[Conditions de travail et de vie des ouvriers étrangers] Faizal Ally Beegun : « Il est grand temps que le gouvernement assume ses responsabilités »

Les conditions de travail d’ouvriers étrangers à Maurice ont été citées dans un rapport de ‘Transparentem’, organisme à but non lucratif américain qui enquête sur les violations des droits de l’homme et les atteintes à l’environnement dans les chaînes d’approvisionnement, suggérant qu’ils sont victimes d’esclavage moderne. Dans quelle mesure cela peut-il affecter  l’image du pays ? Nous faisons le point avec Faisal Ally Beegun, porte-parole des travailleurs étrangers.

In a recently published report, ‘Transparentem’ claims it found multiple signs of forced labour, defined as a form of modern slavery by the United Nation’s International Labour Organization. As well as workers paying illegal recruitment fees for their jobs, it alleges they were subjected to deception, intimidation and unsanitary living conditions – including having no access to clean drinking water, as well as cockroach and bedbug infestations’’, dit le rapport. Une des compagnies qui y est citée est REAL Garments, qui a bénéficié d’une aide financière de l’ordre de Rs 275 millions de la “Mauritius Investment Corporation” (MIC).

Faisal Ally Beegun explique que malgré des dénonciations auprès des autorités, les mauvais traitements envers ces travailleurs persistent. Pour lui, Maurice a acquis une mauvaise réputation en matière de traitement des migrants. Bien que ces travailleurs étrangers contribuent à l’économie du pays depuis 30 ans, aucune amélioration significative n’a été apportée à leurs conditions de vie et de travail, comme le mentionne l’article publié. Selon lui, le gouvernement n’a pas fait suffisamment pour améliorer la situation des travailleurs étrangers, en particulier en ce qui concerne leurs conditions de vie dans les dortoirs. Malgré les promesses de changement, le syndicaliste explique qu’il existe des dortoirs ressemblant à des poulaillers, où 50 à 90 travailleurs étrangers partagent le même espace sans aucune séparation.

Notre interlocuteur aborde également le trafic humain et estime que la situation perdure. En effet, l’article mentionne également les frais exorbitants réclamés par les recruteurs aux ouvriers pour venir travailler à Maurice. Il souligne que le pays a été cité comme un mauvais exemple, et qu’il appartient au gouvernement de répondre à ces accusations portées par la presse internationale qui pointe du doigt le pays. Faisal Ally Beegun est d’avis que l’économie du pays a besoin des travailleurs étrangers, mais il critique la façon dont ils sont traités. « En ce début d’année, Maurice est déjà perçue négativement, ce qui nuit à notre image. De plus, il est important de noter qu’une somme de Rs 2800- Rs 3000 est déduite chaque mois du salaire des travailleurs étrangers pour leurs dortoirs et leurs repas. Alors que cela était gratuit pendant 22 ans, il y a 7 ans, le gouvernement a modifié la loi, et cette déduction est maintenant en vigueur. Le contrat des travailleurs étrangers ne mentionnait pas initialement ce montant de déduction », déplore-t-il. « Les dortoirs, c’est une honte », ajoute-t-il.

 « Une telle situation peut avoir des conséquences graves, entraîner une pénurie de main-d’œuvre et donner une image négative aux visiteurs et touristes étrangers », regrette-t-il. Évoquant la possibilité d’un boycott, il souligne que la communauté internationale pourrait dissuader les parties prenantes d’investir dans le pays, et même les touristes, en raison de la situation qui prévaut à Maurice. Il met en garde le gouvernement contre les conséquences catastrophiques si la situation persiste, exhortant la prise de mesures concrètes pour éviter une détérioration de l’image du pays.

Le porte-parole invite les compagnies attribuant des contrats aux usines à Maurice à les visiter pour évaluer les conditions de vie des travailleurs. Il souligne qu’il existe toutes sortes de lois pour les intimider afin qu’ils ne dénoncent pas l’injustice. « Il est grand temps que le gouvernement assume ses responsabilités, soit plus vigilant et s’attaque aux problèmes auxquels le pays est confronté aux yeux des instances étrangères. Si la situation persiste, je n’hésiterai pas à prendre des mesures pour protéger les droits des travailleurs étrangers et les faire respecter. Il est urgent d’apporter des changements pour éviter que cette situation ne mette en péril l’économie du pays et ne le pénalise », conclut-il.