[EDITO] GAZA is bleeding

Par Zahirah RADHA

Gaza. Des bombardements qui tétanisent tout le monde. Des civils tués impitoyablement, monstrueusement, massivement. Des enfants sanglotant, en sang, ne sachant où aller. Des médecins effondrés par la souffrance et la désolation les entourant. La plus grande prison à ciel ouvert du monde s’est transformée en un cimetière géant depuis deux semaines. Personne n’est épargné. Ni petits, ni grands. Ni femmes, ni personnes âgées. Les images des restes de corps humains jonchant l’hôpital Al Ahli, censé pourtant être protégé des tirs selon les lois internationales, après une attaque particulièrement meurtrière hantent notre esprit, rendant impossible le sommeil. Qui peut rester insensible devant tant de cruauté ? Qui, ayant un minimum d’humanité, peut fermer l’œil sur cet abominable génocide pratiqué par la ‘Rogue State’ qu’est l’Israël et soutenu indécemment par l’Occident ? Qui peut encore prétendre qu’il ne s’agit pas d’un crime de guerre contre la Palestine ?

La cause palestinienne englobe incontestablement une dimension religieuse. Et qui ne peut être ignorée. Mais ceux qui croient qu’elle n’est que le problème des Musulmans font sans doute fausse route. Car la cause palestinienne est aussi, et surtout, une histoire de colonisation, d’occupation et d’apartheid contre un peuple comprenant des Musulmans, des Chrétiens, des Druzes, des Circassiens et des Bédouins. Depuis la Nakba (signifiant « catastrophe » en arabe) en 1948, Israël a imposé un régime de domination et d’oppression raciale sur le peuple palestinien. Les réfugiés sont privés cruellement de leur droit de retour et dépossédés honteusement de leurs terres et de leurs biens. Il suffit donc d’être juste, objectif, et éclairé pour comprendre les atrocités que subissent les Palestiniens aux mains meurtrières d’Israël. Des horreurs que les Palestiniens sont appelés à endurer dès leur naissance jusqu’à leur dernier soupir. Des abominations israéliennes qui font d’eux des prisonniers sur leur propre terre depuis 75 ans. Des monstruosités israéliennes qui les contraignent à subir un blocus inhumain depuis 16 ans. Un blocus qui s’est exacerbé depuis deux semaines lorsque la bande de Gaza a été mise sous siège complet, privant les Gazaouis d’eau, d’électricité, de gaz, et de nourriture. Et on ne parle même pas des raids réguliers et des persécutions quotidiennes!

Hier, aujourd’hui et demain encore, les Palestiniens sont martyrisés. Sans aucun remords. Sans aucune pitié. Gaza is bleeding. Endlessly. Pendant que la communauté internationale assiste en direct à cette extermination de masse. Dans l’horreur et l’indignation pour certains. Dans l’antipathie et l’indifférence pour d’autres. Ceux qui avaient, hier, élevé la voix pour protester contre l’invasion russe en Ukraine, restent, aujourd’hui, désespérément muets, sinon solidaires, de l’action israélienne. Une politique de deux poids deux mesures ignoble qui trahit leurs intérêts égoïstes. Les États-Unis soutiennent ouvertement l’Israël, alors que celui-ci viole allègrement ses engagements pris auprès de l’ONU. Incroyable, mais pas étonnant. Même à Maurice, le gouvernement actuel se rapproche dangereusement de l’Israël, alors que l’État mauricien a toujours été, dans le passé, pro-palestinien. Que ce soit sous le règne de Sir Seewoosagur Ramgoolam, Sir Anerood Jugnauth, Paul Bérenger ou Navin Ramgoolam. Ce dernier, lorsqu’il était Premier ministre, avait d’ailleurs rompu toutes les relations diplomatiques avec l’Israël le 26 décembre 2009, faisant de Maurice l’un des quatre pays à avoir pris une telle action audacieuse. Son père, SSR, en avait fait de même en 1976, avant que les relations diplomatiques ne soient rétablies avec l’Israël en 1993 après que Maurice ait accepté la création de deux États en Palestine.

Mais Pravind Jugnauth semble avoir dérogé à cette règle établie depuis 1976. Il a non seulement renoué les relations diplomatiques et commerciales avec l’Israël, mais il semble aussi se fier à l’aide et l’expertise israélienne en matière de sécurité et … d’élections ! C’est ainsi qu’en 2017, un contrat de Rs 210 millions avait été alloué par ‘CEB Fiber Net Co. Ltd’, une compagnie subsidiaire du CEB, à ‘ECI Telecom’, une compagnie israélienne associée à l’armée israélienne, plus précisément l’‘Israel Defence Force’, et spécialisée en écoute téléphonique. Plusieurs failles avaient alors été soulevées par l’opposition concernant l’octroi de ce contrat. En vain. « ECI Telecom Ltd turns Mauritius, as a State, through the CEB and in turn through its subsidiary company, into profiteers from Israel’s crimes in occupied Palestine […] A formal stop must be made to any new forms of economic or political collusion with Israel as well. Israel is a rogue state. It is an Apartheid State », avait alors enjoint Lalit dans une lettre adressée au Deputy Prime Minister et ministre des Utilités publiques, Ivan Collendavelloo, le 19 décembre 2017. Peine perdue encore une fois.

Plus récemment, dans le sillage du gel des avoirs de l’homme d’affaires Danesh Ellayah, on aura appris que la plupart des revenus de sa compagnie, ‘DNS International Ltd’, proviendraient de la ‘Security Division’ du ‘Prime Minister’s Office’ (PMO). Dans un verdict rendu par le juge K.D. Gunesh-Balaghee en Cour suprême dans l’affaire de demande de gel des avoirs de Danesh Ellayah, de son épouse et de sa compagnie, l’on notera des transactions avec ‘Verint Systems Ltd’. Celle-ci est une compagnie israélienne proposant des solutions de communication et d’interception destinées aux gouvernements en matière de sécurité et d’espionnage. Ce qui laisse entrevoir une connexion entre le PMO et la compagnie israélienne par l’entremise de la société d’Ellayah. Pour tout simplifier, le lien Maurice-Israël existe bel et bien aujourd’hui. Et prend des proportions alarmantes. Certes, le gouvernement mauricien a condamné les attaques faites contre l’hôpital Al Ahli à Gaza le 17 octobre dernier. Mais l’on attend toujours de voir s’il rompra ses relations avec l’Israël ou du moins, s’il enverra des aides humanitaires, à travers une contribution financière, pour sauver le peuple palestinien.

Certains diront que c’est trop espérer d’un gouvernement qui a le sang d’un de ses propres agents – Soopramanien Kistnen – sur sa conscience pour qu’il vienne en aide à la Palestine. Mais on ose encore croire que, dans un sursaut de prise de conscience, il laissera de côté ses propres intérêts, pour ne pas mettre en péril tous les efforts des gouvernements successifs depuis 1976 – sauf le sien – pour apporter leur soutien à la cause palestinienne. Avec l’escalade de violences contre les Palestiniens, et le risque que cette guerre ne dégénère éventuellement en une guerre mondiale, comme le craignent certains, il nous faudra unir nos forces pour réclamer un cessez-le-feu immédiat et des sanctions fermes contre l’Israël. Car ses crimes ne peuvent plus rester impunis. Jusqu’ici, les accords d’Oslo n’ont pas porté de fruits. L’ONU, malgré ses centaines de résolutions blâmant l’Israël, a failli dans sa démarche. Face aux innombrables victimes, il est plus qu’urgent aujourd’hui de réveiller la conscience populaire et surtout, d’agir. Chaque voix compte. Unissons donc nos voix. Disons NON aux atrocités israéliennes. Réclamons des négociations paisibles pour une solution durable, même si celles-ci paraissent de plus en plus difficiles. Boycottons les produits israéliens.