[EDITO] Enjeux

Partielle au no. 10 ou pas, les échéances électorales approchent à grand pas. Selon les dispositions de la loi, une partielle à Montagne-Blanche/ Grande-Rivière-Sud-Est, si elle a lieu, doit se tenir au plus tard le 10 octobre 2024. L’Assemblée nationale, elle, sera automatiquement dissoute le 21 novembre 2024. Ce qui laisse présager que le Premier ministre optera plutôt pour des élections générales anticipées. Auquel cas, il dispose de deux options. Primo, il peut dissoudre le Parlement le 11 juillet 2024, s’il veut éviter de déclencher le mécanisme électoral pour une partielle. Secundo, il peut rééditer sa stratégie de 2019 suivant la démission de Vishnu Lutchmeenaraidoo comme ministre et député au no. 7. On se souviendra ainsi qu’il avait dissous le Parlement le 6 octobre pour appeler la population aux urnes le 7 novembre. Et ce, à cinq semaines de la partielle qui était déjà fixée pour le 13 novembre, et moins de deux mois après le ‘Nomination Day’ qui avait déjà eu lieu le 17 août. Une stratégie qui consistait à prendre ses adversaires politiques au dépourvu, tout en abusant des ressources de l’État.

Cette fois-ci, l’enjeu électoral est encore plus grand que celui de 2019 pour le gouvernement. Il ne s’agit pas uniquement de reprendre le pouvoir pour poursuivre sa politique de ‘maja karo’, mais aussi de répondre de ses actes. Car l’heure de rendre des comptes sonnera bientôt. Pas dans l’hémicycle où le Speaker Sooroojdev Phokeer se permet de s’ériger en goalkeeper, avec la complicité du Leader of the House. Mais d’abord sur le terrain et ensuite dans les urnes. Outre le fait qu’il soit déjà secoué par de nombreux scandales, le gouvernement est aussi confronté à l’usure du pouvoir. En dépit du salaire minimum et des diverses allocations financières accordées par le gouvernement, la hausse continue du coût de la vie n’arrange pas les choses. La politique d’opacité, la corruption galopante, le sentiment d’insécurité et la faillite du système éducatif accentuent le sentiment de dégoût au sein de la population, poussant même les jeunes à aller voir ailleurs. Autant de facteurs qui indiquent que la prochaine joute électorale sera rude pour le MSM et ses alliés composés du trio Collendavelloo-Obeegadoo-Ganoo. Et ce, même si Pravind Jugnauth écarte tous ses pions actuels au profit de sang neuf.

L’enjeu ne sera pas moins important pour l’alliance PTr-MMM-PMSD. Le Dr Navin Ramgoolam le reconnait lui-même dans son message qu’il a publié sur Facebook à l’occasion du 88ème anniversaire du PTr. « Aujourd’hui, j’ai la responsabilité de mener avec nos alliés, le MMM et le PMSD, un nouveau combat de libération face à un régime qui a confisqué nos libertés, bafoué nos droits, dilapidé notre héritage et instauré une mafia qui gangrène nos institutions […] Après les élections de 1967, les prochaines élections de 2024 résonnent à nouveau comme celles de la libération et il sera vital de faire le bon choix. Ce choix garantira aux générations actuelles et futures de pouvoir vivre dans une île Maurice juste, prospère et durable », dit-il. Un combat qui sera loin d’être facile, même si la vague de mécontentement s’accentue dans le pays. D’abord, l’alliance PTr-MMM-PMSD devra faire face à un abus outrancier des appareils de l’État, couplé du « war chest » que le Sun Trust et ses bailleurs de fonds n’hésiteront pas à mettre à contribution. Et ensuite parce que l’électorat réclame du renouveau, que ce soit en termes d’engagements, d’approche, de vision, de programme, et de visages. L’alliance PTr-MMM-PMSD s’est déjà mise au travail, certes. Mais encore faut-il qu’elle prouve ses bonnes intentions, maintenant que les dés sont jetés.