Valse de transferts des magistrats : Manque de planification et mauvaise organisation dénoncés

Des avocats montent au créneau pour dénoncer un manque de planification et une mauvaise organisation au niveau du fonctionnement du judiciaire. Un problème qui a été accentué suivant le récent transfert de plusieurs magistrats, avec comme conséquence, un retard accumulé dans les procès et les jugements et des personnes doublement pénalisées car devant encourir des frais additionnels pour payer leurs avocats, outre de devoir patienter encore plus avant d’être fixées sur leur sort.

Le judiciaire, fait-on comprendre dans le milieu concerné, fait face à un réel problème à cause d’un manque de personnel à tous les niveaux, qu’il s’agit de magistrats aux « ushers » en passant par les « court officers ». Ce qui ralentit considérablement les procès en cours, certains devant être constamment repoussés avant que le jugement ne soit rendu. L’exaspération a atteint son apogée, nous dit-on, quand des magistrats ont été transférés sans crier gare. Certains, ceux se retrouvant du jour au lendemain au bureau du DPP ou de l’Attorney General (AG), sont démotivés. Mais plus incommodant encore, ce transfert a provoqué un gros chamboulement au niveau des affaires en cours, puisqu’il s’agit d’un principe que les procès soient repris à zéro quand survient un changement de magistrat. Ce qui équivaut à une perte de temps inutile, d’autant qu’il y a déjà un manque de personnel.

Ce sont toutefois ceux qui sont en quête de justice qui se voient pénalisés par cette mauvaise organisation.  Car « justice delayed is justice denied ». Sans compter qu’ils doivent de nouveau mettre la main à la poche pour pouvoir s’acquitter des honoraires de leurs hommes de loi, ces derniers étant aussi contraints de retourner à la case de départ pour défendre leurs clients. Autre facteur que craignent les avocats : certains accusés, ayant précédemment plaidé coupables, peuvent changer d’idées pour plaider non-coupables lors du redémarrage d’un procès quelconque, créant ainsi une situation d’« abuse of process ». Une situation qui aurait pu être évitée si seulement les magistrats avaient eu une « notice period » avant leur transfert, comme cela se fait pour les juges qui doivent partir à la retraite. Ce qui leur aurait donné l’occasion d’accélérer les procès et d’en livrer les verdicts avant qu’ils ne soient parachutés ailleurs, selon un avocat comptant de nombreuses années au sein du barreau.

« On parle d’efficacité de la justice alors que le fonctionnement de la cour provoque tout son contraire », nous confie une source. Il faut, insiste celle-ci, que l’organisation soit revue au plus vite pour permettre une meilleure efficacité du judiciaire. Par exemple, poursuit notre interlocuteur, dans certains cours de districts, comme Pamplemousses ou Flacq, il y a trois « courtrooms », mais seulement deux magistrats qui y siègent alors qu’à Port-Louis, il y a moins de « courtrooms » mais plus de magistrats qui travaillent sur un ‘roster’. Une redistribution des postes, surtout dans les cours où se disputent des « civil cases », aurait ainsi permis d’accélérer les procès.