[Portrait] Adil Dookhee, champion de Jui Jitsu : « Je regrette que mon père ne soit pas là pour voir mon sacre »

Il a brillé dans la catégorie des -94kg à Marrakech. Adil Dookhee, de Plaine-Verte, a fait la fierté des Mauriciens en ramenant une médaille d’or et deux médailles d’argent du Maroc. Il a été sacré champion d’Afrique de Jiu-Jitsu. Il a toutefois un regret. « Je regrette que mon père ne soit pas là pour voir mon sacre ! », dit l’athlète. Le père d’Adil Dookhee n’est plus de ce monde depuis 2021. Le champion d’Afrique avait un lien très étroit avec lui. « C’est mon père qui m’a introduit au sport, c’était le seul à savoir ce que je veux accomplir dans ce domaine. Il m’a initié au judo à l’âge de 6 ans (…), bien qu’il savait que c’était difficile de vivre du sport à Maurice, et m’a toujours encouragé à faire de mon mieux et à donner le maximum. Il était fier de moi », laisse entendre Adil.

Agé de 28 ans, ce coach de fitness vit avec sa maman. Il partage souvent des vidéos sur les réseaux sociaux le montrant en train de faire des entraînements de haut niveau. « Un homme doit rester concentré sur ses objectifs ! Je ne suis pas encore marié et je n’ai pas de copine ! Il est facile de succomber aux charmes des filles et en route, on perd notre objectivité. Ma foi en Allah me protège des tentations et je me consacre à mes objectifs », confie Adil.

Du Judo au Jiu Jitsu

Bien qu’Adil soit judoka, il pratique également le Jiu Jitsu. L’athlète affirme qu’il a préféré quitter la Fédération de Judo de Maurice, car Il déplore le monopole qui s’y est installé. « J’étais le mal-aimé là-bas. Malgré mon très bon niveau, ils ne me sélectionnaient jamais pour participer à des compétitions. Ils choisissaient les athlètes qui leur convenaient. J’ai toujours des projets pour le judo, mais tant que les dirigeants de la fédération ne délogeront pas de leur siège, je ne mettrai pas les pieds sur un tatami pour eux (…). Ce sont des jouisseurs avec beaucoup d’impunité », lance le champion d’Afrique. Ce dernier crie à l’injustice pour ce que la Fédération de Judo lui a fait subir. « Les dirigeants sont incompétents ! », martèle-t-il. L’athlète déplore les ‘magouilles’ qui y ont lieu.

Le jeune homme travaille comme coach de fitness dans une salle de gym à Maurice. Depuis la mort de son père, les responsabilités familiales reposent sur ses épaules. Entre l’entraînement et le travail, Adil jongle pour trouver un équilibre et une stabilité.

 « Cela coûte beaucoup d’être un athlète de haut niveau. Nous ne sommes pas subventionnés par l’État à 100%. Il me faut trouver au minimum Rs 25 000 par mois avant même que je pense à faire quelque chose pour moi. Je vis avec ma maman et nous sommes locataires. Le loyer s’élève à Rs 5000, les factures à Rs 2500, l’essence pour me rendre à l’entraînement à Curepipe quatre fois par semaine me coûte Rs 6000. Il me faut Rs 2000 par semaine pour mes suppléments et ma nourriture. Je dois payer une location de Rs 6000 par mois dans la salle de gym où je travaille. C’est difficile financièrement, je ne le cache pas ! Mais par la grâce d’Allah, je m’en sors », dit Adil avec beaucoup d’optimisme.

Le ‘stipend’ de Rs 4000 du gouvernement ne couvre pas grand-chose laisse entendre le jiujitsuka.

« J’ai dû mendier pour trouver un sponsor afin de pouvoir participer à ce tournoi au Maroc. Beaucoup d’athlètes sont dans le même cas que moi. Nous avons du potentiel, mais nous manquons de fonds pour concrétiser nos rêves et faire flotter le quadricolore en haut du podium », conclut-il.