[Tragédies impliquant des kanwars] Ajay Jhurry : « En voulant protéger leur vote bank, le GM et les socioculturelles ont failli à leur devoir »

Une réflexion et des mesures concrètes s’imposent en ce qu’il s’agit de l’aspect sécuritaire lors de l’organisation des pèlerinages ou autres rallyes à caractère religieux, tels qu’en marge du Maha Shivratree ou encore du nouvel an tamoul. C’est ce qu’estime Ajay Jhurry, directeur d’entreprise et président de l’‘Association of Tourists Operators’ (ATO). Faisant un post-mortem du dernier drame ayant causé la mort de six jeunes et 17 blessés à Arsenal le 3 mars, il insiste sur la nécessité de revoir certains éléments pour éviter d’autres tragédies de ce genre. D’autant que les autorités n’ont tiré aucune leçon suite à la mort de deux jeunes à Mare Longue en février 2023 dans des circonstances similaires.

Selon Ajay Jhurry, le problème survient dès le départ, avec la composition du comité chargé de surveiller l’organisation du pèlerinage. « Les autorités se limitent à la participation des associations socio-culturelles. Ce qui est mauvais, puisque cette fête a une envergure nationale. Il fallait donc engager des consultations avec des représentants de la société civile également », dit-il. Cette absence de consultations élargies constitue, selon lui, une grande erreur. Deuxième erreur : l’absence d’actions et de sanctions de la police. « Après le drame survenu à Mare Longue l’année dernière, le Commissaire de police avait dit qu’il prendrait des actions contre des kanwars qui posent problème sur les routes. Or, cette année-ci, nous avons vu circuler des vidéos où la police escortaient des jeunes pèlerins qui portaient de grands kanwars au lieu de sévir contre eux », se désole-t-il.

Poussant le bouchon plus loin, Ajay Jhurry est d’avis que les autorités, dont le gouvernement et les associations socio-culturelles, n’ont pris en considération que leurs intérêts personnels. Quels intérêts précisément ? « Du vote bank de la communauté hindoue », dit-il sans détour. « Normalement bane députés alle kot kanwar ki pli gros laem puisque ena pli bocou dimoune. One man, one vote. Donc pli bocou dimoune, pli bocou votes », explique notre interlocuteur. Dans la foulée, il estime important qu’il y ait une révision sur le financement des sociétés socio-culturelles. « Pour moi, ces dernières ont failli dans leur rôle. Elles n’ont pas pris les règlements au sérieux et n’ont pas fait ce qu’il fallait pour protéger les pèlerins », poursuit Ajay Jhurry. Devant cet état de choses, il se demande si d’autres drames ne risquent pas de se reproduire.