[Légumes] Krit Beeharry : « L’importation doit se faire dans la transparence totale »

En cette période de hausse des prix des légumes, principalement due aux conditions météorologiques, Krit Beeharry, représentant de Planteurs des Iles, soutient qu’heureusement, le cyclone Eleanor n’a pas causé beaucoup de dégâts. Sinon, affirme-t-il, les conséquences auraient été plus graves. Il y a deux saisons, à savoir la ‘peak season’ et la ‘off season’. « Durant la ‘peak season’, qui démarre le 15 mars et dure jusqu’à 15 octobre, les prix des légumes sont plus ou moins abordables et les consommateurs ne se plaignent pas. Or, durant la ‘off season’, du mois d’octobre au mois de mars, nous faisons face à la sécheresse, aux ‘flash floods’, aux inondations et autres cyclones. De ce fait, nous connaissons une baisse de production des légumes et nous faisons face à la prolifération des maladies », dit-il. « Pendant sa période-là, production et l’offre li moins mais demande la li reste pareil. De ce fait banne marchands légumes zotte obliger vendre banne légumes la chers », ajoute-t-il.

Par ailleurs, le représentant des Planteurs des Iles fait ressortir qu’il existe plusieurs catégories de marchands de légumes. « Il y a ceux qui opèrent dans les marchés et foires, ceux qui sont planteurs-vendeurs, et d’autres qui assurent la livraison/distribution des légumes directement aux hôpitaux, hôtels et supermarchés, entre autres. Donc, les prix des légumes varient », souligne-t-il. Krit Beeharry soutient que graduellement les prix des légumes connaitront une baisse. Toutefois, il indique que les prix de certains légumes, en particulier ceux de la ‘bringelle’ et des piments, seront maintenus pendant quelques semaines. « En général, dans environ un mois, les prix des légumes connaitront une baisse », dit-il. Par ailleurs, il affirme que son association n’est pas contre l’importation des légumes. Toutefois, dit-il, cela doit se faire dans la transparence totale et ce dans l’intérêt des marchands de légumes et des consommateurs.

Cependant, il indique qu’on ne peut importer la tomate et le piment, car selon ses dires, ce serait risqué en termes de prolifération des maladies. Notre interlocuteur déclare aussi que chaque année, il y a une pénurie de légumes dans les marchés et foires.  Aussi, selon lui, on ne peut pas contrôler les prix en raison du manque de main d’œuvre, de la hausse des salaires des travailleurs et des prix des pesticides et insecticides, entre autres. « Les planteurs de légumes doivent s’acquitter de plusieurs frais et aussi avoir une certaine marge de profit. Ils seront découragés s’il y a un contrôle des prix, et n’investiront plus dans la culture de légumes. Par conséquent, on connaitra une flambée des prix », estime-t-il.

Jayen Chellum déplore une hausse exagérée des prix des légumes

De son côté, le secrétaire général de l’Association des Consommateurs de l’Ile Maurice (ACIM), Jayen Chellum, en se basant sur la différence des prix entre les légumes vendus en gros au ‘National Wholesale Market’ de Wooton et ceux vendus au détail dans les foires et les supermarchés, soutient que la différence est flagrante à plus d’un titre. Alors que son association a mené une enquête sur le terrain, il se demande : «  Comment expliquer que le ‘voeme’, qui est vendu en gros à Rs 20 le demi-kilo à Wooton, est revendu à Rs 60 et Rs 75 dans deux foires différentes, et à Rs 125 dans un supermarché de Curepipe ? »

Dans la foulée, Jayen Chellum fait ressortir que le prix de la ‘bringelle’ en gros est affiché à Rs 70, et qu’il est de Rs 100-125 au marché de Curepipe, de Rs 100 à Port-Louis et de Rs 90 à Vacoas, alors qu’au marché de Rose-Belle, il est de Rs 60-70 la livre. « Dans certains supermarchés connus du pays, le prix affiché varie entre Rs 100 et Rs 154.95 », dit-il. Concernant les ’lalos’, le secrétaire général de l’ACIM ne mâche pas ses mots à l’égard des marchands qui en achètent en gros à Rs 15 le demi-kilo, et qui les revendent à un prix quatre fois supérieur. Il dit que les consommateurs sont surpris de constater que les ‘lalos’ dont le prix en gros est de Rs 20-30 le demi-kilo, sont revendus à Rs 80-120 dans les foires, et à Rs 150-185 dans les supermarchés.

Et d’ajouter : « Je comprends que les marchands de légumes doivent s’acquitter de frais, mais il y a une exagération des prix. Il y a des abus dans certains cas. Par contre, comment se peut-il que les supermarchés puissent vendre des légumes si chers, alors que ce sont les fournisseurs qui en assurent la livraison ? » De ce fait, il demande aux consommateurs de ne pas acheter les légumes qui sont vendus à des prix exagérés. « Cela obligera les marchands de légumes à revoir leurs prix à la baisse », dit le secrétaire de l’ACIM. Il fait comprendre que ce sont les Mauriciens en situation précaire qui sont les plus affectés par la hausse vertigineuse des prix.

Contrôle des prix ou ‘Profiteering Court’

Jayen Chellum souhaite que le gouvernement, à travers l’’Agricultural Marketing Board’ (AMB), importe davantage de légumes, et que ceux-ci soient vendus à des prix fixés. Selon lui, ils doivent être les mêmes, que ce soit dans les foires ou dans les supermarchés. D’où, dit-il, l’importance du contrôle des prix, ou d’une ‘Profiteering Court’.

D’autre part, le secrétaire général de l’ACIM demande aux autorités concernées de faire respecter l’affichage des prix, en particulier dans les foires et marchés de légumes. Il dénonce aussi sévèrement l’attitude des marchands qui travaillent aux marchés de Curepipe et de Rose-Hill. Selon ses dires, dans la majorité des cas les prix ne sont pas affichés, surtout dans les régions urbaines, contrairement aux régions rurales. Il souhaite que les autorités sévissent contre les marchands qui n’affichent pas les prix le plus tôt possible.

« L’offre des légumes ne peut contrôler les prix des légumes.  Le gouvernement doit impérativement intervenir dans l’intérêt des consommateurs, surtout en cette période de carême qu’observent les hindous pour la fête de Maha Shivaratree, et les Chrétiens pour Pâques », conclut-il.

Selon les représentants des planteurs

Un contrôle des prix possible pour les légumes importés seulement

Le porte-parole des petits planteurs de la région sud de l’île, Farad Jugon, estime qu’un contrôle des prix des légumes n’est pas réalisable, car les ventes à l’encan se font à des prix élevés. En effet, habitué à se rendre au ‘National Wholesale Market’ de Wooton, il explique que les encanteurs fixent des prix élevés, ce qui contraint les marchands à revendre les légumes à des prix exorbitants aux consommateurs. Il soutient que le contrôle des prix n’a aucun sens, car ceux-ci sont déjà en hausse sur le ‘National Wholesale Market’.

D’autre part, Kreepalloo Sunghoon, secrétaire de la ‘Small Planters Association’, affirme que les prix des légumes importés (oignons, pommes de terre et autres légumes) par l’’Agricultural Marketing Board’(AMB) peuvent être contrôlés, contrairement à ceux des légumes locaux. Il est d’avis qu’une augmentation de la production pourrait entraîner une baisse et un contrôle des prix.