C’est l’heure des calculs. L’exercice de compensation salariale aura lieu en cette fin d’année pour prendre effet le 1er janvier 2024. Quel montant peut-on espérer ? Rs 1500, c’est ce qui est recommandé par divers syndicats. Le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, présidera la réunion du comité tripartite le 7 décembre. Quant à la réunion du comité technique, elle se tiendra quelques jours plus tôt, le lundi 4 décembre 2023, sous la présidence du ministre du Travail, Soodesh Callichurn.
La Confédération des Travailleurs des Secteurs Public et Privé (CTSP), après avoir effectué ses calculs, propose une compensation salariale de Rs 1513 pour tous les travailleurs du pays, afin de compenser leurs pertes de pouvoir d’achat. Selon Sheldan Vince Rungasamy, ce chiffre est basé sur les données officielles du gouvernement et de Statistics Mauritius, prenant en compte un taux d’inflation d’environ 7,2% (chiffre officiel). Il souligne que le salaire minimum devrait garantir la sécurité alimentaire de l’individu, et ajoute : « La dernière enquête sur le budget des ménages a été réalisée en 2017 et a permis de définir les dépenses mensuelles moyennes d’un ménage composé de deux adultes et de deux enfants. Le montant actualisé des dépenses mensuelles moyennes jusqu’en 2023, sur la base du modèle de consommation de 2017, est de Rs 37 850 pour une famille de 2 adultes et 2 enfants. »
Selon le président de la ‘Federation of Parastatal Bodies and Other Union’ (FPBOU), Deepak Benydin, l’inflation réelle aurait atteint presque 10%. « Nous cherchons une compensation, pas une augmentation de salaire. Il est essentiel de comprendre la différence. La logique des choses dicte qu’une famille moyenne dépense de plus en plus pour la même corbeille ménagère », dit-il. Deepak Benydin souligne également que plusieurs familles qui avaient l’habitude de consommer « diri ration » n’ont d’autre choix que de se tourner vers du riz (un aliment de base) basmati. « Sur l’achat de riz, une famille dépense entre Rs 1200 et Rs 1500 de plus par mois », affirme-t-il. Le syndicaliste avance également que le ‘ti dimounn’ doit dépenser davantage pour des produits de base. « Les nécessités dans la vie du Mauricien commun ont augmenté. La nourriture à Maurice coûte presque autant qu’en Europe. Il est crucial de réaliser que nous sommes en 2023, les habitudes des Mauriciens ont changé, nous dépensons de plus en plus en matière technologique et de communication. Cela a aussi un coût », explique-t-il.
Hors-texte
Takesh Luckho, économiste : « L’inflation réelle est estimée à presque 15% »
« Il y aura toujours une disparité entre ce que nous dépensons et la compensation salariale. Le prix de la corbeille ménagère a été basé sur la courbe de consommation datant de 2017. L’inflation réelle actuellement n’est pas à 10 %. Elle tourne autour des 15%. De ce fait, la compensation salariale ne sera pas moins de Rs 1000. Le chiffre de Rs 1500 préconisé par les syndicats ‘makes sense’ », dit l’économiste Takesh Luckho.
Ce dernier explique que des produits digitaux que les Mauriciens consomment pèsent aussi sur les dépenses. Il parle là de l’usage d’internet et de forfait mobiles pour être connecter. « Ce sont des dépenses personnelles qui sont importantes de nos jours. Les facteurs et modes de calculs devront évoluer pour satisfaire plus de personnes ‘across the board’ », conclut-il.
