Saint-Louis Gate : Pourquoi Pravind Jugnauth refuse-t-il une commission d’enquête ?

Les partis de l’opposition, incluant le MMM bien que le nom de son leader ait également été cité dans le rapport de la BAD, sont unanimes à réclamer une commission d’enquête sur le Saint-Louis Gate. Mais le Premier ministre le balaie catégoriquement d’un revers de la main. Pourquoi ? Est-ce par crainte que les conclusions ne retournent contre son gouvernement, comme l’ont été celles de la commission Lam Shang Leen sur la drogue ? Ou est-ce parce qu’une commission d’enquête ne se laisserait pas dicter ou influencer par l’hôtel du gouvernement, contrairement à l’ICAC ?

Il est évident qu’une commission d’enquête présidée par un ancien chef juge et dotée de pleins pouvoirs aurait été plus crédible pour enquêter sur toute cette affaire. Elle aurait aussi envoyé un signal fort, pas seulement à la population, mais aussi à la communauté internationale que le gouvernement « means business » sur le chapitre de la fraude et de la corruption. Cela aurait revête une importance capitale dans un contexte où Maurice figure officiellement sur la liste noire de l’Union Européenne. Toutefois, Pravind Jugnauth semble plus enclin à privilégier les ‘petty politics’ que les intérêts supérieurs du pays.

Laisser le soin à l’ICAC d’enquêter sur cette fraude massive impliquant non seulement un ex-DPM, mais aussi un partenaire de l’alliance gouvernementale, équivaut à jeter de la poudre aux yeux de la population. Tout le monde sait que l’ICAC n’a aucune crédibilité. D’ailleurs, il n’y a qu’à voir le nombre de cas qui y sont toujours en suspens, selon son propre communiqué émis le 19 juin dernier, pour conclure que cette nouvelle enquête risque de durer éternellement comme dans de précédentes investigations, si elle ne finit pas par un « cover-up ».