Y a-t-il un escadron de la mort ?Rama Valayden : « Cette équipe bénéficie de la protection d’un pouvoir politique ou de l’œil fermé des autorités »

Quatre morts suspectes en deux mois, des cadavres retrouvés dans un état bizarre… cela amène à beaucoup de questions. Y a-t-il un escadron de la mort à l’œuvre ? Selon Me Rama Valayden et les autres avocats engagés dans cette affaire, certains éléments indiquent que ce serait bien le cas.

Remontons le temps. Le corps calciné d’un agent du MSM, Kistnen Soopramanien, est retrouvé dans un champ de cannes à Telfair, près de Moka. Le rapport d’autopsie devait attribuer la mort du quinquagénaire à un œdème pulmonaire, et la police de Moka, pour sa part, avait privilégié la thèse de suicide. Depuis, cette mort suspecte fait la une de l’actualité depuis un mois.

Quelque temps plus tard, le corps de Pravin Kanakiah, un ‘Procurement Officer’ du ministère des Finances, avait été repêché dans le lagon de Gris-Gris le 11 décembre. Il était manquant depuis le jeudi 3 décembre, et avait été vu pour la dernière fois sur une aire de stationnement à l’Université de Maurice. Selon certaines informations, quand il avait été repêché, il portait de multiples blessures sur tout le corps.

Une autre affaire qui va alimenter les spéculations : c’est le suicide (du moins, en apparence) d’une employée du ‘Prime Minister’s Office’ (PMO). Sarah Boitieux, 30 ans, s’était donné la mort à l’aide d’un ‘horni’ attaché à la poignée de la porte de son armoire.

Le même jour, dans un bois à Tranquebar, un cadavre en état de décomposition avancé avait été retrouvé… Qui plus est, le macchabée n’avait ni mains ni pieds.

 

« Cette équipe bénéficie de la protection d’un pouvoir politique »

Par ailleurs, après toutes ces morts suspectes (surtout celle de Kistnen Soopramanien), Me Rama Valayden, face à la presse ce 19 décembre, devait poser la question : « Est-ce qu’il y a un escadron de la mort à l’œuvre à Maurice, qui est connu par les services secrets, la police et le pouvoir ? »  Rama Valayden devait rappeler qu’il avait été la première personne à avoir parlé de l’existence d’un  escadron de la mort dans le pays, dans le sillage de la tuerie de la rue Gorah Issac, de triste mémoire.

Dans ce cas précis, il avait défendu deux personnes qui allaient être déférées aux assises, qui ont été reconnues innocentes par la suite. À l’époque, des ‘patterns’ apparaissaient. Or, cette fois-ci, il dit revoir les mêmes ‘patterns’. Qui plus est, il reçoit certaines informations. En faisant  maillage avec les ‘patterns’ et ces informations, il est clair pour lui qu’il y a une équipe à l’œuvre.

« Cette équipe bénéficie de la protection d’un pouvoir politique ou du moins, bénéficie de l’œil fermé des autorités », affirme-t-il. L’avocat note qu’il est clair que la mort de Kistnen Soopramanien n’est pas un événement isolé, et que directement ou indirectement, il y a une série de morts, qui y sont liées.

Malheureusement, selon lui, l’État et la police, au lieu de mener l’enquête comme il se doit, préfèrent s’en prendre aux avocats. « Au lieu d’agir, le Commissaire de la police anime une conférence de presse pour dire que les hommes de loi sont en train de créer une psychose. De ce fait, tout cela porte à croire qu’il y a eu une directive du ‘pouvoir central’  à la police de fermer les yeux », assène-t-il. Il devait être rejoint dans ses propos par Me Sanjeev Teeluckdharry, qui explique qu’on a affaire à une « mafia politico-financière ».

 

N.N