[Politique] Souhait unanime pour des élections générales

Se tiendront-elles réellement, ou le Premier ministre annoncera-t-il plutôt des élections générales en temps voulu ? Tout est entre les mains du chef du gouvernement, Pravind Jugnauth. Est-ce un coup de bluff de sa part, comme le pensent les membres de l’Opposition et les observateurs politiques ? Le gouvernement donnera-t-il réellement son feu vert pour la tenue des élections partielles au No. 10 après la révocation fracassante de Vikram Hurdoyal, suivi de sa démission ?

Selon la loi, l’article 35 (3) de notre Constitution stipule que : “Where the seat in the Assembly of a member who represents a constituency becomes vacant otherwise than by reason of a dissolution of Parliament, the writ for an election to fill the vacancy shall, unless Parliament is sooner dissolved, be issued within 90 days of the occurrence of the vacancy”. Cependant, selon l’article 41 de la ‘Representation of the People Act’, le gouvernement dispose d’un délai de 55 jours à partir de la dissolution de l’Assemblée nationale pour émettre le ‘writ of election’ ; un autre délai de 15 à 30 jours à compter de ce mandat pour fixer le ‘Nomination Day’, et entre 15 et 60 jours à partir du ‘Nomination Day’ pour décider de la date des élections, soit un minimum de 31 jours au total à compter de la date de la dissolution du Parlement.

Est-ce une manœuvre stratégique comme cela avait le cas en 2019, suivant la démission du ministre Vishnu Lutchmeenaraidoo, ou faut-il réellement prendre au sérieux les propos du Premier ministre ? « Bien sûr qui pou ena ene partiel dans no. 10 », l’avait-il déclaré à sa sortie de la State House après la prestation de serment de Naveena Ramyead en tant que ministre du Développement industriel, des PME et des Coopératives, mercredi dernier.

Kushal Lobine : « La carte maîtresse échappe aux mains du Premier ministre »

Le député Kushal Lobine affirme que nous nous dirigeons vers des élections générales. Expliquant la révocation suivie de la démission de Vikram Hurdoyal, le député du PMSD souligne que cette situation a retiré la carte maîtresse des mains du Premier ministre, qui garde néanmoins le pouvoir d’annoncer les élections générales. « Il est clair qu’elles sont imminentes, et que le chef du gouvernement ne peut anticiper leur tenue, d’où sa proposition d’élections partielles dans la circonscription no. 10 », dit-il. Il indique également que le gouvernement ne pourra peut-être pas organiser des élections partielles dans la mesure où la personne élue pourrait ne pas être intégrée au Parlement, qui sera peut-être dissous en novembre. Pour le député du PMSD, les propos du Premier ministre n’ont aucun sens.

Revenant sur la révocation de Vikram Hurdoyal en tant que ministre de l’Agro-industrie, Kushal Lobine souligne que le Premier ministre doit fournir des explications sur cette décision, comme dans le cas d’Ivan Collendavelloo, car le ministre démissionnaire a été élu par le peuple et les contribuables. Il déplore le manque de transparence du gouvernement, soulignant que l’électorat a le droit de savoir ce qui se passe avec les ministres qu’il a élus pour le représenter.

Rajesh Bhagwan : « Pravind Jugnauth pe bluffer »

Le député du MMM, Rajesh Bhagwan, a été catégorique en affirmant que le Premier ministre bluffe et n’organisera pas d’élections partielles au No. 10, mais se dirigera vers des élections générales. Selon lui, il ne serait pas judicieux d’organiser des élections partielles à un mois des élections générales attendues par la population. En ce qui concerne la révocation d’un ancien ministre, il affirme que c’est un coup porté au gouvernement et que la fin du règne est proche. Il estime que Pravind Jugnauth doit fournir des explications à la population.

Mahen Gungapersad : « Il n’y aura pas d’élections partielles au No. 10, le PM fait du ‘chest pumping’ »

« C’est du bluff politique », affirme le député du PTr Mahend Gungapersad. Selon lui, le chef du gouvernement n’a absolument aucune intention d’organiser des élections partielles, surtout après s’être soustrait aux élections municipales. « Le Premier ministre se livre à des fanfaronnades pour faire croire qu’il contrôle le calendrier électoral, mais en réalité ce n’est pas le cas. Il est choqué par les récents événements, notamment un glissement de terrain défavorable à son parti, et semble déjà anticiper sa défaite », ajoute-t-il.


Mahen Gungapersad souligne que la situation est critique, et que les dés sont jetés. Il affirme que Vikram Hurdoyal était l’homme incontournable de la circonscription No. 10, et qu’il serait impossible pour le gouvernement ou les membres du MSM de trouver un candidat aussi charismatique. Selon lui, le Premier ministre mène une bataille psychologique pour galvaniser ses troupes, alors même qu’il est politiquement affaibli.


De plus, le député rouge estime qu’organiser et dépenser de l’argent dans des élections partielles à la veille des élections générales ne serait pas une décision judicieuse. Il qualifie le Premier ministre de “capon” qui se croit solide alors qu’il est creux à l’intérieur. En ce qui concerne la révocation de l’ex-ministre, il affirme que cela démontre que la méritocratie et la démocratie ne sont pas valorisées. Selon lui, Pravind Jugnauth aurait dû fournir des explications à la population concernant cette révocation, car elle concerne la représentation démocratique de la population au parlement.

Jean Claude de l’Estrac : « Le PM ne prendra aucun risque avec une partielle »

Pour l’observateur politique Jean Claude de l’Estrac, il n’y aura pas d’élection partielle, et les journalistes devraient cesser de se laisser influencer par les annonces du Premier ministre. Il se demande pourquoi Pravind Jugnauth a fait cette annonce, affirmant que le chef du gouvernement ne prendra pas le risque d’en organiser alors que les élections générales sont imminentes. Revenant sur la révocation de l’ex-ministre Vikram Hurdoyal, Jean Claude de l’Estrac souligne qu’il est impératif pour le PM de rendre des comptes à la population. Il déplore le manque de transparence du gouvernement dans ce genre de situations, soulignant que les électeurs ont le droit de savoir ce qui se passe avec les ministres qu’ils ont élus.