Affaire Kistnen : La vérité et rien que la vérité réclamée

Des milliers de personnes massés à la place d’Armes, hier

Pari réussi pour Bruneau Laurette pour la manifestation de soutien à la veuve de Soopramanien Kistnen. Une foule monstre s’était déplacée à la Place d’armes à Port-Louis ce samedi 29 octobre pour écouter les « révélations » sur le Wakashio, l’affaire Kistnen et sur la situation qui prévaut dans le pays, entre autres. Présence remarquée du Dr. Navin Ramgoolam, de Roshi Bhadain, de Khoomadha Sawmynaden et de Sherry Singh. Il y avait aussi certains avocats des Avengers, plusieurs députés du PTr et des activistes bien connus. Toutefois, une petite ombre au tableau : Rama Valayden, les membres de Linion Pep Morisyen, et les dirigeants de l’Entente de l’Espoir ont boudé cette manif.

L’affaire Kistnen ne laisse pas insensible. C’est du moins ce qu’on puisse dire après la grosse foule qui s’est réunie devant l’Hôtel du gouvernement hier. C’est un signal fort qui a été envoyé au gouvernement pour réclamer la vérité et rien que la vérité sur l’affaire Kistnen. Or, le gouvernement semble obstiné à ne rien vouloir comprendre. Réagissant hier après-midi, l’Attorney General Maneesh Gobin, également secrétaire-général du MSM, était visiblement dans ses petits souliers. Il a qualifié le rassemblement de « manif galimatia » alors que le ministre Bobby Hurreeram a, lui, soutenu que « dimoune trouvé ki sanla pe travay et kisanla pe marse marsé ».

Or, ce sont des « dimounes » de toutes couches sociales confondues qui sont descendus devant l’Hôtel du gouvernement, hier, pour indiquer au gouvernement la porte de sortie.

Révélations sur le Wakashio

Bruneau Laurette a, lors de son discours et comme promis, fait certaines révélations sur le naufrage du vraquier MV Wakashio. Selon lui, dans la nuit du 15 août, des bâtons de dynamite avaient été placés sur le navire pour le faire couler, dans le but d’effacer toute preuve qu’il y avait de la drogue sur le vraquier. Il devait projeter des images sur un écran géant, où l’on pouvait voir de l’eau de mer qui entrait dans la coque du navire. Bruneau Laurette a aussi rappelé que malgré plusieurs mises en garde, le navire avait été sabordé « pour détruire les preuves ».

Il a aussi dévoilé les transcriptions des échanges radio entre la National Coast Guard (NCG) et les membres de l’équipage du Wakashio le jour du naufrage. Selon lui, au moment où l’équipage demandait de l’aide à la NCG, les garde-côtes n’ont pas répondu à cet appel, et ces derniers avaient prétendu par la suite qu’ils n’avaient pu établir de liaison avec le Wakashio.

Mais entre le 25 et le 26 juillet 2020, il n’y a jamais eu un problème de communication car la NCG avait demandé l’adresse mail du capitaine du Wakashio par télex et avait même envoyé un courriel au Wakashio. Selon Bruneau Laurette, le commandant de la NCG était dans une fête qui se déroulait à Flic-en-Flac à ce moment-là.

Vers 19 h 25, le vraquier s’est échoué sur nos récifs et l’équipage avait demandé aux autorités mauriciennes d’envoyer un remorqueur car le moteur du navire avait commencé à prendre eau, mais là aussi, il n’y aurait eu aucune action.

Réactions

Simla Kistnen : « Je ne suis pas seule dans ce combat »

« Je ne suis pas seule dans ce combat », devait lancer la veuve de Kaya Kistnen, Simla Kistnen, avec émotion, requinquée par tout ce soutien. « Mon mari ne méritait pas cette mort atroce », dit-t-elle. « Ce n’est pas facile pour nous de vivre avec cette souffrance. La vérité et la justice finiront par triompher. »

Navin Ramgoolam : « Pourquoi le gouvernement a-t-il peur de faire appel à des enquêteurs étrangers ? »

La présence du leader du Parti travailliste, Navin Ramgoolam, n’est pas passée inaperçue à cette manifestation. Le leader des rouges a promis que dès qu’il sera au pouvoir, il fera la lumière sur le meurtre de Kaya Kistnen à l’aide d’enquêteurs étrangers. « Dir Pravind Jugnauth amene ban enquêteurs étrangers. Kifer pe peur ? », a-t-il lancé. « Demandez-vous pourquoi le gouvernement a-t-il peur de faire cela ? »

Patrick Assirvaden : « L’affaire Kistnen ne s’arrêtera pas là »

« Il faut démasquer les coupables dans l’affaire Kistnen », nous lance tout de go Patrick Assirvaden. « Je suis présent à cet évènement pour aider à faire connaitre la vérité. Yogida Sawmynaden ne doit pas s’assoir au Parlement. Croyez-moi, l’affaire Kistnen ne s’arrêtera pas là. »

Lormus Bundhoo : « Je suis ici pour apporter mon soutien à Simla Kistnen »

« La vérité doit éclater », lance Lormus Bundhoo. L’ancien ministre de la Santé nous explique qu’il est présent pour apporter son soutien à l’épouse de Soopramanien Kistnen. « C’est inacceptable la façon dont l’enquête se fait. Il n’y a aucun effort de la part des autorités pour connaitre les circonstances dans lesquelles Soopramanien Kistnen a perdu sa vie », dénonce-t-il.

Mahen Gungapersad : « Que les assassins soient derrière les barreaux »

« Nous voulons que les assassins de Kaya Kistnen soient mis derrière les barreaux le plus vite possible », assène pour sa part Mahen Gungapersad, député travailliste. « Il est inconcevable que cette enquête puisse trainer en longueur de cette façon. »

Ritish Ramful : « Notre devoir d’exprimer notre solidarité envers la famille Kistnen »

Ritish Ramful, député travailliste, faisant référence au rapport de la magistrate Mungroo-Jugurnath, maintient que « c’est du jamais vu dans le pays. » Il ajoute : « C’est notre devoir d’exprimer notre solidarité envers la famille Kistnen. Aujourd’hui, c’est Mme Simla Kistnen, demain cela pourrait être un autre Mauricien. Nous ne pouvons pas rester indifférents et insensibles face à cette situation. »

Arvin Boolell : « Connaitre les vrais responsables de la mort de Kistnen »

« Comme des soldats de la liberté et de la justice, nous sommes ici pour connaitre les vrais responsables derrière la mort de Soopramanien Kistnen. Nous n’allons pas baisser les bras tant que toute la lumière n’a pas été faite sur toute cette affaire », nous dit le chef de file du PTr au Parlement, Arvin Boolell.

Sherry Singh : « Nou bizin ene sel pou fight pou le pays »

« Depi commencement mone dire, mo pou fight pou mo pays. N’importe ki initiative prend par bane bords politiques pou rassembler bane Mauriciens pou ene cause, li important ki mo la, pareil kuma mo ti request à ene moment. Je suis fier d’être là et je remercie tous ceux qui se sont déplacés jusqu’ici. Nou bizin ene sel pou fight pou nou pays ».

Sanjeev Teeluckdharry : « Faut-il continuer avec ce gouvernement mafieux et assassin ? »

L’avocat Sanjeev Teeluckdharry a lancé un vibrant appel à tous les Mauriciens de mettre de côté leurs différences et de s’unir autour de notre quadricolore. « Eski bizin kontinier avek ene gouvernement mafia ki pe kokin dimoun ? Eski bizin kontinier avek gouvernement ki touye dimoun ek ensuite fer cover-up ? », s’est-il demandé.

Ivan Bibi : “Met sa gouvernement la dehors”

« Bizin met sa gouvernement la dehors », martèle l’activiste Ivan Bibi. Il réclame la démission de tous les membres du gouvernement, pour que le pays puisse respirer de nouveau. Selon lui, le Premier ministre n’a plus la légitimité de rester en poste, n’étant pas apte à diriger le pays.

Akil Bissessur : « Ne pas baisser la tête »

L’avocat Akil Bissessur est revenu sur son arrestation qui avait défrayé la chronique quelque temps de cela, pour démontrer comment le régime actuel persécute les opposants. Il a demandé à l’assistance « de ne pas baisser la tête et de continuer d’être fiers d’être Mauriciens malgré le dysfonctionnement des institutions ».

Narendranath Gopee : « Gouvernement vampire »

« Notre pays est mal dirigé », dénonce pour sa part Narendranath Gopee, le président de la ‘Federation of Civil Service and Other Unions’ (FCSOU). Il affirme que « le gouvernement fait tout pour détruire le pays » et qualifie les membres du gouvernement comme « des vampires qui boivent le sang de toute la population et qui font honte au pays ».

Roshi Bhadain : « Le Parlement dévalorisé par la présence de Y. Sawmynaden »

Roshi Bhadain, le leader de Reform Party, s’est exprimé face à la situation « malsaine » qui règne dans le pays. « Le Parlement n’a aucune valeur tant que Yogida Sawmynaden y occupe un siège », lance-t-il.