Allégations de fraude au SIFB : Les dessous obscurs de l’industrie sucrière !

Cette affaire a fait l’actualité pendant toute la semaine et ce depuis la Private Notice Question du leader de l’opposition, Xavier Duval, sur des allégations de fraude au Sugar Insurance Fund Board (SIFB).  Depuis mercredi, les grandes manœuvres ont été enclenchées pour tirer cette affaire au clair. Si le leader de l’opposition réclame le départ du CEO et du Chief Operations Officer (COO) du SIFB pour éviter toute ingérence dans cette affaire, au niveau du gouvernement et de l’institution concernée, on essaie de tout faire pour que l’affaire soit classée au plus vite, d’où l’institution d’un Fact-Finding Committee par le Conseil des ministres vendredi après-midi.

La PNQ de Xavier Duval a permis de mettre en lumière la manipulation du Total Insurable Sugar (TIS) au niveau du Sugar Insurance Fund Board (SIFB) afin de limiter la perte de production de sucre au-dessous du seuil légal de 17 %. L’objectif final : ne pas décliner une ‘Event Year’ pour ne pas verser une indemnité d’assurance aux planteurs de canne à sucre.   Selon le document signé par J. Sookdeb, le Chief Operations Officer (COO), le SIFB  a sous-facturé un montant de Rs 142 405 à un planteur appartenant au groupe ENL. La compagnie aurait dû payer Rs 1 600 155 à titre de prime d’assurance, mais elle ne verse que Rs 147 750, car le SIFB a sous-évalué à tort son ‘Total Insurable Sugar’ (TIS) à 257 604 tonnes métriques (MT) ou à 10 % de sa production de sucre réelle de 2576,04 MT (78 % des planteurs).  Par ailleurs, on note que les compagnies Medine et Omnicane ont également été sous-payées, soit la somme de Rs 279 797 comme prime d’assurance au SIFB (sur la part correspondante de 22 % de meuniers). Le total de la facturation basé sur ce compte de planteur unique s’élève à Rs 1 732 202. On peut à juste titre se demander combien de corporate planters ont profité au cours des années de la générosité du SIFB et quelle est la perte totale subie par le SIFB en primes d’assurance à recevoir en raison de ces lacunes ?   Politique de deux poids deux mesures La synopsis des cultures pour 2017 prouve que le système du SIFB n’est pas infaillible après tout. Il convient également de noter que les entreprises engagées dans la culture de la canne paient un taux d’assurance moins élevé par tonne de sucre produite, qui s’élève à Rs 621 MT dans le cas de la Cie Sucrière de Bel Ombre Ltée, alors que certains petits planteurs doivent payer jusqu’à Rs 2 000 MT leur prime d’assurance, basée sur leurs classements et leurs TIS, qui sont à nouveau sujets à manipulation.

Selon le document de J. Sookdeb, le SIFB a délibérément modifié les paramètres, les bases et les méthodes de calcul du TIS de toutes les zones de l’usine afin de maintenir la chute du TIS en dessous de 17 %, soit le seuil requis pour déclencher la déclaration d’une Event Year et donc verser une indemnité aux planteurs pour le gain de revenu. Si les chiffres de M. Sookdeb s’avère être exacts, si une Event Year est déclarée pour 2017, un montant de Rs 450 millions devient payable à titre de dédommagement à tous les planteurs des usines de Médine, d’Omnicane et d’Alteo (268 269 MT x 17 % x Rs 10 000 MT). L’ironie de cette situation étrange est que les petits planteurs ne recevront même pas 45 millions de roupies à titre de compensation en raison de leur taux de compensation inférieur, ce qui est tributaire de l’écart de rendement ayant une incidence sur leur classement.

La nomination de Rajpatti sur le FFC irrite les petits planteurs C’est l’irritation dans le camp des petits planteurs de canne depuis vendredi, soit le jour que le Conseil des ministres a avalisé la nomination de G. Rajpatti comme assesseur sur le ‘Fact-Finding Committee’ institué pour faire la lumière sur cette affaire de fraude alléguée. Ils dénoncent le fait que cet homme a été dans le passé à la tête de la Mauritius Sugar Authority (MSA) et le tiennent comme l’un des principaux responsables de leur situation cauchemardesque aujourd’hui. Une lettre en ce sens sera envoyée au Premier ministre, ce lundi. « Nous avons besoin d’une personne neutre et non de quelqu’un qui perçoit un salaire comme consultant pour une compagnie sucrière », disent les petits planteurs.

Mahen Seeruttun : « Aucune fraude » 

De ce fait, un bras de fer s’est engagé entre Xavier Duval et Mahen Seeruttun. Le premier nommé est d’avis que c’est la police qui aurait dû mener l’enquête dans cette affaire et non l’ICAC, alors que Mahen Seeruttun affirme qu’il n’y a pas eu de fraude mais que c’est la faute incombe au système de calcul des primes.

Le ministre Mahen Seeruttun explique qu’il y a eu un manquement au niveau du système informatique après un changement qui s’est opéré au niveau de la livraison de la canne entre deux « factory areas ». Selon le ministre de l’Agro-industrie, le système informatique de calcul des primes mérite d’être revu et une évaluation est actuellement en cours. « Nous avons fait une demande pour la mise sur pied d’une ‘forensic investigation’ qui permettra d’évaluer le système. (…) À la lumière des conclusions du rapport, des actions seront prises », dit-il. « Je maintiens qu’il n’y a aucune fraude. L’enquête permettra de déterminer si la faute est survenue après une intervention humaine ou pas », clame le ministre.

Un nominé politique à la tête du SIFB

Vivekanand Lochun a été candidat du MMM en 2010 au no  7, Piton/Rivière-du-Rempart. Il a quitté le MMM en 2014 après l’annonce de l’alliance électorale entre le PTr et les mauves pour se joindre à l’Alliance Lepep et donner un coup de main à l’équipe de SAJ dans ladite circonscription. C’est le 6 mars 2015 que sa nomination comme Chairman du SIFB fut entérinée par le Conseil des ministres.  De mars 2015 à décembre 2015, il a touché Rs 630 000, soit un salaire mensuel de Rs 63 000 alors que pour la période de janvier 2016 à juin 2017, il a reçu la somme de Rs 1 260 000, soit approximativement Rs 70 000 mensuellement.