Rentrée scolaire 2024: Marquée par le défi persistant du manque d’enseignants

Le manque d’enseignants demeure une préoccupation majeure dans les établissements scolaires à travers l’île, tant au niveau primaire que secondaire. Alors que de nombreux élèves ont repris les cours cette semaine, soit jeudi 11 janvier 2024, les acteurs du secteur s’interrogent sur les mesures que prendra le ministère de l’Éducation pour remédier à la situation. Arvin Bhojun, président de l’’Union of Private Secondary Education Employees’ (UPSEE), et Faizal Jeerooburkhan, pédagogue, partagent leur point de vue sur la question.

Arvin Bhojun annonce qu’un recrutement massif d’enseignants est imminent, mais il souligne que cela ne résoudra pas entièrement le problème. Selon lui, le manque de personnes qualifiées pour enseigner certaines matières, conforme à l’’Education Act’, est à l’origine d’inégalités croissantes entre les élèves. Il exprime ses préoccupations quant à la qualité de l’enseignement, soulignant que la réussite ne dépend pas seulement de la quantité, mais aussi de la qualité. Il critique également la pénurie de livres destinés aux élèves des grades 7 à 9, fournitures normalement offertes par le ministère de l’Éducation. Pour lui, ces lacunes démontrent une mauvaise planification, soulignant la nécessité d’une évaluation approfondie de la réforme éducative.

Faizal Jeerooburkhan, quant à lui, prédit peu de changements significatifs dans le système éducatif pour l’année 2024. Il considère les nouveaux programmes tels que le ‘Bright-Up Programme’ et la ‘Technology Education Stream’ comme des solutions temporaires destinées à masquer les échecs antérieurs. Il souligne le caractère limité de la ‘Technology Education Stream’, expérimentée dans seulement 10 collèges, et estime qu’il faudra du temps pour évaluer pleinement leur impact. Pour lui, l’idée d’un changement de paradigme dans l’éducation au 21e siècle relève de l’illusion, soulignant la nécessité d’une planification minutieuse et de consultations approfondies pour des changements véritablement efficaces.

Le pédagogue exhorte à une révision complète du système éducatif, préconisant la création d’un ‘National Curriculum Development and Research Centre’ équipé pour réviser les programmes d’études du préprimaire au tertiaire. Il souligne également le besoin d’une lutte contre la bureaucratie et la lenteur dans le recrutement d’enseignants, insistant sur la nécessité d’une gestion efficace au niveau ministériel et des zones d’éducation. En ce qui concerne le manque d’enseignants, un syndicaliste du secondaire estime qu’environ 300 enseignants manquent actuellement dans les collèges.

En outre, Faizal Jeerooburkhan préconise une révision des règlements de la ‘Private Secondary Education Authority’ (PSEA) concernant l’emploi des professeurs, mettant en doute l’efficacité du ‘Post Graduate Certificate in Education’ (PGCE) en tant que garantie de la performance d’un enseignant. Il plaide pour plus de flexibilité dans le processus de recrutement, ainsi qu’une plus grande autonomie au niveau des écoles, actuellement entravées par une centralisation excessive. Il souligne également la nécessité d’une meilleure répartition des enseignants dans les écoles, appelant à une résolution urgente de ce problème.

Enfin, il souligne l’importance de la communication dans le secteur de l’éducation, exhortant le ministère à écouter les préoccupations des parents, enseignants et syndicalistes qui ont régulièrement signalé cette problématique

Hors texte:

Manque d’enseignants de langue tamoule : Le groupe Veeram envisage des actions en justice

Le groupe Veeram prend position sur la question du manque d’enseignants de langue tamoule dans les établissements scolaires et envisage de recourir à des actions en justice. Malgré plusieurs plaintes et lettres adressées au ministre de l’Éducation et au Premier ministre par le président et les membres de la ‘Mauritius Tamil Temples Federation’ (MTTF), Sundaram Valayden, secrétaire du Groupe Veeram, déclare que leurs préoccupations n’ont jamais été prises en considération, et aucune mesure n’a été prise.

Selon ce dernier, le ministère de l’Éducation maintient une politique discriminatoire à l’égard de la langue tamoule, et il estime qu’il est temps d’engager des procédures judiciaires pour faire valoir leurs droits. Il souligne que ce problème persiste depuis un certain temps, malgré les multiples tentatives de sensibilisation, et exprime son incompréhension quant au fait que la ministre de l’Éducation ne semble pas reconnaître les défis auxquels sont confrontés les élèves prenant la langue tamoule comme sujet d’examen.

Sundaram Valayden pointe du doigt le fait que des jeunes diplômés en langue tamoule ne soient pas éligibles pour enseigner cette langue dans les établissements scolaires, malgré leurs qualifications, et estime qu’il est temps d’agir, ne souhaitant plus attendre une résolution des autorités. Il regrette que, plutôt que de promouvoir la culture du pays et d’encourager les jeunes générations à préserver la langue, des obstacles semblent être mis en place pour la faire disparaître du curriculum.