Maurice avait donc obtenu son indépendance le 12 mars 1968 et Sir Seewoosagur Ramgoolam devint alors le premier Premier ministre du pays.
Milan Meetarbhan a fait ressortir que SSR, dans son discours à la Nation, avait affirmé qu’« aujourd’hui, nous sommes une nation vouée aux idéaux de fraternité, et ce sera l’objectif constant de mon gouvernement de veiller à ce que chaque Mauricien, quelle que soit sa croyance ou sa classe, jouisse de la même manière des privilèges qui lui reviennent en tant que citoyen. »
« Un homme de consensus »
Interrogé, Jocelyn Chan Low, historien, nous explique que la contribution de SSR au pays est « énorme ». Selon lui, SSR a joué un rôle de premier plan quant à la démocratisation de Maurice et dans le développement de la Constitution du pays, sans parler de sa contribution inestimable au développement social du pays.
Ayant été nommé agent de liaison pour l’Éducation en 1951, cette cause lui tenait particulièrement à cœur. L’éducation et le système de santé gratuit mis en place par le Père de la Nation, bénéficie toujours à la population mauricienne après 54 ans. En outre, comment oublier le système de sécurité sociale qui continue de bénéficier aux personnes âgées et aux veuves ? C’est aussi grâce à SSR que les travailleurs peuvent, hier comme aujourd’hui, bénéficier de salaires adéquats ainsi que des congés payés et des congés en cas de maladie. « Nous sommes aujourd’hui un pays en voie de développement, avec une population éduquée, et c’est en grande partie grâce à SSR », explique Jocelyn Chan Low. Il rappelle aussi que Sir Seewoosagur Ramgoolam a également beaucoup milité pour l’émancipation de la femme mauricienne. « Sir Seewoosagur Ramgoolam était un homme de consensus », soutient l’historien.
Pétri de culture
Goorooduth Chuttoo, du musée de la Petite collection, relate que Sir Seewoosagur Ramgoolam était un homme très attaché à sa culture. Il participait pleinement aux fêtes culturelles. Sir Seewoosagur Ramgoolam s’intéressait beaucoup à ses racines ancestrales et effectuait des recherches sur sa ville d’origine en Inde. « Je l’avais rencontré au MGI, où nous tracions tous les deux l’origine de nos ancêtres. Sa famille venait de Harigaon, une ville du Bihar », affirme Goorooduth Chuttoo.
Aujourd’hui, Sir Seewoosagur Ramgoolam fait lui-même partie de la culture et de l’Histoire de Maurice. Ce personnage historique dont l’effigie figure sur nos pièces de monnaie ainsi que sur notre plus gros billet de banque, celui de Rs 2 000, a marqué le pays en combattant pour un avenir moins sombre. Plusieurs institutions portent aussi son nom tel que notre aéroport national, l’hôpital du nord ainsi que le Jardin botanique. Plusieurs monuments ont aussi été construits en sa mémoire. Le pays doit être reconnaissant envers cette personnalité d’envergure, qui n’est aujourd’hui plus de ce monde.
photos archives : Goorooduth Chuttoo, du musée de la Petite collection