Zone rouge à Cité Martial et Plaine-Verte : Discipline exemplaire malgré le stress et l’angoisse

Alors que les régions de Cité Martial, Plaine-Verte, Vallée-des-Prêtres, le Morcellement Foondun de Terre-Rouge et Le Hochet ont été décrétées zones rouges, les habitants et les commerçants de ces régions éprouvent certaines difficultés, qu’ils voudraient que les autorités concernées prennent en considération, notamment en ce qui concerne le Self-Employed Assistance Scheme’’(SEAS) et le ravitaillement en vivres. Incursion dans la zone rouge…

Un exercice de dépistage massif s’organise actuellement dans ces régions. Un premier dépistage a été organisé le mercredi 7 juillet à As-Suffa Hall à Cité Martial, et sur 602 tests PCR réalisés, aucune personne n’a été testée positive. Le jeudi 8 juillet, d’autres dépistages ont été organisés, à Morcellement Goolamally, à Terre-Rouge, à Vallée-des-Prêtres, au Centre municipal Carreaux Lalo et au supermarché Dream Price.

Problèmes de livraison

Cependant, ceux qui sont dans la zone rouge sont loin d’être heureux. Un commerçant de la rue Ail Doré à Plaine-Verte nous exprime sa frustration depuis que la région a été décrétée zone rouge le lundi 5 juillet. Il évoque les difficultés auxquelles les petits commerçants font face pour pouvoir s’approvisionner. « Il y a des problèmes au niveau de la livraison. Lundi, un camion de Pepsi devrait venir faire une livraison. Or, la police ne l’a pas autorisé à venir livrer sa marchandise. Par contre, d’autres commerçants de la région ont reçu leurs livraisons sans aucun problème. Des camionnettes transportant de la volaille ou même des pâtisseries ont pu leur livrer leurs marchandises », déplore notre interlocuteur. Il doit ouvrir son commerce seulement pour deux heures par jour, vu le manque des denrées alimentaires.

Au niveau du ravitaillement pour les besoins des habitants au quotidien, il n’y a pas de grands soucis à se faire car il y a de nombreux supermarchés dans la région, nous indique Ishhak Simreekheea, un habitant de Cité Martial. Selon lui, le problème est ailleurs. Les régions telles que Plaine-Verte, Vallée-des-Prêtres et Terre-Rouge comptent une forte concentration de personnes ‘self-employed’, qui font face à plusieurs difficultés au niveau des finances. Ishhak Simreekheea estime toutefois que de nombreux habitants bénéficient de l’aide sociale ou des associations caritatives pour pouvoir survivre.

Mêmes problèmes en ce qui concerne le SEAS

Néanmoins, beaucoup ne bénéficient pas du ‘Self-Employed Assistance Scheme’ (SEAS). Selon lui, de nombreux habitants ne possèdent pas la connaissance en informatique requise pour faire une demande en ligne. D’autres difficultés ont surgi. Beaucoup de guichets automatiques (ATM) de la MCB et de la SBM se trouvent hors de la zone rouge alors que d’autres sont peu familiers aux applications Juice ou My.T Pay. « Ce qu’attendent les gens, ce ne sont pas des résultats dans l’immédiat mais que le gouvernement les rassure. Le stress et l’angoisse se font ressentir au fur et à mesure que les jours passent », ajoute notre interlocuteur.

Haniyyah Sufraz, 21 ans, est en mode télétravail avant même que la zone rouge n’ait été décrétée. Selon elle, beaucoup d’habitants de ces endroits travaillent pour un revenu journalier, ce qui leur cause beaucoup de problèmes au niveau des finances. « C’est triste vu qu’à cause de la négligence d’une poignée d’individus que la majorité souffre aujourd’hui, et que le Qurbani ne pourra pas être observé comme d’habitude », dit-elle.

Une coopération exemplaire entre les habitants et la police

Raffique Santally est le président de la Muslim Youth Federation (MYF), une organisation caritative qui apporte son aide aux personnes vulnérables, avec le soutien du député Eshan Juman. Il pense qu’avec ces nouveaux cas de covid-19 dans la région de Cité Martial, la situation devient alarmante. Toutefois, « depuis l’instauration de la zone rouge, on a vu constater une très bonne discipline de la part des habitants de Plaine-Verte, qui collaborent pleinement avec la police. Nous pensons que la police aussi est satisfaite avec le comportement des habitants », indique-t-il. Dans la même foulée, le travailleur social profite de l’occasion pour demander aux habitants en zone rouge de maintenir les gestes barrières afin que la zone rouge puisse être enlevée au plus vite et que les Musulmans puissent accomplir les rituels du Qurbani.

Raffique Santally est toutefois d’avis qu’avec la zone rouge, plusieurs personnes, dont les ‘self-employed’ se retrouvent dans une impasse. Il lance un appel au gouvernement de veiller à ce que le ‘Self-Employed Assistance Scheme’ soit octroyé avec célérité aux personnes éligibles.

Pour sa part, l’imam Mubashir Chitbahul nous indique qu’il est satisfait du fait que les habitants coopèrent pleinement avec les autorités. « On souhaite que les autorités n’oublient pas ce quartier quand il s’agit du ‘Self-Employed Assistance Scheme’ et agissent le plus rapidement possible », dit-il.

Eshan Juman, député du no. 3

« Toujours à la disposition des habitants »

“Tout se passe très bien jusqu’ici. Je remercie le Dr. Kowlessur qui a promptement répondu à ma requête pour un « mass testing ». Les habitants y ont participé en grand nombre et les résultats étaient tous négatifs. Ce qui est un bon signe. Je suis confiant que les habitants, qui se sont montrés disciplinés et exemplaires, continueront de maintenir les gestes barrières car ils sont bien conscients des risques. J’espère que le prochain dépistage sera aussi prometteur que le premier et qu’il sera concluant pour l’enlèvement de la zone rouge avant la fête Eid-Ul-Adha pour que celle-ci puisse être célébrée dans de meilleures conditions. Bien entendu, la rigueur est de mise et les consignes doivent être respectées à la lettre puisque le moindre faux pas peut nous coûter très cher.

Le ministre Padayachy m’a assuré que ceux qui sont éligibles au SEAS en bénéficieront et la MRA m’a informé qu’un exemplaire sera émis avant le début de l’exercice d’enregistrement. Je remercie toutes les autorités, les ONGs et les travailleurs sociaux pour leur collaboration. Je lance un appel au ministère de l’Éducation pour qu’il se penche sur le cas des écoliers de l’école Idrice Goomany qui se trouve dans la zone rouge, mais qui opère toujours avec des classes pratiquement vides puisque les parents sont réticents d’y envoyer leurs enfants, d’autant qu’ils habitent, eux, en dehors de la zone rouge. Nous avons créé un groupe WhatsApp où les habitants peuvent nous communiquer leurs doléances. Shakeel Mohamed, bien qu’il ne soit pas là, suit, tout comme moi, la situation de très près. Je suis toujours à la disposition de mes mandants ».