Irlande du Nord : Belfast ébranlée par des émeutes à cause du Brexit

Le Brexit attise plus que jamais les tensions à Belfast, la capitale de l’Irlande du Nord. De violents affrontements, marqués par des jets de pierres et de cocktails Molotov, ont eu lieu dans la nuit du jeudi 8 au vendredi 9 avril entre les émeutiers et la police. En cause, le retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne, qui ébranle un fragile équilibre entre les communautés de la ville.

Des centaines de jeunes hommes et adolescents se sont rassemblés dès le début de soirée jeudi dans un quartier de l’ouest de la ville, sujette à de vives tensions politiques et liées au Brexit. Certains avaient empilé des briques dans un chariot de supermarché, a constaté un journaliste de l’Agence France-Presse, tandis que les habitants se montraient peu enclins à parler.

Masqués et munis de cagoules, ils ont catapulté des pierres, briques, pétards et bouteilles en direction des barrages érigés par la police antiémeute, à l’aide de leurs véhicules blindés. Armés de matraques et de boucliers, les forces de l’ordre ont repoussé les émeutiers, tandis que les habitants du quartier étaient réduits à contempler le spectacle derrière leurs fenêtres. Par la suite, les policiers ont eu recours à un imposant canon à eau lorsqu’un groupe d’hommes a tenté de forcer un barrage à l’aide d’une voiture vandalisée.

50 policiers blessés depuis le début des émeutes

Usant de haut-parleurs, les forces de l’ordre ont appelé les manifestants à se disperser sous peine d’arrestation : « Il pourra être fait usage de la force », a prévenu une voix féminine dans le micro. La police avait par ailleurs tenté de faire appel à des personnes influentes de la communauté pour qu’elles dissuadent les habitants de se joindre aux émeutes.

Quelques dizaines de personnes âgées, hommes et femmes, se sont rassemblées jeudi près des sites où avaient eu lieu les violences de la veille, empêchant de laisser les émeutiers s’approcher ou éteignant un feu à proximité. Les violences des derniers jours ont déjà fait plus de 50 blessés dans la police et font resurgir le spectre des trois décennies sanglantes des « Troubles » entre républicains, principalement des catholiques partisans de la réunification avec l’Irlande, et unionistes protestants, qui ont fait 3 500 morts.

Les unionistes fustigent une « trahison » de la part de Londres

La semaine dernière, des violences avaient d’abord éclaté dans la ville de Londonderry, avant de gagner un quartier loyaliste de Belfast et ses abords, pendant le week-end de Pâques. Le Brexit est venu fragiliser le délicat équilibre dans la province, en nécessitant l’introduction des contrôles douaniers entre le Royaume-Uni et l’Union européenne.

Destinés à éviter le retour d’une frontière physique entre la province britannique et la République d’Irlande, membre de l’UE, les contrôles se tiennent dans les ports nord-irlandais. Malgré une période de grâce pour permettre aux entreprises de s’adapter, ces nouvelles dispositions perturbent les approvisionnements et sont dénoncées par les unionistes comme une frontière entre l’Irlande du Nord et la Grande-Bretagne et une trahison de la part de Londres.

Attisant les tensions, les autorités nord-irlandaises ont décidé de ne pas poursuivre des responsables du parti républicain Sinn Fein, qui avaient assisté aux obsèques d’un ancien chef paramilitaire malgré les restrictions contre le coronavirus.