Le jeudi 29 février, le Premier ministre a procédé à l’inauguration des nouvelles infrastructures à Agaléga, à savoir la piste d’atterrissage et la nouvelle jetée. Le coût de ce projet est estimé à Rs 8.8 milliards, avec le soutien du gouvernement indien de Narendra Modi. Selon le PM, le but de ce projet est d’améliorer en priorité la vie des habitants de cette île, en misant principalement sur les activités économiques. Ces développements aideront également Maurice dans plusieurs domaines, tels que la lutte contre le trafic humain et la protection de notre zone marine, selon Pravind Jugnauth.
Les habitants d’Agaléga ont exprimé leurs craintes et leurs appréhensions suite à l’inauguration de cette piste d’atterrissage, soulignant les manquements auxquels ils sont confrontés. « Pravind Jugnauth presque 10 ans fin au pouvoir mais li pan faire narien pour ban Agaléens », expliquent-ils. « Il n’a pas eu la moindre considération pour la façon dont nous menons notre vie sur cette île. Mis à part le développement, d’autres préoccupations doivent être prises en compte », ajoutent-t-ils. « Nous accueillir sa developpement la avec ene lecoeur lourd », déclare pour sa part Franco Poulay, résidant de Agaléga et porte-parole des Agaléens. Il soutient que cette initiative de la part du gouvernement ne leur est pas favorable, car rien n’est fait dans leur intérêt.
Manque d’enseignants dans les établissements
Il y a un manque d’enseignants dans les établissements scolaires à Agaléga. Alors que le gouvernement affirme vouloir mettre l’accent sur l’éducation, les Agaléens semblent être négligés à cet égard. « Personne ne sait ce que l’avenir réserve à nos enfants », s’insurge Franco Poulay. « C’est une scène désolante de voir une telle situation alors que le monde évolue à grande vitesse. Nos enfants ont du potentiel, mais ils doivent recevoir une éducation adéquate. Les problèmes concernant l’éducation doivent être revus au plus vite car cela concerne l’avenir de nos enfants et on ne peut pas rester insensible face à une telle situation. En ce qui concerne les établissements scolaires, il n’y a pas de terrain de football pour que les élèves du Medco Collège puissent pratiquer leur sport pendant les récréations », ajoute-t-il. Une élève de ce collège a déclaré qu’elle souhaite avoir plus d’enseignants pour pouvoir étudier d’autres matières. Elle déplore qu’un enseignant doive traiter 4 à 5 sujets en une journée, ce qui est inacceptable pour eux.
Franco Poulay explique que les habitants ne sont pas contre le développement, mais qu’il doit y avoir une égalité dans ce que le gouvernement fait, et qu’il doit y avoir des développements dans l’intérêt du peuple. « Nous sommes ravis qu’il y ait des développements, mais nous voulons des développements dans l’intérêt des habitants d’Agaléga », dit-il. Selon lui, avant de se lancer dans ces projets, il n’y a eu aucun dialogue entre les autorités et les Agaléens pour que ces derniers soient informés de ce qui se passe sur leur île natale. « Le problème ce n’est pas le gouvernement, mais le manque de dialogue et de considération de la part des autorités », explique-t-il.
Manque de logements et de produits alimentaires
Au niveau du logement, il n’y a pas assez de maisons pour les habitants. Les grandes familles avec plus de 5 personnes doivent partager la maison, ce qui est très difficile étant donné l’espace limité. Les Agaléens ne peuvent pas devenir propriétaires de leur maison ou de leur terrain, alors qu’ils réclament depuis un certain temps le droit de le faire. « Depi 10 ans ene gouvernement sur place ene lakaz li pas monté…b kot l’interet pour Agaléen la ? », lance Franco Poulay.
Il déplore également un manque de produits alimentaires dans les boutiques. Les produits dont ils ont besoin ne sont pas disponibles. « Nous demandons plus de transparence dans les démarches du gouvernement concernant les problèmes auxquels nous sommes confrontés », déclare-t-il.
Pas de système de santé
Selon notre interlocuteur, il n’y a eu aucune amélioration au niveau de la santé des Agaléens. « Nous ban madam pe bizin encore vin Maurice pour accouche nous ban zenfant. Cette situation persiste alors que le monde connaît de grands développements. C’est triste que les réponses du Premier ministre ne soient pas convaincantes. Il promet des changements au peuple d’Agaléga, mais quand pourra-t-il les effectuer alors qu’il arrive à la fin de son mandat ? », interroge-t-il.
Hors texte
Pravind Jugnauth : « Pas de base militaire à Agaléga »
Lors de son discours durant l’inauguration de la jetée et de la piste d’atterrissage, le Premier ministre Pravind Jugnauth a déclaré qu’il n’y aurait pas de base militaire à Agaléga, et que les infrastructures seraient gérées par l’État mauricien.
