Arvin Boolell : « Le gouvernement a failli d’honorer ses obligations »

Pourquoi le gouvernement n’a-t-il pas coopéré avec les autorités réunionnaises quant à la demande d’extradition faite pour Jean Hubert Celerine, alias Franklin ? Officiellement, on souligne qu’il n’y a pas de traité d’extradition entre nos deux pays quand la requête avait été formulée. Or, cet argument est perçu comme une excuse par certains qui croient dur comme fer qu’une coopération Maurice-Réunion était quand même possible sur ce dossier. « Pourquoi le ministère des Affaires étrangères n’a-t-elle pas prêté attention à la note verbale envoyée par les autorités réunionnaises durant tout ce temps ? Le ministre Ganoo ne peut pas prétendre qu’il incombait aux autorités de faire le nécessaire puisqu’il représente lui-même l’autorité. D’ailleurs, Franklin ne lui est pas étranger puisque ce dernier habite sa circonscription », souligne Arvin Boolell, ancien ministre des Affaires étrangères.

Le chef de file du PTr au Parlement pousse le bouchon plus loin en affirmant qu’il était tout à fait possible d’extrader Franklin, en vertu de la section 4(2) de l’‘Extradition ACT’. Arvin Boolell cite ainsi l’ancien Attorney General Ravi Yerrigadoo qui avait soutenu, lors de son discours au Parlement le 30 juin 2017, que « Clause 4(2) of the Bill further provides that a request for extradition by a foreign State may also be considered by virtue of comity, i.e., courtesy, where that State gives assurances which, in the opinion of the Attorney-General, are sufficient to ensure that it would comply with a comparable request from Mauritius or where, in his opinion, it is otherwise in the interests of justice to do so ».

« Conformément à cette section de la loi et au nom de l’intérêt public, le gouvernement aurait pu envoyer Franklin à la Réunion pour purger sa peine. Ou sinon, il aurait pu purger cette peine à Maurice, suivant un arrangement avec la Réunion », insiste le Dr Boolell. « Ene dimoune ki condamné pou ene délit aussi grave que trafic de drogue pas kapave jouir de liberté », martèle-t-il. Arvin Boolell dresse aussi un parallèle avec la déportation du Slovaque Peter Uricek en avril 2022, en dépit d’une injonction de la cour. « Ni avons-nous un traité avec ce pays, ni a-t-on montré le mandat d’arrêt d’Interpol, mais il a néanmoins été déporté d’une façon illégale », rappelle-t-il. Il tient ainsi le gouvernement coupable d’avoir failli d’honorer ses obligations en tant que signataire de diverses conventions internationales