Sheila Bunwaree, universitaire, sociologue et consultante en gouvernance et développement politique, estime que le salaire minimum est positif, mais insiste cependant sur l’importance de pouvoir contrôler les autres paramètres de l’économie, surtout l’inflation. « Les travailleurs mauriciens et tous ceux au bas de l’échelle souffrent énormément de la montée des prix sur pratiquement tous les articles de base, ce qui est nécessaire pour préserver la dignité humaine. Cette perte de pouvoir d’achat a également pour conséquence la dépréciation de notre roupie et le fait que le manque de devises étrangères affecte beaucoup ceux qui doivent payer les études de leurs enfants ou qui ont besoin d’importations vitales pour leurs entreprises, pour ne prendre que ces deux exemples. Donc, vous voyez bien que tout est lié », explique-t-elle.
« Certes, les personnes âgées méritent aussi une qualité de vie digne de ce nom. La question qu’on peut se poser est la suivante : est-ce qu’elles jouissent toutes de leur pension de vieillesse ? Combien de mamans pleurent et nous disent que leurs enfants, qui sont malheureusement des victimes de la drogue, leur prennent leurs pensions ? Combien de personnes âgées nous disent qu’elles n’ont personne pour les aider dans les tâches de la vie quotidienne, surtout celles qui sont malades, et qu’elles vivent dans une grande solitude et que cela les peine énormément ? Est-ce là des questions auxquelles on cherche des réponses, et il y a tant d’autres problèmes auxquels les pensionnés font face. Est-ce que les autorités ont mené une étude sur les conditions de vie des personnes âgées ? Il ne suffit pas d’offrir des augmentations de pension et de croire que tous les problèmes sont réglés. Le bien-être physique et mental des seniors dépend de nombreux autres facteurs. Il y a toute une étude à mettre en place pour mieux comprendre ce qui se passe dans notre société. Les promesses électorales sont parfois vides de sens et nous rappellent l’importance de revoir notre système politique, économique et social complètement », ajoute-t-elle.
Selon Sheila Bunwaree, la question de la réforme électorale ne peut être dissociée du débat sur l’approfondissement de la démocratie. Elle estime que chaque citoyen ou citoyenne doit pouvoir comprendre ce qu’est la réforme électorale et comment cela touche leur participation à la vie politique de la république, et que même si une certaine dose de technicité est parfois inévitable, il faut que les dirigeants politiques s’assurent que tout le monde comprenne les enjeux de toute réforme proposée. « Si on se sert d’une approche techniciste pour essayer de camoufler les intérêts de certains aux dépens des autres, il y a un problème. Trois des plus grands problèmes de notre système électoral actuel sont :
(1) La disparité qui existe entre le pourcentage de votes obtenus aux élections et le nombre de sièges reçu par le parti ou l’alliance en question, donc le syndrome du “winner takes it all” qui démontre l’iniquité du système ;
(2) La question des ‘best losers’ et comment s’assurer d’une bonne dose de proportionnelle tout en gardant à l’esprit que toute minorité doit être rassurée, et enfin ;(3) La sous-représentation féminine car le système de “first past the post” que nous avons, est très ‘gender unfriendly’ contrairement à la proportionnelle. Ceci dit, il faut bien comprendre qu’une meilleure représentation féminine ne dépend pas seulement d’une réforme électorale mais plutôt de la