L’arrestation de Vimen Sabapati, survenue le 3 mai 2023, prend une tournure explosive après le témoignage d’une ancienne policière de la Special Striking Team (SST). La WPC Bandiny Mourandie-Goomanee a récemment déposé une plainte auprès du Central Criminal Investigation Department (CCID), remettant en cause la version officielle des faits et soulevant de sérieuses suspicions quant aux méthodes employées par cette unité d’élite aujourd’hui dissoute.
Selon les déclarations de la SST, 10 kilogrammes d’héroïne avaient été retrouvés dans un sac appartenant à Vimen Sabapati, lors d’une intervention à la rue La Poudrière. Cependant, le principal intéressé a toujours clamé son innocence, affirmant être victime d’un “Drug Planting“, une mise en scène orchestrée pour l’incriminer à tort.
Le témoignage de la WPC Goomanee vient renforcer ces soupçons. Chargée de filmer l’intervention, elle affirme avoir constaté plusieurs incohérences troublantes. D’après elle, la fouille initiale du véhicule de Sabapati n’a révélé que la présence d’un sac noir contenant de l’argent et un pare-soleil. Pourtant, une fois arrivé aux Casernes centrales, ce même sac semblait avoir gagné en volume, ce qui laisse penser qu’il aurait pu être manipulé avant la fouille officielle.
Images et éléments troublants
Les vidéos qu’elle aurait enregistrées montrent également une séquence intrigante : alors que Sabapati est placé dans une pièce avec ses effets personnels, un policier emporte l’un de ses sacs dans une autre salle avant de revenir. Lorsque la fouille commence, les agents y découvrent des équipements de boxe, puis des sachets contenant une substance suspecte, immédiatement présentée comme de la drogue.
Un autre détail soulève encore plus d’interrogations : la WPC Goomanee affirme qu’un policier a versé quelques gouttes d’eau sur le sac avant la fouille, ce qui a provoqué une forte odeur inhabituelle et des réactions de toux chez plusieurs officiers présents. Selon elle, aucun de ces symptômes n’était perceptible auparavant, ce qui pourrait indiquer une manipulation des preuves.
Le SP Ashik Jagai se défend
Face à ces accusations, le surintendant de police Ashik Jagai, ex-chef de la SST, rejette toute implication dans une quelconque mise en scène. En novembre 2024, il a même pris les devants en déposant une “precautionary measure” au CCID afin de se protéger contre ces allégations qu’il considère infondées.
Une enquête en cours et des conséquences potentielles
Le CCID a pris l’affaire très au sérieux. Le téléphone portable de la WPC Goomanee a été confié à l’IT Unit de la police pour authentifier les vidéos, tandis que plusieurs anciens membres de la SST devraient être entendus dans les semaines à venir.
Si les soupçons de falsification de preuves sont confirmés, cette affaire pourrait entraîner des poursuites judiciaires et des sanctions disciplinaires à l’encontre des officiers impliqués, portant un coup dur à l’image de la police mauricienne. Par ailleurs, cette révélation relance le débat sur les méthodes controversées utilisées par la SST, une unité déjà sous le feu des critiques avant sa dissolution.
Ce scandale soulève une question essentielle : combien d’autres affaires pourraient être entachées d’irrégularités similaires ? L’opinion publique attend désormais avec impatience les conclusions de l’enquête, qui pourraient bien redéfinir les pratiques et les ingérences policières sous le règne du MSM.