Élimination et appréhensions

Se dirige-t-on vers une abolition du Best Loser System ? Cette question est sur toutes les lèvres depuis que le comité interministériel a soumis son rapport sur la réforme électorale. Tant qu’une ébauche du projet de loi ne soit pas présentée à l’Assemblée nationale, nul ne saura exactement de quoi elle est constituée. L’on peut toutefois être sûr que le Best Loser System, qui demeure l’un des axes majeurs de tout projet de réforme électorale, retiendra une attention particulière car suscitant des appréhensions. Théoriquement, le gouvernement aurait signalé son intention de le maintenir. Dans la pratique cependant, l’on a des raisons de croire que ce système, censé garantir la représentativité des minorités au sein de l’Hémicycle, sera automatiquement éliminé.

D’abord, l’éventualité que les candidats n’ont plus l’obligation de déclarer leur appartenance ethnique mettra de facto un terme au Best Loser System. Il appartiendra alors aux leaders des partis politiques le choix de repêcher des candidats afin de maintenir une meilleure représentation de toutes les communautés à l’Assemblée nationale. Mais sur quels critères ces derniers s’appuieront-ils pour effectuer cet exercice de rééquilibrage ? Comment détermineront-ils quelle communauté est sous-représentée ou pas sans tomber ironiquement dans des calculs communaux et ethniques ? Les candidats devront-ils décliner leur appartenance ethnique sur la ‘party list’ ? Et comment les candidats pourront-ils contester la décision de leurs leaders au cas où leurs choix ne reflètent pas une représentation juste et équitable de toutes les composantes de la société ?

Il ne faut pas se faire d’illusions. Une telle formule, si elle n’est pas bien définie et règlementée, pourrait engendrer plus de déséquilibre et de frustration parmi les minorités. Bien que le Best Loser System soit révolu et qu’il est grand temps qu’il soit revu, il faut néanmoins s’assurer qu’aucune communauté ne se sente lésée. Le gouvernement marche donc sur des charbons ardents. Il serait ainsi intéressant de voir quelle position le ministre Anwar Husnoo ou le député Showkutally Soodhun adopteront face à cette proposition. Anwar Husnoo, on le sait, est résolument contre l’abolition du Best Loser System alors que Showkutally Soodhun a lui-même déjà bénéficié de ce système en 2005 notamment. Resteront-ils fidèles à leurs convictions ou suivront-ils la ligne du gouvernement ? Il ne nous coûte rien pour attendre.

Entretemps, Paul Bérenger a déjà fait savoir que les élus de son parti pourraient voter en faveur de la réforme « under protest ». Et ce, avant même que l’ébauche du projet de loi ne soit présenté ! À moins qu’il ne soit dans le secret des dieux. Ou que l’étape de « koz kozé » ne soit de nouveau « on » avec le MSM…