[EDITO] Petits saints

Par Zahirah RADHA

Plus les jours passent, plus le CEB s’enlise dans la mélasse. Personne – ni au sein du gouvernement, ni au sein de cet organisme – n’a tiré des leçons du passé. Hier, c’était Saint-Louis. Aujourd’hui, c’est Corex Solar. Les bénéficiaires changent. Mais les irrégularités entourant des contrats perdurent. Peu importe le directeur général, le chairman et le board qui y siègent. La seule différence, c’est que dans le cas de Saint-Louis, le ministre de tutelle, Ivan Collendavelloo, n’était pas du MSM, mais du ML. Donc, éjectable. Et négligeable. L’affaire Saint-Louis l’a ainsi fait sauter comme un bouchon de champagne. En dépit du fait qu’il est le leader de ce parti et partenaire d’alliance du chef du gouvernement. Il est tenu à ravaler son amour-propre. Puisqu’à la minute où il ouvre sa bouche, il se retrouvera probablement derrière les barreaux. L’ICAC, qui l’a jusqu’ici laissé dormir sur ses deux oreilles, s’en chargera. Sherry Singh en est l’exemple.

Par contre, l’actuel ministre de l’Énergie et des services publics, Joe Lesjongard, est, lui, du MSM. Il en est, de surcroit, le président. Donc, intouchable. Et irréprochable. Comme l’est aussi Maneesh Gobin, bien que celui-ci soit sur le gril avec l’affaire Stag Party. Ainsi, malgré le chapelet de reproches de Joanna Bérenger et Patrick Assirvaden contre le CEB, Joe Lesjongard n’aura rien à se reprocher quant à leurs allégations d’irrégularités et de favoritisme contre Corex Solar. Car, aux yeux de son chef au cabinet, le fait d’être membre du MSM le rend de facto chaste et inoffensif. Comme le sont l’ancien ministre Yogida Sawmynaden et l’ex-PPS Rajanah Dhaliah, en dépit des charges qui pèsent sur eux en Cour. Par conséquent, que le board change ou pas, le CEB n’est pas près de sortir des ténèbres de la mauvaise gouvernance. Comme toutes les autres institutions d’ailleurs. Du moins, pas sous ce gouvernement où siègent des petits saints.

La STC n’est guère différente du CEB. Hier, c’était l’‘emergency procurement’ pour l’achat des équipements médicaux. Ce qui avait mené à l’arrestation de l’ancien directeur général de l’organisme. Aujourd’hui, c’est l’octroi controversé d’un contrat au ‘Mercantile & Maritime Group’ (MMG). Demain, ce sera possiblement un autre. Et pourtant, l’organisme a eu un nouveau responsable à sa tête depuis deux ans. Mais les pratiques. Les maux résident encore et toujours dans des appels d’offres. Ou parfois, l’absence d’appels d’offres. Les lois, les règlements, les critères sont abusés, contournés, modifiés pour arriver à leurs fins. Le problème, ce ne sont pas les institutions elles-mêmes. Le danger, c’est la politisation de ces institutions. Une politisation outrancière et dangereuse basée et centrée autour du copinage et de l’appât du gain facile. Raison pour laquelle c’est tout le système qui doit être revu. À commencer par les nominations à la tête des institutions, suivis par les procédures et les lois régissant les appels d’offres ainsi qu’une révision des sanctions légales pour sévir contre ceux qui contournent les règlements aussi bien que ceux qui donnent des directives pour le faire. Et ce n’est pas sous ce gouvernement qu’on verra ce changement de système.