Sécurité alimentaire : Terre agricole à l’abandon, quel avenir ?

S’il y a un point faible du budget qui retient l’attention c’est bien l’absence de mesures visant à relancer le secteur cannière à Maurice.  Au moment même où le prix du sucre mauricien sur le marché mondial connaît l’une des périodes les plus sombres de son histoire, le Premier ministre, Pravind Jugnauth qui a jadis occupé le portefeuille du ministère de l’Agriculture semble avoir fait une croix sur l’industrie sucrière qui laisse un goût amer dans la bouche de plus d’un.  Pourtant lors de la présentation du budget 2017-2018, il y avait une volonté qui s’est par la suite volatilisée.

Marwan Dawood

Saviez-vous qu’annuellement il y a approximativement 3, 900 hectares de terre sous culture cannière en jachère ? Et oui, selon les statistiques de la Mauritius Cane Industry Authority (MCIA), il y a au moins autant de terre agricole qui reste non cultivée excluant les 7 000 hectares laissés à l’abandon.  Cependant, le 8 juin 2017, Pravind Jugnauth, annonça dans sa présentation du budget 2017-2018, que la somme de Rs 50 millions sera investie dans l’abandon des terres de canne à sucre sur au moins 500 hectares.  Un an après, le Premier ministre a insisté sur le nombre de terre agricole qui se trouve dans un état d’abandon.  Et annonce la création d’une land data bank pour superviser la production de ces terres.

Pour revenir ainsi à la culture cannière, en règle générale, environ 7800 hectares sont replantés sous un nouveau cycle de culture chaque année. Ce chiffre a été calculé sur la base que les terres sous canne à sucre approchent une superficie totale de 55 000 hectares. Cette estimation de 3 900 hectares a été atteinte étant donné qu’environ 50% de la replantation est réalisée durant la grande saison. Cependant, pendant la période de jachère, les terres ne sont pas laissées au repos du fait que la plupart des 3 900 hectares sont utilisés pour la culture des légumes.

La loi amendée

Depuis 2015, de nouvelles conditions s’appliquent à la conversion des terres agricoles d’une proportion n’excédant pas un hectare.  De ce fait, le Sugar Efficiency Act a été amendé pour abolir le permis de conversion des terres, sous réserve d’une possession préalable de la terre au 30 septembre 2005.

Mauvais contrôle

Une Land Data Bank est-elle nécessaire ?  Certains diront « oui » pendant que d’autres se montrent plus critiques.  Revoyons ce que disait le rapport de l’Audit 2016-2017.  En un an le nombre de terrains agricoles utilisés illégalement à des fins résidentielles ou commerciales a presque doublé passant de 16 à 31.  Ce qui représente une totalité de 200 069 mde terre agricole.  Le ministère de l’Agro-industrie est alors montré du doigt pour ce laisser-aller d’autant plus que dans le rapport de l’Audit 2015-2016, l’attention de ce ministère avait été attirée sur le fait que plusieurs hectares de terrain agricole étaient convertis en terrain résidentiel. C’est pour cela que l’Audit dans son rapport sur l’année financière 2016-2017 recommande au ministère de mettre sur pied un Fast Track Committee pour faire avancer les procédures dans le but de récupérer les terres agricoles sous construction illégale et recommande que des actions sévères soient prises pour empêcher que davantage de telles constructions illégales soient recensées.