Liaisons désastreuses – Par Zahirah RADHA

EDITO

Par Zahirah RADHA

Les semaines se suivent et se ressemblent pour le commun des mortels que nous sommes. Chaque jour apporte son lot de problèmes. Un bébé cruellement abandonné par-ci, une femme impitoyablement agressée au sabre par-là, ces dérives sociétales souvent confinées au chapitre des faits divers deviennent malheureusement de plus en plus récurrentes chez nous. C’est à se demander si notre société n’est pas atteinte d’une sorte de cancer qui la ronge à petit feu. Qui est responsable de cet état de choses ? Où a-t-on fauté ? S’il est vrai que chacun d’entre nous porte sa part de responsabilité quant à cette dégradation des mœurs et des valeurs humaines, il est aussi vrai que les autorités ont lamentablement échoué à redresser le law and order. Ce qui ne fait qu’aggraver les choses. Pourtant, ce gouvernement avait donné la garantie qu’il rétablirait la sécurité et l’ordre public. L’ancien Premier ministre, converti depuis peu en ministre Mentor et dont on ne sait trop quelles sont les attributions exactes, en avait même fait son cheval de bataille. C’était également l’une des raisons avancées pour expliquer sa décision d’abandonner le confort douillet du château du Réduit pour se jeter à nouveau dans l’arène politique en mars 2012. Une promesse brandie comme une carotte pour appâter l’électorat le temps d’une campagne électorale en 2014, mais qui a ensuite été reléguée aux oubliettes, comme tant d’autres d’ailleurs.

Bien entendu, le fils a repris le flambeau de son père. Lui aussi se dit maintenant déterminé à « nettoyer »  le pays. Le nettoyage étant devenu une de ses priorités, il serait intéressant de voir comment il s’y prendra pour  nettoyer le pays de la drogue, par exemple, surtout quand les rumeurs d’une Sun Trust Connection avec un présumé trafiquant de drogue se précisent. Il peut se bomber le torse autant qu’il voudra en s’appuyant sur la saisie record de 135 kilos d’héroïne la semaine dernière et celle plus récente de 20 kilos dans le port, mais les gens ne garderont en tête que l’image de ce présumé marchand de la mort en compagnie de Pravind Jugnauth au Sun Trust. Quelle personne sensée croira que le Premier ministre ne connaît pas ce « zenfan lakaz » qui arpente régulièrement les couloirs de l’Hôtel du gouvernement ? Dès lors, comment fera-t-il croire à la population qu’il serait sans pitié envers les trafiquants quand la proximité de Geanchand Dewdanee,  avec des dirigeants du Sun Trust et de l’Hôtel du gouvernement est plus qu’évidente ?

La perception étant ce qu’elle est, les yeux seront indubitablement braqués sur le Government House tant que durera l’enquête. Ce présumé suspect proche du MSM est-il un gros bonnet ou un petit poisson agissant sous les ordres d’un Big Boss ? L’enquête policière sera-t-elle menée de façon neutre et objective ou y aura-t-il une tentative de cover-up ? La population veillera également au grain s’il s’avère qu’il y a effectivement une parlementaire de la majorité qui est liée à cette affaire. La convocation imminente de la PPS Roubina Jadoo-Jaunboccus par la commission Lam Shang Leen pour s’expliquer sur ses visites aux barons de la drogue à la Prison centrale ne fera pas non plus l’affaire de Pravind Jugnauth. Que celui-ci se montre ferme dans son combat contre la drogue, c’est bien. Mais il ne faut pas que ce soit uniquement pour la galerie. Ses intentions doivent être suivies par des actions concrètes. Un Premier ministre qui est éclaboussé, d’une façon ou d’une autre, par des affaires de drogue ne peut que le rendre incrédule aux yeux de la population. La politique et la drogue ne font pas bon ménage. C’est même une liaison dangereuse, voire désastreuse,  qui ne doit aucunement être tolérée ou cautionnée par le chef du gouvernement.