Serre ceinture

Les indicateurs annonçant l’imminence d’une crise sociale sont au rouge. Le malaise a été palpable cette semaine suivant la demande formulée par l’Association des boulangers pour que le prix du pain maison passe à Rs 5. Cela a suffi pour jeter la consternation dans le pays. La population s’agite. Les plus démunis s’affolent. La tension est montée d’un cran. On n’en parle plus que de ça. Dans les boutiques du coin. Dans la rue. Au boulot. Bref, partout. Avec la hausse vertigineuse du coût de la vie ces derniers temps, de nombreuses familles n’arrivent déjà plus à manger à leur faim. Et bientôt, même le pain maison pourrait devenir un luxe que ceux au bas de l’échelle ne pourront plus s’offrir. Comment joindre les deux bouts quand le porte-monnaie est déjà vide et qu’il ne reste plus rien du tout pour « couper trancher » ? Pour combien de temps encore le petit peuple doit-il continuer à « serre ceinture » ?

Le gouvernement est grandement responsable de cet appauvrissement et cette souffrance des Mauriciens. De l’Hôtel du gouvernement, le pouvoir dicte la politique monétaire. Celle qui consiste surtout à accélérer la dépréciation délibérée de la roupie. Dans l’unique but de servir ses propres desseins. Les caisses de la Banque de Maurice ayant servi de guichet automatique au gouvernement pour que ce dernier puisse maintenir un semblant d’équilibre budgétaire, la population doit maintenant vider ses poches pour renflouer le « Special Reserve Fund » de la Banque centrale. Et c’est la population qui paie, comme toujours, le prix fort de cette soumission totale de la BoM au diktat du pouvoir du jour. Révolu le temps où Manou Bheenick, en tant que Gouverneur de la BoM, refusait de céder aux pressions. Quitte à donner des sueurs froides à Rama Sithanen, ministre des Finances d’alors. Autres temps, autres mœurs. Aujourd’hui, c’est la notion de servilité qui prime.

La spirale inflationniste et la perte du pouvoir d’achat continueront à hanter les Mauriciens. D’autant qu’ils sont aussi contraints à casquer les frais des fonds dilapidés par le gouvernement, et principalement le ministère de la Santé, pour enrichir les ti-chefs de Lakwizinn. N’a-t-on pas eu la preuve en cette fin de semaine que « CPN Distributors Ltd » a bel et bien acheté les comprimés de Molnupiravir à Rs 17.26/ l’unité pour ensuite les revendre à Rs 79.92/ l’unité au ministère de la Santé, sachant que, selon le ‘Chief Pharmacist’ Brijendrasing Naeck, l’ordre venait d’en haut ? Et c’est à travers les sous obtenus à travers la sueur de son front que la population doit faire les frais de cette politique de copinage scandaleuse. Notamment à travers les Rs 2 prélevées sur le prix de chaque litre de carburants achetés. D’autant que c’est un secret de polichinelle que le gouvernement récolte bien plus de fonds à travers l’imposition de cette taxe sur les carburants que les frais réels des vaccins anti-Covid-19.

S’il voulait soulager le peuple, le gouvernement aurait pu financer le programme de vaccination à travers les fonds spéciaux s’élevant à Rs 35, 4 milliards dont il dispose, comme l’avait souligné Rama Sithanen après la présentation du dernier budget. Mais non, le régime anti-lepep de Pravind Jugnauth préfère écorcher vif la population. Et cette politique répressive, car c’en est bien une, perdurera aussi longtemps que Pravind Jugnauth et sa Lakwizinn seront au pouvoir. Les privilégiés s’enrichiront pendant que le peuple continue d’agoniser. Les séquelles, on le craint, seront lourdes et ne seront pas sans conséquences. Pour le peuple. Pour le pays. Pour le gouvernement.