Karan Juglall, 27 ans et fondateur d’une ONG

« Mettre un sourire sur les visages des enfants malades »

Vous avez peut-être croisé le nom de Karan Juglall ou bien le nom de l’organisation ‘Enn Reve Enn Sourir’. Cette ONG a aidé plusieurs familles à sauver des enfants qui souffrent de maladies graves et qui peuvent être traités à l’étranger. Depuis son existence ‘Enn Reve Enn Sourir’ a redonné le sourire et une nouvelle vie à plusieurs enfants mauriciens. L’équipe de Sunday Times a voulu en savoir un peu plus sur l’ONG et sur son fondateur, Karan Juglall, qui nous a raconté où et quand tout a commencé.

Budheswar Kumar Juglall, mieux connu comme Karan, est né à Vallée-Pitôt, Port Louis. Diplômé en Community Services de l’université Curtin, il compte actuellement poursuivre ses études à l’Open University of Mauritius. Ce jeune homme ambitieux de 27 ans vit avec son père et son petit frère. Il vient de perdre sa mère il y a deux mois, mais il ne baisse pas les bras en ce qui concerne son ONG ‘Enn Reve Enn Sourir’.

Le but de l’ONG : que tous les enfants aient les mêmes chances d’obtenir les meilleurs soins de santé possibles. « Pas acoz zenfan la so fami pena cass ki li bizin mort ! », nous dit Karan.

Retournons 12 ans en arrière, soit quand Karan avait 15 ans. Il s’était rendu en compagnie de sa mère au marché Central de Port-Louis, quand il a remarqué une dame avec son bébé qui quémandait de l’argent pour faire soigner ce dernier d’une tumeur cérébrale  à l’étranger. Il demanda à sa maman pourquoi la dame devait demander de l’argent pour pouvoir faire traiter son enfant à l’hôpital. C’est là que Karan avait compris que les hôpitaux de l’ile ne sont pas assez équipés pour effectuer certains traitements, et que c’est pour cette raison que beaucoup de gens doivent se rendre à l’étranger. Depuis ce jour, Karan Juglall devait décider que quand il serait grand, qu’il allait tout mettre en œuvre pour aider les enfants atteints de maladies graves. Selon lui, « Je considère cette situation comme un crime et je voulais éliminer le besoin des parents de demander l’aumône pour pouvoir faire soigner leurs enfants. »

Depuis, il a commencé à faire part de son rêve à ses amis, et à son professeur, Micheal Pompeia, qui est aujourd’hui son conseiller personnel. Ce dernier lui a fait comprendre que se lancer dans le bénévolat n’est pas chose facile, et il le conseilla d’intégrer des ONG existantes comme volontaire dès qu’il le pourrait. Ce que fit ce dernier dès qu’il eut ses 17 ans. Le temps passa et il commence à éprouver une satisfaction à aider les autres. Aujourd’hui, Karan compte plus de 10 ans d’expérience dans le travail social.

Pas d’experts en pédiatrie dans les hôpitaux mauriciens

Avec l’expérience acquise, il décida de faire le grand saut. Il démissionna des deux boulots qu’il faisait pour fonder ‘Enn Reve Enn Sourir’ le 25 décembre 2017. C’est un nom qu’il a lui-même choisi, car « C’est mon rêve de mettre un sourire sur les visages des enfants malades. »

Raison de plus pour initier une ONG pour les enfants : il a constaté que nous n’avons pas d’experts en pédiatrie dans nos hôpitaux publics, ce qui expliquerait le taux élevé des enfants qui naissent malades. « Comme nous avons des unités spécialisées pour les adultes, je pense que les enfants aussi devraient avoir leur une unité pédiatrique », explique-t-il.

Afin qu’il puisse donner un meilleur traitement aux enfants, Karan travaille en étroite collaboration avec plus de dix cliniques à La Réunion et en Inde. Localement, il travaille avec le Dr Kevin Teeroovengadum, le Dr Ryad Joomye, le Dr Reshma Gaya et Dr L’Kassy. « En trois ans, nous avons pu sauver plus de 130 enfants à Maurice. Nous avons été capables de lever trente millions de roupies pour réaliser cela. Notre objectif est de pouvoir traiter cent enfants par an. Nous implémentons différents projets pour soutenir notre cause et aussi pour inciter les gens à participer, ce qui est très important. Nous ne sommes rien sans la contribution du public», fait- il ressortir.

‘Enn Reve Enn Sourir’ présentera bientôt au public un service de chirurgie orthopédique pédiatrique. Cette initiative donnera la chance aux enfants malades de pouvoir marcher, courir ou tout simplement, pour pouvoir améliorer leur vie.

« Ma vision pour ‘Enn Reve Enn Sourir’ est d’être l’ONG de référence pour les enfants mauriciens malades, mais aussi de pouvoir aider les enfants de Rodrigues, des Comores, de Madagascar et d’autres îles de l’océan Indien qui ne disposent pas d’établissements de santé adéquats. Bien sûr, il faudra du temps pour y arriver, et pour le moment nous nous concentrons sur les petits Mauriciens », nous explique Karan Juglall.

Pour terminer, il nous explique la philosophie qui l’anime. « Ma philosophie est d’arrêter les palabres et de commencer le travail, et de laisser parler votre résultat. Sinon, nous perdrons cinquante ans de plus en attendant que quelque chose se produise pour nos enfants malades. Le temps est limité pour un enfant malade, nous ne pouvons pas perdre de temps. » Il nous offre deux citations. La première est de Mère Teresa et la deuxième est de lui-même. “Don’t wait for Leaders, Do it yourself! People to people” et “We don’t need to be a politician to change the life of our Nation.”