« Mo destin dan ou la main. Mo espéré ou koné ki ou bizin fer ». C’est en ces termes que le Premier ministre Pravind Jugnauth a sollicité les faveurs des Mauriciennes présentes au SVICC à l’occasion de la journée internationale de la femme vendredi. Une phrase lourde de sens, surtout à l’entame de la dernière ligne droite menant aux prochaines élections générales. Cette façon ô combien révélatrice de courtiser la gente féminine pour solliciter ses votes en dit long sur l’état d’esprit du chef du gouvernement. Et comme pour bien l’appâter, il a rappelé, de façon élogieuse, que son gouvernement a été le premier à nommer des femmes à des postes clés. Que Pravind Jugnauth se rassure ! Les femmes n’ont certainement pas la mémoire courte. Elles se souviennent dans les moindres détails de ces nominations. Et elles n’ont aucune raison d’en être fières !
Prenons d’abord Ameenah Gurib-Fakim. La toute première femme à occuper les fonctions de présidente de la République a été contrainte de mettre fin prématurément à son mandat dans des circonstances troublantes. Jamais auparavant la présidence n’a été ainsi traînée dans la boue. Pravind Jugnauth le sait très bien, ayant lui-même forcé la scientifique à la démission. Il y a ensuite la tante du chef du gouvernement, Maya Hanoomanjee. À part le fait qu’elle s’est distinguée pour ses célèbres « I order you out !», la première Speaker femme de l’Assemblée nationale n’a cesse de faire montre de partialité dans ses positions, allant même jusqu’à être présente à une fête du MSM. Et que dire de sa fille Naila (on fait l’impasse sur les biscuits de Sheila) ? Celle qui ne connaissait même pas pour quel poste elle postulait est si compétente qu’elle ne cesse de voir grossir sa fiche de paie au sein de Landscope. Doit-on évoquer l’épisode Roubina Jadoo-Jaunboccus, contrainte à la démission comme ministre après les conclusions du rapport Lam Shang Leen ? Et il ne s’agit là que de quelques exemples…
Les employées licenciées de Palmar Ltée, elles, n’ont pas attendu que Pravind Jugnauth leur lance un SOS en vue des prochaines élections pour lui donner leur verdict. Dès la veille, elles avaient déjà décidé qu’elles l’enverraient dans « caro canne » (ou karolah, comme diront certains) le moment venu. Elles n’oublieront pas comment le Premier ministre a refusé de les rencontrer alors qu’elles poireautaient, les larmes aux yeux et la peur au ventre, devant le PMO dans l’espoir qu’il trouverait une solution à leurs problèmes. Ces braves femmes ne sont pas les seules à en avoir décidé, d’ailleurs. Et les raisons ne manquent pas pour justifier leur choix. Oui, les femmes, qui constituent plus que la moitié de la population, scelleront bientôt le destin de Pravind Jugnauth. Ce sera soit l’hôtel du gouvernement (par la porte ouverte et non par l’imposte), soit karolah…