Rigg Needroo : « C’est possible que j’aie été victime d’une cyber-planting »

Affaire rayée suivant la plainte de Kobita Jugnauth contre lui

Rigg Needroo peut enfin pousser un ouf de soulagement. Cet homme, qui s’est retrouvé dans l’actualité malgré lui, est l’une des victimes de la politique ‘dominère’ prônée par le gouvernement. Il avait été arrêté en 2018 suite à un commentaire jugé offensant posté sur Facebook contre l’épouse du Premier ministre. Une remarque que l’internaute nie catégoriquement avoir faite.  Quatre ans plus tard, le procès que Kobita Jugnauth avait intenté contre lui pour ‘Breach of ICT Act’ a été rayé en cour cette semaine. Cela après que le témoin principal dans cette affaire, le constable Baboo Purgus, n’ait pas été jugé apte à venir témoigner devant la justice en raison de son état de santé. Rigg Needroo se réjouit de l’arrêt de ce procès. Il dit pouvoir maintenant se concentrer sur son travail et sa famille. Il venait d’ailleurs à peine d’emménager dans sa nouvelle demeure à Khoyratty avec son épouse, Nishta Jooty-Needroo, et son bébé de trois mois lorsque nous l’avons rencontré, mercredi.

Bien que Rigg Needroo affirme ne s’être jamais laissé intimider par qui que ce soit, il avoue avoir quand même été très affecté, surtout sur le plan psychologique. « C’était fatigant moralement. J’étais stressé par le regard des autres après mon arrestation en 2018. Dans la société, dimoune guet ou différemment. Zot méfier ou quelque part. Cela m’a aussi affecté sur le plan professionnel puisque j’ai perdu des contrats pour un oui ou un non », confie ce chef d’entreprise spécialisé dans le jardinage et l’entretien des piscines. S’il a pu affronter cette étape ô combien difficile de sa vie, c’est grâce au soutien de ses proches, dont ses parents et son épouse. Le travail social que fait le couple l’a également aidé à remonter la pente. « Sa fine apporte nou ene soulagement », soutient-il. Et il semble en avoir récolté le fruit. Ne dit-on pas que celui qui fait le bien obtient le bien, celui qui fait le mal obtient le mal ?

Rigg Needroo croit dur comme fer qu’il était une cible du gouvernement. « Mo pensé mo fatigue zot un peu parski mo pa hésité pou dire seki mo pensé lor politik. Zot ine essaye attas ene case are moi pou fer moi aret kozé », dit-il. Sauf que cela a eu l’effet contraire sur lui, puisque ce harcèlement dont il a fait l’objet l’a motivé davantage à dénoncer les maldonnes du gouvernement, dont la façon le pays et les institutions sont gérés, l’absence de bonne gouvernance et de méritocratie, entre autres. « Rien ne marche dans ce pays », se désole-t-il. Il aime la politique qu’il dit considérer comme un « sport » et apporte son soutien indéfectible à son épouse Nishta qui fait activement de la politique au sein du PTr. « Je n’ai aucun problème à afficher ma couleur », insiste-t-il, en soulignant toutefois qu’il garde une certaine objectivité. « Mem si mo parti osi au pouvoir demain et si li fer ene kitsoz ki pa bon, mo pou dire li », insiste-t-il.

Propositions et planting

Notre interlocuteur révèle d’ailleurs avoir reçu plusieurs propositions, tout comme Nishta, de se joindre au MSM. « Never gonna be a chatwa », lance Rigg Needroo. Nous lui faisons ainsi rappeler que le « chatwaisme » n’est pas uniquement associé au MSM. « Ce que j’aime avec le leader du PTr, c’est qu’il est un vrai démocrate. Il aime quand on lui parle. Il m’a d’ailleurs beaucoup encouragé », nous dit-il en guise de réponse. Mais a-t-il déjà vu ou parlé à celle qui l’a poursuivi, en l’occurrence Kobita Jugnauth ? « Non ! », répond-il sans hésitation. Et d’ajouter hâtivement : « mo pa envi zoine li osi ». Ce n’est qu’en cour qu’il dit avoir appris que ce n’est que bien après son arrestation que l’épouse du Premier ministre a consigné une déposition contre lui. « C’est du jamais-vu. Ou fini trouvé ki kalité manigances fine ena », affirme-t-il.

Malgré la radiation des charges contre lui, Rigg Needroo ne comprend toujours pas comment c’est le constable Baboo Purgus qui a été amené à être le témoin principal contre lui. « Il n’a rien dit de différent des autres témoins. Je pense qu’on s’est servi de son état de santé pour ‘back out’ de cette affaire », renchérit-il, en rappelant que son avocat avait révélé qu’il comptait faire appeler Kobita Jugnauth en cour. Il va même plus loin et souhaite que le policier se rétablisse, que l’affaire reprenne et qu’il vienne en cour pour dire la vérité. Car il est convaincu qu’il a été victime d’un coup monté. « Ces derniers temps, on entend parler de ‘planting of drugs’. C’est possible que j’aie été victime d’une cyber-planting», laisse-t-il échapper d’un air pensif. Parlant de l’accusation dont il a fait l’objet sous l’« ICT Act », le chef d’entreprise dira que c’est un recul de la démocratie. « Li pe fer tout pou empes dimoune kozé et écrire. Nou déjà dans la dictature. Bizin amendé sa. C’est bien que le leader du PTr ine prend l’engagement pou sanze sa », conclut-il.

Nishta Jooty-Needroo : « Nou pa koné ki zot kapave fer »

Nishta, l’épouse de Rigg Needroo, se dit soulagée par la radiation des charges contre ce dernier. L’affaire ayant été logée en cour au cours de cette année alors qu’elle était enceinte, sa grossesse n’a pas été de tout repos. Mais elle a tenu à rester auprès de son époux jusqu’au bout, l’accompagnant toujours en cour lors de ses comparutions. « C’était une période très stressante et je suis contente qu’elle soit maintenant derrière nous », avoue-t-elle. Mais elle concède néanmoins ce n’est pas aussi facile de tout rayer d’un trait de plume, bien qu’on ait voulu « l’asté ». « Nous ne sommes pas à vendre », lance-t-elle. « C’est effrayant quand on voit ce qui se passe actuellement. Nou pa koné ki zot kapave fer », ajoute Nishta. La jeune femme ne se laisse cependant pas décourager et affirme qu’elle est encore plus déterminée à travailler sur le terrain pour faire tomber ce gouvernement.