« Un extérieur sain commence par l’intérieur »

Nirusha Pahladi, nutritionniste

La nutritionniste Nirusha Pahladi aborde avec nous son métier de nutritionniste, les défis de ce métier, son parcours professionnel et l’importance d’une bonne nutrition pour la santé. Pour elle une bonne nutrition consiste en des aliments complets, couplée à une bonne dose de discipline. « Il ne s’agit pas de pilules magiques pour une santé plus prometteuse », met-elle en garde.

Nirusha Pahladi habite Quatre Bornes, où elle exerce comme nutritionniste agréée dans son propre cabinet. « Je voulais initialement choisir la médecine. Cependant, suite à des réflexions plus approfondies et ayant reçu plusieurs conseils de nombreux professionnels de santé, j’ai décidé d’aller de l’avant avec le métier de nutritionniste », dit-elle. « Il faut dire que depuis mon enfance, j’ai toujours eu une grande passion pour tout ce qui avait trait à la science en général, et plus particulièrement pour la nutrition, la médecine et l’astronautique. J’ai toujours été intéressée par les émissions culinaires à la télévision, qui ont été une source de motivation non négligeable pour moi d’opter pour une carrière de nutritionniste. J’étais ainsi intéressée de comprendre la relation entre l’alimentation, la santé et les maladies. Je voulais aussi aider les gens à changer leur relation avec la nourriture, pour passer d’une relation négative à une relation positive, par exemple en ce qui concerne les personnes qui ont une maladie liée à l’alimentation. »

Elle a alors mis le cap vers le Royaume-Uni, où elle a effectué ses études dans le domaine de la nutrition à l’université de Kingston. « J’étais le seul enfant dans ma famille à poursuivre des études dans un domaine de santé, alors que les autres ne juraient que par les affaires », ajoute-t-elle. « Devenir nutritionniste peut être intimidant. Vous devez comprendre les tenants et les aboutissants du métabolisme, les micronutriments, les hormones, les produits pharmaceutiques, la microbiologie intestinale et même la génétique », commente-t-elle.

Après avoir obtenu son diplôme au Royaume-Uni dans le domaine de la nutrition en 2016, elle a ensuite posé ses valises au Singapour, où elle a travaillé pendant environ un an. C’est là où elle a eu sa première expérience professionnelle, en tant que nutritionniste interne d’une entreprise faisant la promotion d’aliments et de boissons nutritionnel. En 2017, elle est retournée à Maurice, où elle a mis sur pied son cabinet privé à St. Jean à Quatre-Bornes.

En tant nutritionniste, elle doit relever des défis au quotidien. « Comprendre la méthodologie du changement de comportement d’une personne est le défi, pas si secret que ça d’ailleurs, pour réussir dans ce domaine. Il faut savoir que le client ne voudra pas changer facilement certaines habitudes alimentaires. Ensuite, les gens ont du mal à s’en tenir aux changements à long terme. Le changement de comportement est certes difficile, mais faisable. Il faut de minuscules changements, faciles à mettre en œuvre, qui deviendront par la suite des habitudes saines. Mais chaque patient est unique. C’est la partie amusante de ce métier ! Le nutritionniste ne doit pas avoir peur d’expérimenter un peu », nous explique-t-elle.

Quelle est la relation entre Nirusha Pahladi et la nourriture ? « Il faut dire que je suis une ‘foodie’ ! En effet, j’aime la nourriture ! Les nutritionnistes sont aussi humains ! Je préfère voir les gens s’enthousiasmer pour la nourriture, plutôt que d’avoir peur de ceci ou de cela. Il faut simplement manger en connaissance de cause », avoue-t-elle.

Nirusha Pahladi a aussi effectué beaucoup de recherches dans le domaine de la nutrition. Elle est aussi active sur le plan communautaire en tant que bénévole, et collabore aussi avec les médias, fournissant de nombreux articles.

« Il est difficile pour les Mauriciens de maintenir un mode de vie sain au quotidien »

Nirusha nous confie que les Mauriciens consomment beaucoup de graisses animales malsaines, et trop d’aliments raffinés et d’amuse-bouches salés, sucrés et gras. Ce qui mène à l’obésité et le surpoids, chez les adultes comme chez les enfants. Or, l’obésité et le surpoids sont les principaux facteurs de risque des maladies non-transmissibles, tels que le diabète, les maladies cardiaques et le cancer, qui comptent parmi les principales causes de décès à Maurice.

« Je crois que la nourriture rapide et les produits sucrés, qui sont des aliments riches en calories, sont très accessibles et abordables à Maurice. Alors que les aliments frais et les produits bios ne sont pas très abordables pour l’ensemble des Mauriciens. Il est ainsi difficile pour ces derniers de maintenir un mode de vie sain au quotidien », constate la nutritionniste.

La science nutritionnelle peut-elle changer cet état de choses ? « Les études sur la nutrition humaine sont essentiels dans la prévention des maladies. Les exigences futures des Mauriciens pour une alimentation saine et des changements de mode de vie sont effectivement liés à une meilleure santé de ces derniers », fait-elle comprendre.

Y a-t-il une prise de conscience chez les Mauriciens en ce qui concerne leur nutrition ? « Les Mauriciens connaissent maintenant l’importance d’un nutritionniste, de conseils en nutrition, d’une alimentation saine et d’un mode de vie sain. Ils sont conscients de la gestion de leur poids et des maladies. Ils sont bien conscients qu’une bonne nutrition consiste en des aliments complets, couplée à une bonne dose de discipline et qu’il ne s’agit pas de pilules magiques qui vous redonneront une santé plus prometteuse », dit-elle.

Quels sont les conseils qu’elle voudrait offrir à nos lecteurs sur le plan nutritionnel ? « Un extérieur sain commence par l’intérieur. Adopter une bonne nutrition dès la petite enfance est une stratégie infaillible. Les rendements sont incroyablement élevés », affirme-t-elle. « Sinon, je conseillerais aux gens de préparer et de consommer des plats faits maison. Il faudrait aussi consommer autant que possible des fruits et des légumes locaux car ils sont plus frais et nutritifs que ceux importés. Je conseillerais également aux gens de planter leurs propres fruits et légumes autant s’ils le peuvent, car cette pratique mènera indubitablement vers un mode de vie plus sain. Manger local crée un environnement durable, avec un écosystème plus sain et une empreinte carbone plus faible, ce qui constituera  un soutiens pour toute l’économie. Je dois aussi dire que bon nombre de gens mènent une vie sédentaire. Or, l’exercice est un facteur fondamental qui contribute à une bonne santé », soutient-elle.