[EDITO] FARCE

Par Zahirah RADHA

Révoqué, désavoué mais il s’accroche toujours au MSM. Vikram Hurdoyal est ainsi devenu un Ivan Collendavelloo bis. On le croyait pourtant d’une autre trempe lorsqu’il avait démissionné de l’Assemblée nationale. Mais il a visiblement cet ADN du MSM qui déleste tous ceux qui l’entourent de tout amour propre. Il a donc mis sa dignité, s’il en avait, de côté et déploie sa force et ses moyens en vue de la mobilisation pour le meeting du 1er mai à Vacoas. Pour bien démontrer sa loyauté, il a même publié sa photo à côté du Premier ministre, Pravind Jugnauth, sur sa page Facebook.

Si nous ne sommes pas surpris par ce développement, il illustre, par contre, la façon dont opère le gouvernement MSM de Pravind Jugnauth. Il révoque – sélectivement – ses ministres sur qui pèsent des allégations de corruption et de maldonnes, mais ne donne ni les raisons, ni ne sont-ils inquiétés par la suite par les autorités. Les révoqués sont ainsi obligés de lui rester fidèle, les mains liées, la queue entre les jambes, de peur qu’ils ne connaissent le même sort que Sherry Singh par exemple. C’est cette même crainte qui a contraint les Vishnu Lutchmeenaraidoo et Nando Bodha à ne rien dévoiler explicitement des manœuvres de Lakwizinn.

Révoqué en juin 2020, Ivan Collendavelloo n’a été ni arrêté et inculpé ni tout à fait épargné et lavé de tout blâme. L’affaire Saint-Louis est devenue une farce, malgré la gravité des allégations et ses ramifications internationales. Révoqué en février 2024, les reproches contre Vikram Hurdoyal sont toujours bien dissimulés sous le tapis. Point de transparence. Après s’être livré sur ses états d’âme, l’ex élu du no. 10 s’est mué dans le silence, ayant sans doute eu « so zanana » et au risque d’être jeté dans la poubelle. Ils sont tous les deux condamnés au silence. Libres, mais néanmoins prisonniers du bon vouloir du Premier ministre, n’ayant pas les mêmes chances et protection dont jouissent les Maneesh Gobin, Kailesh Jagutpal, et autres Anjiv Ramdhany.

Ce mercredi, à l’occasion du 1er mai, Pravind Jugnauth ne manquera pas de souligner sa détermination pour nettoyer le pays de la fraude et de la corruption. Mais il sera entouré, sur l’estrade, par des proches dont la moralité est loin d’être irréprochable. Le MSM est gangréné par la corruption et le favoritisme. Angus Road, Pack & Blister, Hyperpharm, Molnupiravir, Bo Digital, Stag Party, Constituency Clerk… Il faut rendre à César ce qui est à César. Sur le chapitre de la corruption et du ‘money politics’, le MSM est imbattable. Mais Pravind Jugnauth ose quand même jouer au « Mr Clean » et parler de coffres-forts quand il est lui-même l’héritier du bâtiment de la honte qu’est le Sun Trust et quand son camp a pu amasser un ‘war chest’ incomparable à l’argent présumément destiné au PTr et retrouvé chez Navin Ramgoolam. D’ailleurs, quelle farce que de venir avec un projet de loi sur le financement politique en fin de mandat ! Surtout quand les élections du MSM de 2019 était teintée d’allégations de financement (sac noir) par la mafia de la drogue et évoquées dans le sillage des travaux de la commission d’enquête sur la drogue. Dans une bataille où le gouvernement activera tous les leviers possibles pour démontrer sa prétendue force, il incombera aux Mauriciens d’exercer leur discernement pour distinguer le vrai du faux.