[EDITO] Une question de crédibilité

La marmite politique est en ébullition. Alors que le gouvernement et ses alliés, à l’exception du ML qui est en mode offside, se préparent activement pour le meeting du 1er mai, le dernier de ce présent mandat, l’opposition parlementaire, elle, rencontre certaines difficultés concernant la répartition des tickets. Un exercice on ne peut plus périlleux. Il fallait d’ailleurs être dupe pour croire que cela allait être facile. Raison pour laquelle les trois partis que sont le PTr, le MMM et le PMSD avaient mis du temps à annoncer la concrétisation de leur alliance. Plus que le nombre de tickets que chaque parti allait obtenir, c’est l’intérêt commun que les trois partis avaient pour le pays qui avait alors prévalu. Un objectif unanime qui plaçait l’avenir du pays au-dessus de toutes autres considérations politiques ou personnelles. Mais arrivé un moment, il fallait bien évidemment discuter de répartition des tickets. Surtout lorsqu’on est déjà en campagne pré-électorale.

La répartition 35-17-8 n’a pas séduit le MMM, et encore moins le PMSD. Paul Bérenger a exprimé son insatisfaction publiquement hier, mais a néanmoins choisi de placer les intérêts du pays avant ceux de son parti. Quant au PMSD, la pilule lui semble être plus difficile à avaler. De la voix de son leader, Xavier Luc Duval, et auparavant de son fils Adrien, les bleus veulent avoir plus de considération. Même si jusqu’ici, l’alliance PTr-MMM-PMSD est toujours on, elle reste néanmoins compromise. La situation n’a pu être décantée, en dépit d’une rencontre « franche et amicale » du fils Duval avec le leader du PTr vendredi, qualifiée d’ailleurs de « très positive » par le leader du PMSD, hier. Toujours est-il que c’est le statu quo du côté du PMSD. Une situation malheureuse qui agrémente le suspense et la tension. En face d’eux, c’est Pravind Jugnauth qui doit rire jusqu’aux oreilles, la situation actuelle jouant plus en sa faveur, et faisant perdre des points à l’opposition parlementaire.

La solution, soutient Xavier Duval, doit être trouvée par les trois partis, et non seulement par le PMSD. Toujours est-il que le dilemme est beaucoup grand pour les bleus. En l’absence d’une solution acceptable pour le PMSD, il s’exclura automatiquement de l’alliance parlementaire. Et puisqu’une coalition avec les autres partis extra-parlementaires ne lui mènera nulle part, il devra alors s’allier de nouveau avec le MSM, comme il l’avait fait en 2014. Or, si un tel scénario devait se réaliser, c’est la crédibilité de Xavier Duval qui sera écorchée vive. Comment va-t-il convaincre son électorat et la population de sa bonne foi alors qu’il avait mis un terme à son alliance avec le MSM en démissionnant du gouvernement en décembre 2016 avec en toile de fond le ‘Prosecution Commission Bill’ ? D’autant que la ‘Financial Crimes Commission’, une ‘Prosecution Commission’ bis qu’il a lui-même critiquée, vient d’entrer en opération ? Difficile de croire que les électeurs avaleront une telle couleuvre. Sans oublier que le leader de l’opposition a objecté formellement à la nomination de Navin Beekarry à la tête de la FCC.

Pour corser l’addition, le PMSD risque de connaître une nouvelle hémorragie, comme celle causée par le départ de Salim Abbas Mamode en avril 2021. Cette fois-ci, le dommage pourrait être encore plus conséquent, avec au moins deux de ses quatre députés qui risquent de claquer la porte du parti, ne se voyant pas comme alliés du MSM qu’ils ont tant critiqué et décrié. Des défections dont la bassecour bleue peut se passer. « Le PMSD pourrait effectivement obtenir trois fois plus de tickets chez le MSM. Mais avec trois fois moins de chances de faire élire ses candidats ». Cette observation faite par Jean Claude de l’Estrac dans l’Express du 25 mars 2024 doit pousser le PMSD à la réflexion. Surtout au moment où certains veulent être récompensés par un ticket pour leurs sacrifices consentis en 2016 en démissionnant du gouvernement. Ces derniers n’avaient-ils pas eu de tickets en guise de récompense lorsqu’ils étaient en alliance avec le PTr aux élections de 2019 ? Cet argument, avouons-le, ne convainc pas.

Cependant, rien n’est encore perdu. La raison et l’intérêt public doivent prévaloir sur les états d’âmes. Il y va de l’avenir du pays. Une solution doit être trouvée dès cette semaine pour que les préparatifs en vue du meeting du 1er mai, prévu dans trois semaines, puissent être abordés avec plus de sérénité. Le temps presse.