‘Madame Tino’ : Celle qui s’est faite une place dans le cœur de ses clients

Nous avons mis le cap vers le village de Trou d’Eau Douce pour découvrir l’incontournable ‘Madame Tino’, la gérante du restaurant ‘Chez Tino’. De son vrai nom Marianne Lacour, ou encore ‘Fleurette’, comme elle est connue par ses proches, cette femme de 70 ans est toujours en pleine forme et est toujours prête à relever le défi de gérer son restaurant. « Je me lève à 4 h tous les matins et je me mets aussitôt au travail »,nous indique cette  mère, grand-mère et arrière-grand-mère.

Son mari, qui était pêcheur sur des chalutiers en haute mer, a pris sa retraite, et l’aide à gérer le restaurant. Ses deux fils, Ricardo et Rondole, sont des pêcheurs de la région, et leurs prises alimentent le restaurant familial en poisson frais.

Fleurette revient sur son passé. Son père mourut lorsqu’elle n’avait que 8 ans. Elle avait étudié jusqu’à la sixième, et s’était mariée à l’âge de 16 ans. Elle avait eu trois enfants, deux garçons et une fille, notamment, Ricardo, Rondole et Gilda.

La vie ne lui faisait pas de cadeaux à cette époque. Son mari devait aller travailler sur des chalutiers en haute mer, pour des expéditions de pêche qui duraient parfois six semaines. Fleurette devait se débrouiller seule pour élever ses enfants. Elle a fait à tour de rôle plusieurs métiers, comme bouchère, maraîchère ou boutiquière, entre autres, pour pouvoir joindre les deux bouts. Elle élevait aussi des animaux et devait aller couper de l’herbe pour pouvoir les nourrir. Fleurette avait même empaillé des tortues et décorait des coquillages que la famille revendait. « S’occuper seule des enfants et gérer le travail n’était pas facile pour moi à cette époque »,faitressortir la septuagénaire.

Dès le départ, elle voyait que c’était difficile pour un pêcheur de vivre, et de faire vivre sa famille. Vu qu’elle émerveillait toujours les autres avec ses plats succulents, elle a décidé de faire de ce talent culinaire une activité commerciale. Dans un premier temps, elle avait décidé  de louer un local pour mettre sur pied son commerce mais peu après, elle avait décidé de construire son propre emplacement. C’est ainsi que ‘Chez Tino’ a vu le jour.

À ses débuts, Fleurette écoulait ses ‘dipain karri’ aux gens du village et aux rares touristes. Aujourd’hui, le restaurant s’est fait un nom, que ce soit parmi les Mauriciens ou les touristes.

Son restaurant, elle l’a bâtie pierre par pierre et année après année, avec l’aide de son mari, de ses enfants et de ses petits-enfants. Mais la véritable cheville ouvrière de cette entreprise  est bien Tantine Fleurette qui, grâce à sa détermination et à sa force de travail, s’est affranchie de tous les obstacles, un à un. Car, il faut bien le dire, étant une femme, Fleurette a connu beaucoup de moments difficiles pour arriver jusqu’ici.

Cheffe Fleurette a ainsi passé plus de quarante ans aux fourneaux, à mitonner de bons petits plats, toujours avec la même passion et avec la même intensité. « Je ressens toujours cette envie de transmettre le bonheur à travers mes plats », nous dit-elle.

Sa plus grande source d’encouragement : ses enfants. Ils ont toujours été à ses côtés, et sa motivation à avancer dans la vie. Sans ses enfants, elle n’aurait pas pu arriver jusqu’ici, nous indique-t-elle.

 « Je ne serai plus là, un jour, mais je sais que j’ai déjà créé un nom et une place dans les cœurs de tous mes clients », dit-elle. Son souhait : elle veut que sa descendance prennent la relève de ce qu’elle a entrepris il y bien longtemps de cela.