[Secteur agricole] Kreepalloo Sunghoon : « Plusieurs mesures annoncées depuis 2019 n’ont pas été réalisées »

Le secteur de l’agriculture a longtemps joué un rôle prépondérant dans l’économie du pays. Bien qu’il ne soit plus le principal contributeur à la production nationale et à la création de richesse, il demeure une composante significative du développement de Maurice. Lors de son meeting du 1er mai, l’alliance de l’opposition PTr-MMM-ND a annoncé une série de mesures, dont un investissement massif dans le secteur agricole, jusqu’ici négligé au profit d’autres priorités. Nous avons donc cherché à connaître leurs propositions pour revitaliser ce secteur. Reza Uteem et Osman Mahomed, chargés de l’élaboration du programme de l’alliance PTr-MMM-ND, nous expliquent qu’ils ne peuvent en dire plus à ce stade. Mais ils affirment toutefois que les problèmes rencontrés par les petits planteurs sont en cours d’examen, et qu’ils sont en discussion avec ces derniers pour mieux identifier leurs difficultés et proposer des mesures adaptées.

De son côté, le secrétaire de la ‘Small Planter’s Association’ (SPA), Kreepalloo Sunghoon, a exprimé son soutien aux décisions d’un futur gouvernement de l’alliance. Selon lui, si elle propose d’investir massivement dans le secteur agricole, cela pourrait marquer un tournant positif. Il souligne l’importance de reconnaître les difficultés actuelles du secteur, notamment la baisse inévitable de la production locale, ce qui indique que l’autosuffisance n’est pas atteinte. Il insiste également sur la nécessité de repenser le modèle agricole actuel pour limiter les importations de certains produits alimentaires, et souligne que de nombreux planteurs doivent louer des terres pour cultiver. Selon lui, il est crucial d’adopter de nouvelles méthodes agricoles pour régénérer des sols appauvris par l’intensification des cultures.

Kreepalloo Sunghoon estime qu’il est nécessaire de changer notre mode de vie et notre manière de cultiver. « En cas de mauvais temps, le manque de pollinisation peut gravement affecter les plantations. Il faut donc explorer des alternatives comme l’hydroponie ou la “culture protégée”. De plus, attirer les jeunes vers l’agriculture en utilisant les nouvelles technologies et en s’intéressant à la transformation des produits agricoles est essentiel », explique-t-il. Selon lui, il est crucial de professionnaliser et moderniser le secteur pour assurer la relève, car la génération actuelle de planteurs est vieillissante.

Favoriser les semences locales

Le secrétaire de la SPA plaide pour l’utilisation de semences locales, car 80 % des semences importées ne s’adaptent pas bien à notre climat et à la qualité de nos sols, ce qui affecte la production. Par exemple, la récolte des tomates est actuellement très faible par rapport à autrefois. Il estime que le secteur a été négligé et manque de personnes compétentes pour le redresser. Pour assurer la production locale à long terme, il est essentiel de revoir notre stratégie, y compris la question de la production de canne à sucre.

Face à la crise climatique, Kreepalloo Sunghoon avance qu’adopter des pratiques agricoles durables est crucial pour atténuer les impacts environnementaux et améliorer l’efficacité des systèmes alimentaires. « Des infrastructures adéquates pour le stockage des produits doivent être construites pour garantir la disponibilité en cas de pénurie ou de mauvais temps », dit-il.

Il souligne la nécessité de créer un système d’assurance pour protéger les planteurs contre les intempéries. Ce projet, annoncé en 2019 par le ministre de l’Agro-industrie, Mahen Seeruttun, sous le nom de ‘Crop Loss Compensation Scheme’, reste à ce jour inexécuté malgré un budget alloué de Rs30 millions. Kreepalloo Sunghoon insiste également sur l’importance d’un plan de pension spécifique pour les planteurs, en plus de la pension de vieillesse gouvernementale, pour encourager les jeunes à se tourner vers l’agriculture.

Importance des nouvelles technologies

Le secrétaire de la SPA affirme que les nouvelles technologies peuvent transformer l’agriculture en réduisant la demande de main-d’œuvre et en augmentant les rendements et l’efficacité de l’eau. Cependant, il souligne que, malgré de nombreuses propositions, leur mise en œuvre reste insuffisante.

« Depuis 2019, plusieurs mesures annoncées par le gouvernement pour stimuler l’économie agricole n’ont pas été réalisées. Des subventions pour la culture hydroponique et des fonds pour la replantation n’ont pas été concrétisés. L’investissement de Rs200 millions pour la création de deux clusters de sécurité alimentaire par la Bank DBM reste également sur papier. En conclusion, il est crucial de repenser notre approche du secteur agricole pour assurer sa survie et sa prospérité future », conclut Kreepalloo Sunghoon.