[Same Day Counting] Les ressources humaines posent problème

Le ‘Same Day Counting’ (décompte des voix le même jour) ne fait pas l’unanimité dans la classe politique et syndicale. C’est ce qui ressort des consultations lancées par le bureau du Commissaire électoral depuis la semaine dernière…

Narendranath Gopee, négociateur syndical de la ‘Federation of the Civil Service and other Unions’ (FSCOU), rappelle d’emblée que les élections de 2019 ont laissé de nombreux doutes dans l’esprit des Mauriciens. Il estime ainsi qu’une décision pour le décompte des voix le même jour ne peut être prise à la veille des élections. D’autant que le Commissaire électoral a lui-même fait état d’un manque de personnel pour travailler pour les élections. « Il n’est pas impossible d’adopter une telle stratégie, mais c’est au Commissaire électoral de prendre les mesures nécessaires. En outre, l’élection peut se dérouler sur une journée et le décompte se faire le jour suivant, dans la salle de vote afin de ne pas déplacer les ballots. Les agents pourraient y dormir, sous la surveillance de la police et de la Special Mobile Force », propose-t-il. Narendranath Gopee déplore cependant que le Commissaire électoral évoque systématiquement des problèmes de son côté pour chaque solution proposée, et estime que l’exercice de rencontre avec les partis s’avère futile à la veille des élections.

Alain Laridon, ancien politicien et syndicaliste qui milite pour une révision de la Constitution, est, pour sa part, d’avis que le mécanisme actuel a déjà fait ses preuves. « Il faut cependant le peaufiner et le moderniser », déclare l’ex-parlementaire. « Pour ce qui est du dépouillement le même jour, la commission électorale avise le bureau du Premier ministre, qui amène la proposition au Cabinet. C’est par voie de règlements que le dépouillement le même jour sera rendu possible’ », explique-t-il. Il estime toutefois que la commission électorale fera face à un manque du personnel si le dépouillement a lieu le même jour. Selon lui, il faudrait au moins 15 000 fonctionnaires pour travailler le jour du scrutin. « Si le dépouillement est prévu juste après, je pense que la commission électorale doit avoir recours au ‘shift system’. Ce qui fait qu’elle doit trouver environ 7 000 paires de bras. Je sais déjà que la commission peine à trouver les quelque 15 000 fonctionnaires, d’autant que les cachets proposés ne sont pas intéressants, et en trouver encore 7 000 serait difficile à mon avis », dit-il.

Des risques sont évoqués

Alain Laridon rappelle également l’importance de la sécurité des fonctionnaires, dont bon nombre de femmes, si le décompte des voix a lieu le jour même. Pour lui, travailler tard la nuit, voire même jusqu’aux petites heures du matin lors des élections comporte beaucoup de risques. Il souligne aussi que ces fonctionnaires qui sont appelés à travailler doivent être présents lors d’une ou deux réunions et, à la veille du scrutin, ils doivent aussi être dans leurs centres de vote respectifs en vue des préparatifs pour les élections.

De son côté, le syndicaliste Fezal Ally Beegun fait comprendre qu’en théorie, le dépouillement le jour même est effectivement une bonne idée pour réduire les risques de divergences et les perceptions de fraude. Cependant, dit-il, dans le contexte mauricien, sa mise en œuvre est extrêmement compliquée et pourrait même créer plus de problèmes qu’elle n’en résout. Selon ses dires, les élections à Maurice sont entourées d’une certaine effervescence et d’un folklore unique qui nécessite une gestion très soignée et rigoureuse des processus électoraux. Il est rejoint par le syndicaliste Haniff Peerun qui fait également comprendre que le concept du ‘Same Day Counting’ est très difficile à appliquer dans notre pays. « Qui faire nous bisin pressé pour compte banne voix ? », s’insurge le syndicaliste, et d’ajouter : « Li quasiment impossible pour faire ‘counting’ pratiquement le même jour après fermetures des centres de vote ». Le président du MLC lance, dans la même foulée, un appel aux autorités concernées pour donner des ‘incentives’ aux officiers qui travailleront pendant la tenue des élections générales, et qu’ils bénéficient aussi de ‘travelling allowances’.