[Inaugurations en série] Le Premier ministre en mode « coupe ruban »

La machinerie électorale est en marche « in full mode » du côté du gouvernement. Les projets s’accélèrent et iront crescendo jusqu’à la dissolution du Parlement. Histoire de démontrer que le gouvernement n’a pas chômé durant son mandat et de pouvoir se vanter d’un bilan que ce soit sur le plan infrastructurel, en dépit de l’échec du projet Metro Express, ou sur le plan d’autres projets. Des cérémonies de « coupe ruban » sont d’ailleurs déjà prévues. Rien que cette semaine, trois cérémonies d’envergures étaient prévues, mais finalement deux seulement pourront être concrétisées, le cyclone Eleanor ayant bouleversé le plan du gouvernement.

Ainsi, on aura droit au lancement de la nouvelle carte d’identité biométrique par le Premier ministre, Pravind Jugnauth. Initialement prévue pour jeudi dernier, cet évènement a dû être renvoyé en raison du cyclone Eleanor. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la date de l’entrée en vigueur de la MNIC a été, pour une fois, scrupuleusement respectée. Est-ce un hasard ? Non ! Puisqu’un ‘Steering Committee’ et un ‘Technical Committee’, ainsi que cinq sous-comités avaient été mis sur pied pour s’assurer que le projet soit prêt à temps, selon les propres dires de Pravind Jugnauth qui répondait à une question parlementaire du député Deven Nagalingum le 11 juillet 2023.

Pourquoi le gouvernement s’est-il donné autant de peine pour ce projet précis alors que d’autres ont mis du temps, tout en coûtant des yeux de la tête pour être complétés ? La raison semble évidente. Il fallait que cette nouvelle ID Card soit prête avant les élections. Pourquoi ? La raison est simple, selon des observateurs et politiciens de l’opposition. L’utilisation de la version digitale de cette nouvelle carte, qui devrait comprendre un QR Code pour l’usage et les transactions électroniques, pourrait donner lieu à des irrégularités, des manipulations ou même des fraudes électorales, en utilisant les données biométriques de ceux qui ne sont pas au pays, par exemple.

Une fois la MNIC officiellement lancée, le chef du gouvernement mettra le cap sur Agaléga où la piste d’atterrissage et la nouvelle jetée seront inaugurées. Le Premier ministre indien, Narendra Modi, y participera par visioconférence. Une importante délégation officielle doit s’y rendre. Le leader de l’Opposition, Xavier Duval, a également été invité, mais ce dernier n’est pas actuellement au pays. Des députés de la circonscription no. 3, dont Adil Ameer Meea, Shakeel Mohamed et Eshan Juman ont aussi reçu une invitation et ils devraient en principe s’y rendre, d’autant qu’ils ont vainement fait plusieurs demandes pour s’y rendre dans le passé. Cinq membres de la presse feront aussi partie de la délégation.

Le gouvernement semble avoir mis le paquet pour cet événement, d’autant que ce projet bénéficiant du soutien du gouvernement indien a provoqué pas mal d’interrogations. Est-ce une stratégie pour le gouvernement de faire taire les détracteurs avant les élections générales ? On devra y voir plus clair bientôt.

Prévue pour jeudi dernier, soit le même jour que le lancement de la nouvelle carte d’identité, l’inauguration en fanfare du viaduc reliant Chebel à Sorèze, répondant au nom de SAJ, ainsi que la route A1-M1 a dû également être reportée en raison du cyclone Eleanor. A ce jour, aucune indication n’a transpiré sur la nouvelle date prévue pour la cérémonie de « coupe ruban ». Il faudra probablement que Pravind Jugnauth rentre au pays après sa mission à Agaléga pour que le nécessaire soit fait. D’une longueur de 33 mètres et au coût de Rs 4, 31 milliards, le SAJ Bridge est considéré comme l’un projets les plus prestigieux de ce gouvernement. Mais encore une fois, il n’est pas au-dessus de critiques.

En effet, dans une lettre adressée au ministre Bobby Hurreeram le 21 février, Rama Valayden, dirigeant de Linion Moris, l’a exhorté à procéder à un deuxième test de sécurité du viaduc avant que celui-ci ne soit ouvert pour assurer sa solidité. « You are fully aware that the south African engineers did draw the attention of all those involved of the inherent dangers. At one moment in time, there were even a lot of hushed talks that the plans as per the engineer reports were not respected. LINION MORIS fears that any rush to allow travelling over the above-mentioned bridge might lead to untold consequences. To allay our fears please do several tests, if need be, to reassure the public before any accident happens. Lives are more important than any cheap political point », a soutenu Rama Valayden.