Explosions au port de Beyrouth : trois ans après la tragédie, le long chemin vers la justice

Trois ans après les explosions meurtrières survenues au port de Beyrouth, les familles et les proches des victimes restent privés de justice au Liban. Toutefois, le bureau d’accusation mis en place par l’Ordre des avocats de Beyrouth, dès le lendemain des explosions, parvient, grâce à une stratégie d’internationalisation des actions civiles, à avancer sur le chemin de la vérité avec la condamnation, en juin, à Londres, d’une mystérieuse société enregistrée au Royaume-Uni.

“Pour la justice et la responsabilité, nous persévérons.” C’est le slogan choisi par les proches des victimes pour les commémorations, trois ans après la catastrophe, de la double explosion survenue le 4 août 2020 dans le port de Beyrouth, qui a fait au moins 220 morts, plus de 6 500 blessés et ravagé la capitale libanaise.

Les organisateurs ont appelé les Libanais à participer massivement aux manifestations prévues dans le pays et à l’étranger pour empêcher que cette cause ne tombe dans l’oubli.

Ces explosions cataclysmiques avaient été provoquées par un incendie dans le hangar où étaient stockées des centaines de tonnes de nitrate d’ammonium, sans mesure de sécurité depuis leur déchargement dans le port de Beyrouth en 2013. Depuis le drame, les familles sont en quête de justice et vérité, appuyées dans ce combat par un bureau d’accusation mis en place par l’Ordre des avocats de Beyrouth.

“Quand les explosions ont eu lieu, aucune des composantes de l’État libanais n’a réagi, rappelle Me Nasri Diab, professeur des Facultés de droit et avocat aux barreaux de Beyrouth et de Paris. Seules des initiatives privées ont vu le jour, parmi lesquelles la mise en place d’un bureau d’accusation à la disposition des victimes et des représentants de victimes décédées, composé d’une vingtaine d’avocats, dont je fais partie, qui travaillent gracieusement depuis trois ans”.