Alain Wong, ministre de la Fonction publique et de l’Environnement : « Aucun pays au monde ne pourra dire qu’il est prêt à affronter une catastrophe écologique »

  • « On doit continuer avec les initiatives entreprises par l’ancien ministre de l’Environnement, Raj Dayal »

Le ministre de l’Environnement, Alain Wong, qui occupe aussi le portefeuille de ministre de la Fonction publique, estime qu’aucun pays au monde ne pourra dire qu’il est prêt à affronter une catastrophe écologique. Dans une interview, accordée au Sunday Times, il soutient aussi qu’on doit continuer avec les initiatives entreprises par l’ancien ministre de l’Environnement, Raj Dayal. Il affirme également que le changement climatique  devrait être une préoccupation de chaque être humain. Sur le plan politique, il dira que les élus du PMSD ont eu l’ordre formel du leader du parti, Xavier-Luc Duval, de travailler et de ne pas s’attarder aux commentaires et critiques ni aux flatteries ».

Sanjay BIJLOLL

 

Q : L`actualité oblige, quelle est la situation, valeur du jour, avec le MV Benita?

R : Tout d’abord, je dois dire qu’en tant que ministre de l’Environnement je suis très concerné par l’échouage de MV Benita. C’était mon devoir d’aller constater de visu comment se déroule le renflouage du bateau. Après le ‘disaster committee’, mis sur pied par les autorités concernées,  il s’avérait nécessaire de contenir tout risque de déversement d’huile, bien que la mer était démontée.

Plusieurs tonnes de fioul ont été pompées et transférées par hélicoptère dans des fûts d’une tonne sur le terrain de foot, appartenant à Omnicane et ce avec la permission de celle-ci. Il était prévu que l’opération du transfert de fioul (matière polluante) soit complétée vendredi ou samedi au plus tard pour permettre l’opération de renflouage par les experts de la compagnie grecque puisse commencer. Cet exercice pourrait durer un mois.

Le gouvernement ne lésinera pas sur les moyens. Les remboursements nécessaires devront être faits par les assureurs ou par les fauteurs.

Pour connaître davantage sur les opérations, nous retiendrons les services d’un consultant indépendant, expert en matière de renflouage qui viendra confirmer ou infirmer le rapport de la compagnie grecque.

 

Q : Sommes-nous prêts à affronter une catastrophe écologique due à un déversement de l`huile lourde dans nos lagons ?

R : Je pense qu’aucun pays au monde ne peut prétendre qu’il est prêt à affronter une catastrophe écologique. Cela dit, en se basant sur certaines expériences du passé, je dirais que nous devons prendre toutes les précautions. Nous avons déjà pris les précautions nécessaires pour éviter que le déversement d’huile ne souille le littoral.

 

Q : Votre collègue, le ministre Soodhun, a exprimé ses inquiétudes quant à une marée noire dans la région de Mahébourg où se situe un projet de barachois qui aura couté Rs 300m. Pouvez-vous le rassurer sur ses craintes ?

R : Je peux comprendre les inquiétudes de mon collègue. Tout lambda se poserait la même question. Il est de notre devoir de communiquer, d’expliquer la situation et éviter de succomber à la tentation de créer une psychose inutile qui pourrait être néfaste à notre économie.

Il suffit de comprendre, de par la situation géographique du naufrage par rapport au vent et à la marée, qu’il y a une chance infime que cela puisse impacter ailleurs que dans la partie très ciblée de Le Bouchon. « Dilo pas capave faire la monté ».

 

Q : L`opinion publique a beaucoup apprécié que vous ayez enfilé votre combinaison de plongeur pour aller voir de visu la situation autour de la coque du navire. Est-ce de la bravoure pure ou le goût de l`aventure de votre part ?

R : En ce qu’il s’agit de ma visite sous l’eau à côté du bateau et aux alentours, je dirais que je l’ai fait tout simplement car l’équipe grecque n’a pas voulu faire un constat externe de la coque, prétextant que c’était suicidaire et criminel d’envoyer des hommes  sous l’eau.

De par mon expérience et celle des adeptes du surf  et la plongée sous l’eau, il n’y a pas de vague sous l’eau.

Bref, je dirais qu’il n’y a rien d’héroïque et je ne l’aurais jamais fait si je savais qu’il y a un risque de  mettre ma vie en danger. J’ai tout simplement voulu mettre mes compétences au service de mon pays. Disons que beaucoup de ministres n’ont pas eu la chance d’avoir vécu mon expérience en la matière.

 

Q : La mer, c`est votre élément de prédilection. Vous êtes un excellent nageur pour avoir, rappelons-le, fait le tour de l`île à la nage …

R : A l’époque je n’étais pas politicien. Je ne rêvais même pas qu’un jour j’occuperais un portefeuille ministériel. J’étais touché par le sort des sans-abris dans les rues. Je voulais faire quelque chose pour eux. J’ai voulu  recueillir des fonds pour construire un abri de nuit pour les SDF.

Je ne savais pas que  j’allais terminer le tour de l’île à la nage. Mais disons que  j’ai eu la chance d’avoir terminé le parcours à la nage quoique mon corps a pris un sale coup pendant des mois. J’ai beaucoup souffert, mais je suis content. A ce jour, nul autre n’a pu le faire.

 

Q : Vous avez été investi ministre de l`Environnement après le départ du titulaire, Raj Dayal. « In a nutshell » pour reprendre une expression marine, avez-vous poursuivi les initiatives entreprises par votre prédécesseur, par exemple, la plantation des cocotiers sur les plages qui meurent faute d`arrosage ?

  • «  On a eu l’ordre formel de Xavier-Luc Duval, de travailler et de ne pas s’attarder aux commentaires et critiques ni aux flatteries » 

R : Raj Dayal a été une source d’inspiration pour donner un ‘boost’ au secteur de l’environnement à Maurice. Le ministère de tutelle requiert des qualités de quelqu’un qui est énergique et qui est profondément inspiré par la protection de la nature. On doit poursuivre avec les initiatives entreprises par l’ancien ministre de l’Environnement. On doit continuer de planter des cocotiers sur le littoral et des arbres dans divers endroits de l’île.

 

Q : Le changement climatique à l`échelle internationale inquiète la planète toute entière. On annonce que Maurice pourrait connaître une montée des eaux s`élevant à 2 mètres. Est-ce que cela vous préoccupe ?

R : Le changement climatique  devrait être une préoccupation de chaque être humain. Ce n’est pas une utopie ni une lubie de penser ou de prédire que si l’humanité continue à se comporter de la même façon que durant ces derniers siècles, nous allons vers la 6e disparition de la vie sur terre, Or, il y a des solutions. En même temps, nous sommes heureux  que certains pays aient pris l’initiative de ne plus polluer la planète, notamment avec des mesures telles que l’utilisation des énergies vertes, l’arrêt du gaspillage, le tri des déchets et de les recycler, entre autres.

A l’île Maurice, nous sommes très affectés par le changement climatique. Nous sommes classés 14e sur la liste des pays les plus en danger et 7e pays qui sera le plus affecté par le changement climatique.

 

Q : Vous avez fait partie du personnel navigant d`Air Mauritius tout en étant un homme de la mer. Lequel de ces deux éléments préférez-vous, l`air ou l`eau ?

R : Mark Twain a dit que la plus grande université au monde, c’est de voyager. J’ai eu la chance et le bonheur d’être naviguant à bord  d’Air Mauritius et parallèlement d’avoir une vie de marin. Si je n’étais pas dans l’air, j’aurais été  dans l’eau. Je touchais rarement la terre bien qu’étant une personne qui a les pieds bien ancrés sur terre, la tête sur les épaules et jamais la tête en l’air.

 

Q : Un peu de politique si vous voulez bien. Le gouvernement de l’Alliance Lepep a dirigé le pays pendant plus de 18 mois. Quel jugement portez-vous sur la performance du gouvernement de sir Anerood Jugnauth ?

R : Se juger soi-même n’a jamais été mon fort. J’ai toujours laissé le soin aux tiers de le faire.

 

Q : Vous êtes élu sous la bannière du PMSD. Pouvez-nous dire quel est l’apport du PMSD au sein du gouvernement de l’Alliance Lepep ?

R : Comme je l’ai dit plus haut, et pour les mêmes raisons, je ne veux pas juger l’apport du PMSD au sein d’une alliance sereine. Tout ce que je peux vous dire, c’est que tous ceux qui ont été élus sous la bannière ‘bleue’, ont eu l’ordre formel de notre leader, Xavier-Luc Duval, de travailler et de ne pas s’attarder aux commentaires et critiques ni aux flatteries.

Le seul chemin de la réussite,  c’est la voie de la discipline, le devoir du sacrifice et de toujours garder en tête une bonne valeur morale.